ARCHIVES
2021
*atelier #1
Interpréter un texte au double-sens du jeu et de l'analyse
(Représenter l'activité silencieuse et invisible de la pensée)
Nicolas Zlatoff
S’il fallait décrire mon travail, on pourrait dire que je cherche à représenter scéniquement l’activité, habituellement silencieuse et invisible, de la pensée d’un·e acteur·ice au travail. Par « pensée », j’entends aussi bien l’action de forger des concepts que celles qui relèvent de l'association d'idées, de la divagation et du délire, voire de l’ivresse et de la folie.
Je prolonge une technique issue de l’Analyse-Action, forgée par Constantin Stanislavski, à la fin de sa vie, puis par Maria Knebel, dans laquelle les acteur·ices tentent de jouer un texte de théâtre avec leurs propres mots, tout en ne connaissant pas encore « par cœur » ce texte. En élaborant au fil des exercices de jeu une « composition », un plan ou canevas peuplés d’images sensibles et personnelles, ils apprennent à suivre cette composition « comme une partition invisible », pour rapprocher peu à peu les mots de l’auteur et du personnage. Parce que l’acteur joue, avec ses propres mots, un personnage d’un texte qu’il ne connaît pas encore, il développe une aptitude à « penser et vêtir ses pensées des mots que l’auteur lui a donnés ».
Puisque cette pensée se déploie directement dans le jeu de l’acteur, elle est très différente d’une pensée qui aurait été produite dans un travail à la table : elle est vive, foisonnante et instable ; elle ouvre des sens multiples ; elle se permet d’être irrévérencieuse et décalée parce qu’elle joue avec les concepts, fait glisser leur sens, et provoque des résultats inattendus : les acteurs sont souvent surpris eux-mêmes de ce qui est produit.
La position des acteurs se redouble : ils sont interprètes au sens du jeu (ils jouent, à des degrés d’engagement divers) mais ils sont également, dans le même temps, en position d’interprète au sens de la dramaturgie, ou plus généralement des études littéraires : ils analysent le texte en cours de travail, font des hypothèses de sens, et convoquent la mise en jeu pour valider ou invalider leurs hypothèses.
Le théâtre et la mise en jeu opèrent donc à la fois comme un catalyseur de la pensée de l’acteur, mais également comme un révélateur de cette pensée auprès des spectateurs.
NICOLAS ZLATOFF * Diplômé de la Manufacture – HETSR de Lausane en 2013, il y développe pendant deux ans une recherche à la fois théorique et pratique sur la représentation de l’acte de penser. Il travaille notamment avec Claire de Ribeaupierre, Robert Cantarella, Jean-Yves Ruf, Julie Sermond, François Gremaud, René Zahnd, Nicolas Doutey, Sylvie Kleiber et Roberto Serafide. Il a dirigé plusieurs projets de recherche dans la continuité de ce travail, soutenus par la HES-SO. À sa sortie de l’Ecole, il crée Gaspard Productions à Sierre, travaille avec le TLH-Sierre, le Musée d’Art Brut (Lausanne), l’Orchestre de Chambre de Lausanne, Valeria Bertolotto et Aline Papin (projetAutofedre) et enseigne à la HES du Valais ainsi qu’à la Manufacture. Il dirige actuellement un nouveau projet de recherche, soutenu par le FNS, qui vise à faire interagir, sur scène, des acteurs et des agents conversationnels, issus des techniques informatiques du Deep Learning. Son travail est présenté au TLH-Sierre, à l’Arsenic (Lausanne), au Théâtre Saint-Gervais (Genève) ainsi qu’en France, principalement à Paris (Maison des Métallos, Théâtre de l’Aquarium, La Loge), Lyon (Nouveau Théâtre du 8è, Journées des Auteurs) et en Amérique Latine (Mexique, Colombie).
*atelier #2
Le Misanthrope et la vie sauvage
Guillaume Béguin
L’hypothèse autour de laquelle j’aimerais travailler est que la vie courtisane tant décriée par Alceste dans Le Misanthrope de Molière est en réalité entièrement sauvage : aussi sauvage que l’idéale nature qu’il porte aux nues, et qu’il espère tant atteindre afin d’échapper à l’insincère artifice tant haï. Nous chercherons différents moyens de théâtraliser cette vie à la fois courtisane et sauvage, et nous verrons comment Alceste se débat pour s’extraire d’une condition qui pourtant le définit, et à laquelle il ne peut sans doute renoncer sans nier sa propre humanité. Nous enquêterons sur sa relation à l’amour, qu’il considère peut-être comme une échappatoire, un outil d’émancipation, ou un miroir contre lequel il se heurte sans fin.
Cet atelier s’inscrit dans une recherche que je mène depuis plusieurs mois autour de la pièce de Molière et de la misanthropie en général. À cette occasion, nous convoquerons également la figure de Robert Walser, à travers son roman Les enfants Tanner. Sans être tout à fait misanthrope, Simon Tanner, l’alter ego de Robert Walser dans le roman, choisit de se placer en marge de la société, sans ressource, sans amour, mais non sans renoncer à son environnement ou tisser des liens avec le genre humain. Nous confronterons Walser à Molière, et nous enquêterons sur notre propre quête « d’appartenance » à la nature, au monde sauvage, à la société, à l’amour.
