TRAININGS PERMANENTS

LAUSANNE

Les séances du Training Permanent sont ouvertes à tou·x·tes les adhérent·x·es sans inscription et sans engagement sur la durée

 

Dès le 8 décembre

Nicolas Zlatoff
Analyse-action 

 

Le travail s’appuie sur la pratique de l’analyse-action, telle que l’a développée Constantin Stanislavski au théâtre d’Art de Moscou et plus tard Maria Knebel et Anatoli Vassiliev, et sur laquelle j’ai greffé d’autres outils plus spécifiques que j’ai développé au fil d’une recherche au long cours. 

Disposant d’un texte qu’iels n’ont pas encore appris (et parfois viennent juste de découvrir), les interprètes tentent de le jouer avec leurs propres mots, en alternant des moments d’analyse (à la table ou en jeu) et des moments d’études au plateau. Au fil du travail, iels élaborent des compositions sensibles propres à chaque scène qui leur permettent tout à la fois de s’orienter pour improviser, d’être dans le plaisir de l’immédiat du jeu et de la découverte de ce qui se passe au moment présent, de tester des hypothèses tout en jouant, de découvrir de nouveaux sens inattendus, pour finalement développer une aptitude à penser au plateau et à « vêtir ses pensées des mots que l’auteur·ice lui a donnés » dans le texte original. 

Les sessions sont essentiellement tournées vers la pratique et le jeu : on vient, on (re)lit le texte en cours de travail et tout de suite : on joue. Si c’est la première fois que l’on vient, on découvre directement les outils par le jeu de celles et ceux qui font et si c’est la dixième fois, on est dans la joie d’embarquer et d’accompagner une nouvelle personne au plateau. 

Après avoir abordé Tchekhov et Shakespeare durant les précédentes sessions d’analyse-action à La FC, je propose pour ces huit nouvelles séances d’étudier quelques scènes du Soulier de Satin de Paul Claudel. Il n’est pas du tout nécessaire de connaître la pièce pour participer, mais c’est un plus de l’avoir lu, tout ou partie. 

 

Issu initialement d’une formation scientifique, Nicolas Zlatoff met en scène différents projets de théâtre en France à partir 2006 et propose entre 2011 et 2014 une série d’installations en cabines téléphoniques, qui mettent en relation des spectateur·rices avec des serveurs de messageries vocales (Résonance de la biennale d’Art contemporain de Lyon, FR). 

En 2013, il intègre le Master mise en scène de La Manufacture, où il développe pendant deux ans une recherche à la fois théorique et pratique sur la représentation des gestes de la pensée, qu’il poursuit ensuite avec le soutien du FNS, de l’IRMAS et de la HES-SO. 

Son travail, présenté en Suisse, en France et en Amérique Latine, articule des formats scéniques variés (installations numériques, théâtre-cinéma, conférences, performances) qui interrogent la place du public dans la représentation. Il enseigne régulièrement dans la cadre du Bachelor orientation théâtre de La Manufacture. 

 

Jusqu'au 1er décembre

Bartek Sozanski
Jeu caméra – outils pour acteur·ices, de la préparation au tournage  

 

Ce training s’adresse aux acteur·ices souhaitant approfondir leur préparation et leur jeu face à la caméra à partir d’une approche fondée sur l’analyse de scénario. Nous partirons de scènes de films pour explorer ce que le texte peut révéler à un·e interprète : les objectifs, les obstacles, les enjeux, les pivots, les verbes d’action, le sous-texte, les circonstances, les biographies des personnages, etc. Ces informations permettent à l’acteur·ice de construire une proposition cohérente et précise, en s’appuyant sur des éléments concrets tout en laissant place à l’intuition. 

Nous prendrons un temps pour distinguer les spécificités du jeu caméra par rapport au jeu scénique, en abordant notamment les questions d’intensité, d’adresse, de rapport à l’espace et au partenaire. 

Nous aborderons également les particularités techniques du tournage : comment adapter son jeu à la valeur de plan, comment maintenir une continuité émotionnelle lorsque les scènes sont tournées par fragments et hors ordre chronologique. Comment se préparer à une prise, y compris lorsqu’il y a peu ou pas de répétitions. 

Nous évoquerons aussi brièvement le rôle du·de la réalisateur·ice sur le plateau : quel est son processus, ce qu’iel attend d’un acteur·ice, et ce qu’iel cherche d’une prise à l’autre — en termes de rythme, de justesse ou de variation. 

Nous travaillerons également sur l’écoute active – une compétence essentielle du jeu caméra – pour favoriser la disponibilité et l’attention au partenaire et à ce qui se joue dans l’instant. Enfin, nous chercherons à construire une boîte à outils simple et directement mobilisable, pensée pour aider les comédien·nes à rester autonomes et engagés, même face à une direction d’acteur·ice orientée vers le résultat plutôt que vers le processus. 