GUILLAUME BÉGUIN * Né en 1975, il est metteur en scène, auteur, comédien et pédagogue. Ses pièces, peuplées de singes, de robots et d’humains en décomposition-recomposition, interrogent le rôle de l’imaginaire dans la fabrique de l’individu humain — ou de l’espèce humaine en général. Après avoir régulièrement écrit au plateau (Le Baiser et la morsure, 2013, Le Théâtre sauvage, 2015), il écrit dorénavant seul, pour ses interprètes. Titre à jamais provisoire (créé en 2018 au Théâtre Vidy-Lausanne), sa dernière pièce, évoque la dilution de la personnalité humaine dans celle du robot.
Depuis 2007, il met également en scène, ou adapte pour la scène, des textes de Jon Fosse, Magnus Dahlström, Édouard Levé, Martin Crimp, William Shakespeare… Il enseigne aussi le jeu et la mise en scène dans plusieurs hautes écoles de théâtre (Les Teintureries, La Manufacture, École de la Comédie de St-Étienne), et collabore avec plusieurs compagnies comme conseiller ou dramaturge.
*atelier #3
Nos ressources et notre matière
La biographie vraie ou fausse
Marielle Pinsard
J’expérimente cette méthode depuis dix ans avec des élèves de grandes écoles françaises et suisses, ainsi qu’à Montréal. Bien sûr, il y a mille façons d’aborder l’écriture de plateau. J’ai moi-même développé plusieurs méthodes : celle que j’utilise pour transposer un texte classique, celle qui tourne autour d’un thème donné par avance, et celle que je propose d’aborder au cours de cet atelier : la biographie & le sosie. Elle permet rapidement de donner un certain niveau aux impros et de mettre les acteur.trices sur une orbite assez puissante.
Au début, je pose seize questions, apparemment anodines, mais personnelles. Puis je demande à l’acteur·ice de m’indiquer un sosie connu. Ce travail autour de la biographie et du sosie est différent avec chaque groupe que je rencontre. Il part de l’expérience et de l’imaginaire personnels, dans un but est d’autonomie, mais c’est aussi un travail de groupe. Je cherche avec les acteur·ices une synergie commune, et le challenge est qu’il n’y ait à la fin plus qu’une seule écriture originale. Il ne s’agit pas de coudre les improvisations les unes derrière les autres, mais de trouver un flux commun.
MARIELLE PINSARD * Née en 1968, Marielle Pinsard fait ses classes de comédienne à l’École d’Art Dramatique de Lausanne de 1989 à 1992. En 1992-93, elle complète sa formation auprès du dramaturge et écrivain Peter Brasch. En 2000, elle crée la Compagnie Marielle Pinsard et, sous ce label, écrit des textes qu’elle met elle-même en scène : Comme des couteaux, Nous ne tiendrons pas nos promesses, Pyrrhus Hilton, On va tout Dallasser Pamela, Rock Trading … Elle a créé 27 spectacles à ce jour.
En 2004, elle reçoit le prix du théâtre de la Fondation Vaudoise pour la Culture. En 2009, la fondation Leenaards lui octroie une bourse pour un projet de recherche et d’écriture qu’elle mène en Afrique durant deux ans, et qui débouche sur le spectacle En quoi faisons-nous compagnie avec le Menhir dans les landes ? présenté au Théâtre Kléber-Méleau, au Zürcher Theater Spektakel, au Festival de la Bâtie, ainsi que plus récemment au Théâtre de Vidy et au Tarmac, à Paris.
Depuis 2015 elle collabore avec plusieurs groupes de théâtre de Bruxelles comme la « Clinic Orgasm Society » ou certains membres du « Nimis Groupe » de Liège comme Anne Sophie Sterck. En 2017, elle gagne le Prix suisse du théâtre récompensant « une artiste multidisciplinaire au talent singulier ».
En 2019, Marielle Pinsard est invitée à Montréal par le CEAD (auteur·ices du Québec) afin de partager des outils pour produire de la matière écrite et de relancer les comédien·nes selon sa méthode : « l’écriture de plateau via la biographie vraie ou fausse des participant·es ».
*atelier #4
Corps en-jeux
Manon Krüttli
La recherche que je propose de mener dans cet atelier questionne le corps commun de l’acteur·ice sur scène. Comment créer et augmenter une écoute collective ? Dans quels dispositifs mettre en jeu les corps afin de les rendre poreux… aux autres, à l’environnement, à l’invisible ? Comment un groupe d’acteur·ices est-il prêt à se remettre à quelque chose qu’il ne peut éprouver qu’ensemble ? Enfin, comment ce lâcher-prise collectif peut-il être jubilatoire et permettre à chacun d’augmenter sa liberté d’acteur·ice ?
Cette proposition résulte de mon envie de partager et d’affiner les modus operandi que j’ai expérimentés lors de mes deux dernières créations : Le Large existe (mobile 1) au TPR en 2018 et Trop courte des jambes au POCHE/GVE en 2019. Une notion a guidé mon travail lors des répétitions de ces deux spectacles : l’abolition du volontaire. En effet, j’ai tenté d’inventer des façons de faire qui exerce l’acteur·ice au lâcher-prise collectif et au plaisir que l’on peut ensuite éprouver à ne pas savoir ce qu’il va se passer sur le plateau (sans pour autant que cela soit de l'improvisation).
Les *joueur·ses seront donc invité·es à explorer différents types de protocoles de jeu inspirés du few point, de la PNL et de la danse contemporaine, et qui permettent de développer l’écoute, la perméabilité et la réactivité et ainsi à augmenter la liberté d’action sur le plateau.
Si nous nous concentrerons tout d’abord sur un travail presque exclusivement physique, nous nous confronterons au texte dans un deuxième temps afin d’éprouver comment ces protocoles nous donnent des outils concrets d’interprétation.
MANON KRÜTTLI * Après des études au Conservatoire de Genève et aux Universités de Berne et de Berlin ponctuées d’assistanats à la Schaubühne et au Théâtre Vidy-Lausanne, Manon Krüttli complète sa formation avec un master en mise en scène à La Manufacture. En 2009, elle crée la cie les minuscules (Genève) avec Charlotte Dumartheray et Léonie Keller, avec laquelle elle conçoit plusieurs spectacles. En 2016, elle fonde sa propre compagnie – KrüKrew - et présente ChériChérie au Théâtre 2.21 à Lausanne. Elle travaille régulièrement au POCHE/GVE et met en scène deux comédies québécoises Unité Modèle et Les Morb(y)des (2016), La Côte d'Azur de Guillaume Poix (2018) et Trop courte des jambes de Katja Brunner (2019). Par ailleurs, elle collabore avec différents artistes en qualité de dramaturge (Luk Perceval, Andrès Garcia, etc) et a travaillé à la performance polyphonique Finalement tout s'est bien passé. Essaie sur la colère. co-signée par Michèle Pralong, Sylvie Kleiber, Rudy Decelière et Victor Roy dans le cadre de La Bâtie. Durant la saison 2018/2019, elle a présenté Le Large existe (mobile 1), création qu'elle signe avec Jonas Bühler dans le cadre des Belles complications#2 au Théâtre Populaire Romand, au Théâtre Les Halles de Sierre ainsi qu’au Théâtre Saint-Gervais Genève.
2022
*atelier #5
Le son : technique et dramaturgie
Cédric Simon
Les participant·es seront amené·es à apprivoiser le vocabulaire lié au son et à acquérir les bases techniques de la création et de la diffusion sonores, mais également à aborder les enjeux dramaturgiques du son afin de mettre la technique au service de la création.
L*atelier, réservé à huit participant·es, s’adresse à tout créateur·rice des arts de la scène désireux d’ouvrir sa conscience sur les possibilités offertes par la technique ou simplement d’explorer la création sonore. Il sera possible de développer un projet personnel, qu’il soit encore à l’état d’ébauche ou de rêverie — ou même déjà bien avancé. Les participant·es qui souhaitent seulement acquérir de nouvelles compétences, sans travailler autour d’un projet personnel, sont également les bienvenu·es.
CEDRIC SIMON * est né en 1983 en région parisienne. Après avoir mené à bien une formation technique en audiovisuel (Brevet de Technicien Supérieur), il se lance dans des études de théâtre à Paris. En 2006, Cédric intègre la Haute Ecole de Théâtre de Suisse Romande - La Manufacture à Lausanne, il y poursuit sa formation de comédien. Aujourd’hui il alterne les fonctions de technicien son, compositeur musical & comédien principalement pour le théâtre. En tant que comédien, Cédric a notamment travaillé sous les directions de Gisèle Salin, Dorian Rossel, Massimo Furlan, Cédric Dorier, Ludovic Chazaud, Georges Grbic et Maëlle Poesy. Depuis 2014, Cédric œuvre régulièrement aux spectacles du Collectif du Loup. Comme technicien son et musicien, il signe en particulier les créations sonores des compagnies Jeanne Föhn, Chris Cadillac, Face Public, Le pavillon des singes et Sköln At Thtr. Son travail de création sonore se situe à la frontière entre musique et paysage sonore.
*atelier #6
Créer en collectif
Collectif La colle (Yan Duyvendak, Fig Docher, Océan Schaub, Romane Serez)
Depuis septembre 2020, sous le nom de La colle, Fig Docher, Yan Duyvendak, Océan Schaub et Romane Serez explorent les logiques et les articulations de ce qui fait collectif et cherchent à développer une boîte à outil destinée à la collaboration. La colle invitera douze participant·exs à participer à cette recherche, à découvrir et à partager des connaissances, que ce soit en détournant et en se réappropriant les outils de l’entreprise qui capitalisent sur la collaboration, mais aussi en se nourrissant des expériences collectives qui nous précédent, des recherches dans le champ de la psychologie systémique et de la sociologie, ou de nos expériences personnelles. Pour ce faire, il s’agira de tester des protocoles de collaboration et de découvrir et inventer des outils pour faciliter et animer les rencontres, se rassembler autour d'objectifs communs, résoudre des conflits ou même apprendre à se séparer. réfléchir, discuter et déconstruire les notions de collectivisme, d’individualisme, de capitalisme et d’anarchie et de la place du collectif dans la lutte politique ou dans la création artistique.
YAN DUYVENDAK * est un artiste-performeur qui développe des dispositifs scéniques, sortes de jeux de société à l’échelle 1:1, qui s’attachent à décortiquer la manière dont nous, citoyennexs, nous débattons avec les modèles sociétaux et l’engagement politique et social. Ses deux créations les plus récentes, invisible et VIRUS, s’intéressent à la constitution du collectif et à comment la collaboration et l’empathie peuvent amener à des formes possibles d'empowerment. Dans tous ces projets, la co-signature et la collaboration font intrinsèquement partie du travail.
FIG DOCHER * est photographe et cherchaire dans les épistémologies de l’image et du genre. Actuellement en master d’arts visuels à la HEAD, iel propose des ateliers collaboratifs de photo qui s’inscrivent dans les pédagogies critiques. Iel s’intéresse au potentiel politique et révolutionnaire des pratiques collectives dans l’art comme dans la vie quotidienne.