L’objectif est de s’approprier des méthodes concrètes pour renforcer la précision et l’écoute dans le travail à la caméra, pour pouvoir lâcher prise et être pleinement dans le moment présent au moment du tournage.  

 

BARTEK SOZANSKI a suivi sa formation artistique en Pologne, en France et au Royaume-Uni. Récemment diplômé d’un Master en réalisation à Arts University Bournemouth au Royaume-Uni, il exerce depuis plus de 25 ans le métier de comédien, de réalisateur, de metteur en scène et de pédagogue en Suisse, France, Canada, Ukraine, Japon et Royaume-Uni. Cofondateur de la compagnie Korpus Animus avec Yann Joly, il a mis en scène neuf spectacles. En tant que réalisateur, il a écrit et réalisé huit courts-métrages de fiction sélectionnés et primés dans plus de quarante festivals internationaux. En tant que vidéaste, il collabore aussi régulièrement avec des compagnies de théâtre, des institutions muséales et des collections privées.  

Membre de Directors UK, de la Royal Television Society et de la SSA, il enseigne régulièrement le jeu caméra et la direction d’acteur·ices.  

GENÈVE

Les séances du Training Permanent sont ouvertes à tou·x·tes les adhérent·x·es sans inscription et sans engagement sur la durée

 

Dès le 8 décembre

Julie-Kazuko Rahir
Entraîner le mouvement de l'attention pour acteur·ice, danseur·euse, performeur·euse

 

Le mouvement de l’attention de l’acteur·ice est un outil que je suis en train de développer depuis quelques années. Il concerne le regard que l’acteur·ice pose sur ce qui se passe sur scène dans l’ici et maintenant. Et comment, grâce à certaines conditions qu’iel peut mettre elle-même/lui-même en place, ce regard génère une quantité de ressources perceptives, narratives, dramaturgiques, créatives.  

Nous développerons des stratégies et des outils qui permettent à l’acteur·ice de s’autonomiser dans son travail : qu’iel puisse être moins dépendant·e du regard extérieur ou, en tous cas, connaissant mieux ses besoins, qu’iel puisse être plus à même de collaborer et communiquer avec les différents partenaires de jeu et de mise en scène.  

Nous travaillerons les différentes qualités d’attention que l’acteur·ice peut adopter sur ce qu’iel fait. Nous jouerons avec l’attention de l’acteur·ice à la manière d’une caméra, en nous intéressant aussi bien à de tous petits détails via les gros plans qu’à des territoires beaucoup plus vastes grâce aux plans panoramiques.  

Sur scène, nous avons toutes et tous des habitudes qui impliquent que nous préférons porter notre attention sur une chose plutôt qu’une autre. Ces habitudes attentionnelles sont souvent inconscientes et involontaires. Il s’agira d’en prendre conscience, mais aussi de découvrir sur quoi porter son attention pour permettre plus du jeu au plateau et, à l’inverse, comment éviter de porter son attention sur ce qui restreint et fige le jeu. Nous réfléchirons également pourquoi certaines contraintes de jeu nous enthousiasment alors que d’autres nous pétrifient, et comment peut-on traduire une contrainte de jeu qui nous a été imposée afin qu’elle puisse être ludique. 

Contrairement à une attention qui se fixerait sur une chose unique, nous développerons une attention légère qui a la capacité de bouger d’une chose à l’autre, d’une contrainte à l’autre, d’un élément d’intérêt à l’autre, afin de jouer avec les différents points de vue qui sont en notre possession d’acteur·ice. 

Tout cela non pas dans le but d’être des acteur·ices plus en contrôle, mais pour provoquer plus de jeu, plus de ludisme, plus de légèreté. 

Le mouvement de l’attention de l’acteur·ice nous permettra d’aborder différents outils scéniques, tels que :  

  1. Comment le geste mental peut être vécu dans la continuité d’un mouvement physique et non de manière dichotomique 
  1. Comment l’attention permet de jouer avec le temps 
  1. Comment par le regard, on peut travailler différents espaces scéniques 
  1. Comment le point de vue adopté permet une nouvelle perception des actions, du personnage, de la scène et donc une nouvelle narration. 
  1. Comment, grâce à l’attention, on peut jouer avec plus de variations d’amplitude, de vitesse, d’orientation de tout mouvement, qu’il soit physique ou mental. 

Lors de chaque séance, nous expérimenterons d’abord certaines leçons données par Moshe Feldenkrais aux acteur·ices de Peter Brook. Cela nous permettra d’introduire les outils à travailler par une approche expérimentale et non théorique. Nous continuerons ensuite par des exercices scéniques encadrés par des protocoles concrets et dynamiques. 