OCEAN SCHAUB * est une artiste joyeuse engagée dans la création d’alternatives aux systèmes d’oppressions (capitalisme, spécisme et patriarcat particulièrement). Ses recherches s’ancrent dans les territoires, mettent en lumière les relations de pouvoir qui s’y déroulent et y proposent des autrements. Elle s’intéresse particulièrement aux échelles de la maison, de l’intime, du collectif et du faire commun. Sa pratique met en dialogue céramique, peinture, bricolage et recherches en théorie politique normative, anthropologie visuelle et géographie critique.
ROMANE SEREZ * est un artiste non-binaire suisse. Le militantisme intersectionnel et les luttes contre les systèmes de discriminations font partie intégrante de sa pratique artistique qui s’articule principalement autour de l’écriture, de la performance et de l’édition. Iel a fondé les Éditions Tordues, une maison d’édition anarcho-queer qui cherche à valoriser la pratique d’un art local, communautaire et anticapitaliste.
*atelier #7
Théâtre et Feldenkrais
Julie-Kazuko Rahir et Christian Geffroy-Schlittler
Julie-Kazuko Rahir et Christian Geffroy-Schlittler proposent dans cet atelier de découvrir une étape de la recherche qu’ils mènent dans le cadre de la Mission Recherche de la Manufacture qui vise à explorer certains outils de la méthode Feldenkrais applicables au travail scénique.
La méthode Feldenkrais propose à l’acteur·ice un processus de recherche autonome : comment peut-on générer soi-même ses propres connaissances, comment peut-on continuer à apprendre à apprendre, comment peut-on alimenter son travail à partir de ses propres ressources. Ouvert à tous les praticiens de la scène (danseu.r.se.s, performeu.r.se.s et commédien.ne.s), cet atelier tentera d’aborder la pratique scénique par une approche somatique au travers de questions que notre recherche induit et que nous essayerons de résoudre concrètement sur scène : Comment éviter les pièges du dualisme corps/esprit et insuffler une dynamique où sentir, agir, imaginer, penser constitue le cœur de nos pratiques ?
Comment s’affranchir de « ce qu’il faudrait faire » pour se concentrer sur la création scénique d’une relation à soi, aux autres, au plateau, au public ?
Comment penser certaines contraintes comme des opportunités de libération ?
Outre la pratique quotidienne de leçons Feldenkrais, nous expérimenterons différentes manières de réinvestir ces outils somatiques sur scène et de découvrir le processus créatif sous un nouvel angle.
JULIE-KAZUKO RAHIR * est comédienne et praticienne diplômée de méthode Feldenkrais (IFELD, Lyon). Elle intervient régulièrement à l’école de Théâtre des Teintureries à Lausanne ainsi qu’à la Manufacture dans le cadre de stages et cours réguliers de méthode Feldenkrais pour le bachelor danse et le Master mise en scène et scénographie.
CHRISTIAN GEFFROY-SCHLITTLER * est comédien et metteur en scène et intervient régulièrement à la Manufacture.
Ils dirigent ensemble une compagnie théâtrale basée à Genève, L’agence Louis-François Pinagot (aLFP) qui allie étroitement créations théâtrales, travail de recherche (tout d’abord à propos du pathos de 2009 à 2013, puis maintenant théâtre et Feldenkrais), formations professionnelles et actions culturelles. Ensemble, ils ont mis en scène « La caméra qui parle », spectacle de sortie de l’école Serge Martin, au Théâtre Saint-Gervais à Genève, en juin 2021.
*atelier #8
La présence des anges
Gabriel Dufay
« L’ange ne va sur la scène, il passe par la scène ; l’ange est soudainement là, avec sa présence invisible, et passe de manière aussi invisible et soudaine par la scène du texte et des acteurs, pour disparaître encore une fois, invisible. Tout va finir dans un moment. Une présence invisible est apparue. Et a disparu. Pourtant elle a laissé sa trace sur ceux qui ont pu faire l’expérience de ce qui est arrivé de manière inexplicable. » Jon Fosse
Cela fait longtemps que je me passionne pour le théâtre scandinave et je propose, dans ce stage, d’explorer plusieurs courtes pièces de deux des dramaturges les plus importants de ce théâtre : Arne Lygre et Jon Fosse. Ces petites pièces inédites sont de pures merveilles, donnant à l’interprète et au metteur en scène un cadre rigoureux tout autant qu’une liberté inouïe. Le principe de la pièce courte au théâtre me fait penser à celui de la nouvelle en littérature. Pour moi qui explore les courants souterrains, les tropismes de la langue et la présence des fantômes sur la scène, ces écritures me ravissent. Comment faire vivre en peu de temps un personnage, une histoire, tout un monde caché ? C’est une des questions que je me pose et que j’ai à cœur de partager avec les comédiens et comédiennes au cours de cet atelier. L’enjeu est ici d’aller au nerf (des relations, de l’intrigue, de l’écriture) et de découvrir comment les anges passent par la scène, dans les interstices, entre mots et silence, vivants et morts, ténèbres et lumières. Fosse et Lygre vont ici au nerf de son œuvre et nous délivrent des poèmes singuliers, des épures, resserrant leur propos pour n’en garder que l’essentiel. Les fantômes, les anges, la mémoire et le temps sont au centre de ces œuvres qui parlent avant tout, pour moi, de la vulnérabilité des êtres, et nous invitent à une empathie fondamentale.
GABRIEL DUFAY * est un comédien, metteur en scène et auteur. Après une formation au CNSAD, en 2008, il crée la Compagnie Incandescence. En tant que comédien, il joue sous la direction de Jean-Paul Wenzel, Wajdi Mouawad, Emmanuel Bourdieu, Denis Podalydès, Othello Vilgard, Pauline Masson, Célie Pauthe, Alain Françon, Igor Mendjisky, David Géry, Baptiste Guiton… En tant que metteur en scène, il a créé des textes de Thomas Bernhard, Nathalie Sarraute, Roland Schimmelpfennig, Jon Fosse, Robert Desnos, Falk Richter, Kae Tempest, Stefano Massini… Il prépare actuellement un spectacle sur Brigitte Fontaine. Il est également l’auteur d’entretiens avec Denis Podalydès et Michel Bouquet, ainsi que de Hors jeu (Les Belles Lettres/Archimbaud, 2014).
*atelier #9
Théâtre in situ
Oscar Gómez Mata
Atelier coordonné par Jean-Daniel Piguet
Aujourd’hui plus que jamais, la création scénique contemporaine doit être l’endroit de l’art où nous devons nous demander: que faisons-nous ici et maintenant. L’art scénique comme exercice pour penser la vie. L’art comme lieu de reconnaissance et formation. Nous, artistes, nous devons inventer un art social, profond, ludique et utilitaire.
Les physiciens disent qu'il n'y a pas de réalité qui ne se situe en dehors de la relation entre l'observateur et l'objet observé. Si nous appliquons cette idée au théâtre, cela voudrait dire qu'il n'y aurait donc pas de pièce absolue, mais une construction multiple et intime de la pièce faite par le public. Impossible alors d'imposer sa vérité, impossible d'imposer une seule vision de la pièce, de notre création. Alors si c'est ainsi, si la pièce ne peut exister sans le public, rendons celle-ci au public !
Dans mon cas, tous les moyens sont bons pour mettre la pièce entre les mains du public : l'ambiguïté entre le faux et le vrai, la fragilisation volontaire de la structure, des transitions, de l'image de l'être humain, l'humour comme moyen d'accès sensoriel à la pensée, l'aspect improvisé et « fait sur place » du jeu et du dispositif scénique pour renforcer l'idée de présent, la citation d'événements actuels et locaux et leur introduction dans le contexte de la pièce, l'adresse directe et l'idée d'accident, l'utilisation du déplacement physique comme moyen de déplacement de la pensée. Tout ce dispositif doit servir à activer le regard du spectateur et le rendre critique. Il s'agira pour lui de décider de l'image qu'il veut voir. C'est une manière de lui rendre sa responsabilité dans la construction du réel, de le rendre créatif, mais c'est aussi l'obliger à prendre position. Activer le regard du spectateur avec l'objectif (politique) de lui rendre sa capacité et sa raison de citoyen : le théâtre comme exercice de la vie.
OSCAR GOMEZ MATA * Metteur en scène et comédien, mais aussi auteur et scénographe, Oscar Gómez Mata débute ses activités théâtrales en Espagne où, en 1987, il est cofondateur de la Compagnie Legaleón -T, avec laquelle il crée un bon nombre de spectacles jusqu’en 1996. Il crée à Genève en 1997 la Compagnie L’Alakran, dont il est le directeur artistique et pour laquelle il signe les mises en scènes, la conception et la dramaturgie ou les textes. Il joue également dans certaines de ces créations qui sont coproduites par des théâtres suisses et étrangers et qui tournent sur les scènes de France, d’Espagne, d’Italie, du Portugal et d’Amérique Latine. En résidence artistique au Théâtre Saint-Gervais Genève de 1999 à 2005, ainsi qu’aux Subsistances de Lyon en 2006, Oscar Gómez Mata intervient également en tant que formateur et pédagogue, à l’école Serge Martin, dans le cadre des Chantiers nomades (structure française de formation continue pour professionnels du spectacle), ainsi que pour le Master en pratique scénique et culture visuelle organisé par l’Université de Alcalá (Madrid) ou les rencontres professionnelles de danse. Il est intervenant régulier à la Manufacture – Haute École de théâtre de Suisse romande (HETSR) depuis 2013. Il a été Lauréat 2018 des prix suisses du Théâtre.
JEAN-DANIEL PIGUET * est metteur en scène. Il crée des spectacles qui questionnent le potentiel fictionnel de la réalité qui nous entoure (Passe, Pas Perdus, Memoria Libera, Partir). Il travaille avec plusieurs ami·es artistes en tant que collaborateur artistique, dramaturge ou performer (Mélina Martin, Oscar Gomez Mata, Rémi Dufay, Camille Mermet, Yan Duyvendak, Mélanie Gobet, Maxime Gorbatchevsky, Floriane Mésenge). Aimant interroger le lien entre théâtre et société, il suit deux parcours de la Marmite – mouvement artistique, culturel et citoyen- en tant qu’artiste associé. En 2020, il est lauréat de la Bourse Leenaards.