Quelques mots sur la méthode Feldenkrais : La « Prise de conscience par le mouvement » de Moshe Feldenkrais offre un matériel de connaissance sur le mouvement au sens large : les mouvements du corps bien sûr, mais aussi les mouvements de la pensée et de l’attention, des émotions, des actions, des interactions, etc. Même si la méthode Feldenkrais est destinée à tout un chacun, c’est un système de pensée et d’action qui fait échos à de nombreuses théories de l’art de l’acteur·ice et permet de les comprendre depuis l’intérieur, de manière empirique, à l’instar de Stanislavski quand il disait que la connaissance de l’acteur·ice ne doit pas être de l’ordre de la théorie, mais plutôt de l’ordre du ressenti, grâce à une connaissance surgissant de l’expérience immédiate et subjective, l’expérience sensible de l’acteur·ice. La méthode Feldenkrais a été utilisée par des metteurs en scène tels que Peter Brook, Lee Strasberg, Yoshi Oida. Elle fait partie des formations de l’acteur·ice en Amérique du nord et au Royaume-Uni. 

 

JULIE-KAZUKO RAHIR est comédienne, diplômée de La Manufacture (2007), metteure en scène, pédagogue, chercheuse et praticienne de méthode Feldenkrais (IFELD, Lyon, 2017). Elle intervient régulièrement à la Manufacture dans le cadre du Bachelor danse, Bachelor Théâtre et Master Théâtre.  

Dans le cadre de la Mission Recherche à la Manufacture, elle a participé avec Danielle Chaperon et Christian Geffroy Schlittler à Matériau Pathos (2009-2013) et avec le chorégraphe Rémi Héritier à Une Danse ancienne (2020-2023). Récemment, elle a dirigé deux projets de recherche, Théâtre et Feldenkrais (2020) et, en collaboration avec Christian Geffroy Schlittler, Rendre Sensible (2021-2023). Ces deux projets ont permis d’élaborer des outils scéniques inspirés de certains principes de la méthode Feldenkrais. Avec Christian Geffroy Schlittler, iels co-dirigent l’agence Louis-François Pinagot (aLFP), et ont mis en scène La Caméra qui parle (2021, Maison Saint-Gervais, Genève). Elle a joué récemment dans son dernier spectacle, Les Shadocks, une comédie méchamment nostalgique sur quelques êtres volatiles (juin 2024, Maison Saint-Gervais). 

Aujourd’hui, elle concentre ses recherches sur l’attention de l’acteur·ice en élaborant une technique du guidage de l’attention au sein d’une thèse de doctorat entre pratique et théorie, qu’elle mène conjointement à La Manufacture et à l’Université de Paris 8.  

 

Jusqu'au 1er décembre

Jérôme Sire
Enclencher le cercle vertueux de la confiance

 

La séance du 6 octobre a lieu en partenariat avec la Fête du Théâtre, dans le cadre de leurs journées professionnelles

Ce training d’improvisation se focalisera sur le plaisir du jeu en développant une confiance totale en son partenaire. L’objectif est d’explorer un cercle vertueux où la détente, l’écoute et la réactivité permettent de jouer avec justesse et spontanéité. 

À travers des exercices d’improvisation théâtrale, nous expérimenterons la collaboration pour construire des histoires qui nous dépassent, en laissant émerger des situations inattendues. Nous nous amuserons à endosser les trois casquettes de l’improvisateur·ice : comédien·ne, metteur·e en scène et auteur·ice, afin d’aiguiser notre regard, notre sens du jeu et notre spontanéité. Chaque séance s’articulera autour d’exercices progressifs d’improvisation visant à ancrer notre présence et à renforcer la confiance en soi et en notre partenaire. Un travail spécifique sera mené sur l’écoute active, la prise de risque et l’acceptation des propositions pour approfondir la connexion entre partenaires. Ce training est une invitation à jouer avec confiance, à se surprendre et à savourer pleinement la liberté de la scène. 

 

JÉRÔME SIRE est comédien, metteur en scène et dramaturge basé à Genève. Diplômé de l’École de théâtre Serge Martin, il travaille depuis plus de dix ans dans le théâtre contemporain, le jeune public et l’improvisation. Il collabore régulièrement avec des metteurs en scène comme Steven Matthews (Les auto-tamponneuses, La princesse est le chevalier, Biais aller-retour), Tony Romaniello (La bande FM, L’avenir c’est demain), Miguel Fernandez (Cri, Les fleurs de soleil) et Evelyne Castellino (Le Revizor). En 2020, il signe la mise en scène de Ça va gentiment même si mes matins sont flous. Très actif dans le champ de l’improvisation théâtrale, il joue et anime des ateliers en Suisse et à l’international.