*atelier #10
L'adaptation, le point de vue
Ludovic Chazaud
Que l’objet source soit une image, un article, un événement, un roman, un film ou encore une pièce voire même une improvisation, l’adaptation théâtrale est un espace qui questionne le point de vue. Une adaptation se doit de préciser ce qui souhaite vraiment être raconté ainsi que à qui elle s’adresse. Toute adaptation artistique est légitime, mais celles-ci doivent avoir conscience d’un décalage qu’elles proposent vis à vis de l’objet source. Ce décalage est un acte d’affirmation de son propre geste artistique, d’affirmation de son propre point de vue.
A l’aide de jeux de plateau, d’exercices d’acteur·rice, jeux de paroles et petit jeux d’écriture, ainsi que des propositions de textes préadaptés par mes soins que nous essayerons d’interpréter, nous allons nous amuser à explorer les multiples points de vue possibles que l’on peut donner d’une courte œuvre littéraire.
Selon moi, tout est bon pour raconter, mais chaque choix que nous faisons dévoile notre point de vue sur un objet source. Que ce soit l’outil narratif, le dialogue, le son, que ce soit la conjugaison d’une phrase, le pronom qui est utilisé pour raconter, mais aussi le regard, la place que l’on donne aux spectateurs et spectatrices, tout est outil, jouet, pour définir notre point de vue et le point d’où l’on souhaite que l’œuvre soit vue. Nous essayerons de jongler avec ces différents outils afin d’en explorer les conséquences sur ce que cela raconte à celleux qui regardent, comment cela les changent, les déplacent, les posent comme critiques ou comme simple observateur·ices.
Socrate aurait dit « ce qui fait l’être humain c’est sa grande faculté d’adaptation » *je choisis ici d’adapter la citation en langage inclusif. Une façon d’affirmer mon propre point de vue, ouais.
LUDOVIC CHAZAUD * parlera de lui dans les lignes qui suivent à la troisième personne du singulier ce n’est pas quelque sorte d’arrogance mais bien plutôt une adaptation littéraire de son parcours à la sauce minibio.
Il vit et travaille en Suisse comme metteur en scène, pédagogue, acteur et auteur de textes théâtraux, père, amour et ami. Après avoir suivi un cursus universitaire (Arts du spectacle) et l’école de La Scène sur Saône à Lyon il intègre la HETSR en 2006. Les plus heureux d’entre vous l’auront vu joué dans les créations de Lilo Baur, Georges Grbic, Joël Maillard, Julien Basler et Andrea Novicov, il assistera le travail de ce dernier à plusieurs reprises. En 2009 il a créé la Cie Jeanne Föhn, il y monte des textes d’auteur comme L’Étang de R. Walser ou Couvre-feux de D.G. Gabily. C’est d’ailleurs au cours de la création sur ce récit qu’il se rend compte qu’il aime transposer des œuvres non dramatiques sur scène et poursuivra pour le plateau l’adaptation de divers récits, œuvres de fiction, documentaires ou témoignages. Ses spectacles oscillent entre narration et incarnation affutant la parole des acteur·ices, aimant jouer des codes d’adresse, des temps de parole, créant des pièces vibrentre (oui vibre/entre mouhaha) la réalité du plateau et le mensonge de la fiction ou le mensonge du plateau et la réalité de la fiction. Il ne sait plus très bien. Diable !
En 2015, le canton de Vaud attribuera à Jeanne Föhn un Contrat de confiance. Ludovic enseigne aussi régulièrement dans diverses structures (Le Théâtre du Loup, Le CFP art, Les Classes préprofessionnelles du CMG) où il peaufine son travail d’écriture lors de création pro avec les élèves (Rien de Jane Teller, On n’est pas des Cerises…). En 2020 le spectacle Sara, mon histoire vraie (1) sera sélectionné aux Plateaux interéseaux et aux Rencontres du Théâtre suisse, comme l’avait été Couvre-Feux en son temps. Ludovic est aussi auteur de différents textes commandés par des compagnies indépendantes. Il partage aujourd’hui sa vie entre enseignement pour la jeunesse, son travail de directeur de compagnie, d’auteur, ses engagements d’acteur et surtout sa famille.
*atelier #11
Clown et idiotie
Alexandra Gentile
L’art du clown est un outil théâtral riche car il travaille sur des aspects essentiels de la pratique d’acteur·rice : le plaisir du jeu, l’authenticité, le goût du risque et la liberté sur un plateau. Pour le·la clown - cet être socialement inadapté - tout est prétexte ou opportunité au jeu. Guidé·e par ses sensations, ses pulsions et ses émotions, iel bâtit son monde, ses lois et ses utopies.
Le travail du clown permet de revenir à des fondamentaux techniques (respiration, regard, ancrage,…). Il favorise une écoute fine de l’intérieur, requiert un engagement physique sans limite pour traduire la justesse de ce qu’on ressent, tout en gardant un lien constant au public ainsi qu’au présent fait d’accidents et de cadeaux.
Le·la clown ouvre un champ d’action et des possibles vertigineux pour l’acteur·rice qui le·la pilote. C’est une enquête intime, ludique et sans compromis. Une recherche exigeante de savoir-être. Une zone de risque où nos qualités ne sont pas celles que l’on croit, où notre puissance et notre vulnérabilité sont poreuses et perméables.
C’est aussi simplement l’endroit de soi-même où l’on accepte que ça déborde joyeusement.
ALEXANDRA GENTILE * Comédienne polyglotte basée à Lausanne, Alexandra Gentile se forme à l’Université de Lausanne et à l’Accademia Teatro Dimitri au Tessin. Elle collabore avec différentes compagnies de théâtre en Suisse romande en tant qu’interprète, metteuse en scène et autrice.
Alexandra aime intégrer à sa pratique théâtrale ce qu’elle glane au fur et à mesure de son cheminement artistique (art du clown, chant polyphonique, danse contemporaine, marionnettes et théâtre d’objet). Elle se forme en clown auprès de François Cervantes, Catherine Germain, Hélène Vieilletoile, Gabriel Chamé Buendia, Vincent Rouche, Dominique Chevallier et Fred Robbe.
Elle fait converger sa recherche et son travail à l’endroit de notre humanité où les questions trop grandes, notre profonde idiotie, nos contradictions, notre joie de vivre et nos parts d’ombre se percutent et s’embrassent.
Quand elle n’est pas sur un plateau, elle transmet sa passion pour le théâtre, le mouvement et le clown par le biais de stages et de workshops pour adultes.
*atelier #12
Female Gaze et montage
Nina Negri & Clémentine Colpin
Vers une méthode d’interprétation phénoménologique et cinématographique
- atelier pour comédien·x·es et danseur·x·es -
Comment transposer des séquences filmiques sans se prêter pour autant au jeu de l'adaptation ? Comment les corps imprimés sur une pellicule imprègnent-ils les corps vivants d'un plateau ? Ou encore : comment la transposition d'un médium discontinu (le cinéma) à un médium ontologiquement continu (les arts vivants) peut s’activer de l’intérieur du plateau et engager de fait la singularité des interprètes ?
L’objectif de cet atelier est de mettre à l'épreuve une méthode d'écriture de plateau cinéma/théâtre qui conjugue une certaine porosité corporelle avec des outils de jeu très concrets. Il ne s’agira donc pas d’interpréter une scène en termes de récit (c’est-à-dire rejouer le scénario ou les personnages), mais plutôt de multiplier les points de vue sur un matériau filmique aussi bien en termes subjectifs (improvisations, création chorégraphique, protocoles d'écriture), qu'en termes purement formels (procédés de montage et de jeu).
Pour composer de manière phénoménologique, nous allons avant tout passer à travers le corps, sa mise à disposition et son lâcher-prise, puisque regarder est avant tout une expérience active et incarnée, un échange égalitaire entre les spectateur·x·ices et l’œuvre. Le travail commencera donc toujours par un training mêlant différentes disciplines somatiques telles que le Butoh et le Body-Mind Centering®. Suivront des visionnages de séquences cinématographiques et des improvisations encadrées par des procédés de jeu (issus du projet sur le faux-raccord mené au département de recherche de la Manufacture) en mesure de traduire des effets de montage et de cadrage précis.
Cette approche se place sous le prisme du female gaze théorisé par Iris Brey ; mais attention, ce regard féminin ne définit absolument pas une essence féminine en soi : il permet en revanche de sortir d'une vision scopique qui objectivise les corps, afin d’activer une interprétation qui ne passe pas uniquement par le logos (la raison, la logique ou le discours) mais aussi par la glossa (une langue liée à la glotte, à une corporéité sensible). « La différence entre ressentir et s’identifier est capitale. On peut ainsi dire que faire l’expérience du female gaze, c’est avoir la sensation de partager celle du personnage principal » écrit Brey. Une manière bien précise de partager du sensible, et donc de créer.
Le film sur lequel nous travaillerons est Le Dernier Tango à Paris (1972) de Bernardo Bertolucci : un matériau clairement male gaze, que nous allons justement tenter de subvertir – afin de proposer de nouveaux imaginaires non hétéronormés autour des liens sensuels, sexuels et amoureux aujourd'hui !
NINA NEGRI * est metteure en scène, chorégraphe et pédagogue. Suite à ses études de philosophie, elle intègre les Rencontres Internationales de Danse Contemporaine de Paris et l'Accademia Teatro Dimitri en performance. Elle poursuit sa formation à l'École des Maîtres ainsi qu’à la Biennale de Théâtre de Venise. En 2018, elle obtient un Master Mise en scène auprès de La Manufacture de Lausanne. Elle a notamment écrit et mis en scène GirlisaGun, M. la Multiple et Sous Influence, parallèlement à plusieurs formes performatives et collectives telles que Carto-graphies de Corps Migrants, Adèle H. ou Dog Streams.
Nina a aussi réalisé une série de films courts documentaires ainsi qu'un long-métrage avec Pietro Pasquetti, Il Vangelo Secondo Maria (Prix Avanti! International Turin Film Festival). Elle collabore, entre autres, avec El Conde de Torrefiel, ricci/forte, Thomas Ostermeier, Barbara Nicolier, Pascal Rambert, Blandine Masson, Nicolas Zlatoff, Zuzana Kakalikova, Massimo Furlan et Claire de Ribaupierre. En tant que pédagogue, elle intervient à La Manufacture, transmet la pratique du Butoh et dirige des laboratoires de théâtre et danse pour enfants.
CLÉMENTINE COLPIN * est metteure en scène et pédagogue, diplômée du Master en Interprétation Dramatique de l’IAD (Belgique) et du Master en Mise en Scène de la Manufacture. Elle travaille depuis entre la Belgique et la Suisse. Elle a notamment mis en scène : Save the date ; La Cagnotte (co-mis en scène avec Christian Geoffroy Schlittler) ; Peter, Wendy, le temps, les Autres ; et prochainement Annette. Avec la compagnie Canicule, elle cherche à sortir le théâtre des murs pour le frotter à des espaces inattendus. C’est ainsi que naissent Que fait une fait une fille si charmante toute seule ? ; Métagore ; et enfin Métagore Majeure.
Clémentine a également travaillé en tant que comédienne ou assistante aux côtés de Robert Cantarella, le Collectif_Sueur, Omar Porras, Dominique Serron, Benoit Van Dorslaer, Jaco Van Dormael, Fabrice Murgia, et Christiane Jatahy. Avec Nina Negri, elle mène un projet de recherche à la Manufacture sur la notion de faux-raccord. Depuis, elles interviennent régulièrement auprès des étudiant•es du Bachelor et du Master en Théâtre pour partager leur goût pour le montage.
2023
*atelier d'écriture #2
Atelier d'écriture
Adrien Rupp
L’écriture comme une compagne, une bête sauvage à rencontrer sans brusquerie.Décryptons ensemble ici pourquoi elle décide, par moments, de s’échapper sans crier gare. Quand mord-elle et comment parvient-elle à transformer notre espace-temps grâce à quelques mots curieusement suspendus les uns aux autres ?
Qu’elle se faufile dans une lettre, un mail, un papier collé sur le miroir, s’invite dans une description d’atelier, se glisse dans un dialogue avec le·a voisin·e ou encore une scène de théâtre, cherchons collectivement à la débusquer pour mieux l’approcher.
À travers notamment le mouvement, les images, la musique, les questionnements partagés, les impros, l’écriture automatique et la calligraphie ; chacun·e va devoir se forger ses propres outils pour la nourrir et l’amadouer dans une atmosphère de confiance collective.
Les manières de l’apprivoiser sans la museler se déclinent à l’infini. Et c’est certainement la meilleure façon d’écouter ce qu’elle a à nous dire.
Né en 1979, ADRIEN RUPP * a étudié à La Manufacture. Il joue pour plusieurs compagnies de danse et de théâtre. Acteur dans plusieurs courts-métrages, il coréalise ensuite un long métrage : Quai Ouest (2012) avec son frère Lionel Rupp, dont il écrit le scénario en adaptant la célèbre pièce du même nom. Avec Katy Hernan, il crée Ce que je veux de toi (2008) qui sera sélectionné à Tanzfaktor 2009 et La loi d’interaction des points isolés dans un champ de rencontre défini ou l’histoire de la Girafe qui fait (trop) peur (1er prix PREMIO 2010). À partir de 2013, il se tourne plus vers l’écriture et se fait l’auteur de la pièce All Apologies, Hamlet, pour la Cie Alexandre Doublet, puis est lauréat de la bourse d’écriture SSA « Textes- en-scène » (2016), en partenariat avec le théâtre de l’Arsenic (Lausanne), et St-Gervais (Genève). Il est aussi l’auteur du texte de Retour à l’expéditeur, mise en scène de Katy Hernan et Barbara Schlittler (2019) et Comment bruissent les forêts, mis en scène par Vincent Fontannaz (2021). Plusieurs de ses textes sont édités dans la revue littéraire La cinquième saison (numéro 5). Son premier roman Le cambrioleur devrait sortir en fin d’année 2022, aux éditions La veilleuse.
*atelier #13
Articuler ce qui se meut entre le visible et l'invisible
Yasmine Hugonnet
Décider de ne pas bouger le corps ou l’une de ses parties est un acte fort, qui suspend le visible et provoque par la résistance physique engagée une autre activité dynamique, comme une réponse du corps et de la pensée. C’est dans ce dialogue entre production et réception, entre le visible et l’invisible, que je souhaite vous inviter à expérimenter. J’envisage le spectacle comme un espace de lecture de notre propre perception, du temps, de l’espace, du corps et des langages humains.
Mes outils pour cela sont : la Parole Immobile (forme de ventriloquie qui est née de la recherche chorégraphique du Récital en 2014) ; la posture (situation formelle, expressive, psychologique, survivance de l’histoire et des représentations du corps humain) ; le mouvement (mouvement visible et mouvement invisible) ; la durée ; le corps hétérogène (corps questionné dans les polarités de « visible invisible », de « passif actif », et dans la hiérarchisation de ses parties) ; mettre sa conscience là où l’on ne produit rien ; localiser et délocaliser ; laisser se déplacer le mouvement du visible, à l’invisible de vos sensations ou de votre imaginaire ; habiter ce que je produis sans volonté ; alimenter la volonté et l’oubli en même temps ; résister au changement tout en laissant changer une part de soi ; visiter toute posture, sans discrimination.
Danseuse et chorégraphe, YASMINE HUGONNET *s’intéresse au rapport entre forme, image et sensation, à la germination de l’imaginaire. Elle travaille sur l’idée de la posture comme réservoir et développe une pratique de la ventriloquie. Ses créations sont présentées en Suisse et à l’International, notamment aux Journées de la Danse Suisse, à la Biennale de Venise, Selection Aerowaves 2016. Elle reçoit le Prix Suisse de la Création Actuelle en danse en 2017 et travaille régulièrement avec le Théâtre de Vidy à Lausanne.
*mini-atelier #14
Méthode respiratoire
Coralie Vollichard
La méthode de respiration Sandra-Romond permet une exploration profonde et minutieuse de l’instrument respiratoire. En effet, elle met à jour l’importance de l’expiration dans le travail de l’acteur·ice, comme étant un vecteur majeur d’authenticité et d’ancrage de la parole. La pratique s’articule en deux temps : la gymnastique respiratoire (renforcement des muscles profonds qui participent à la physiologie du souffle) et la phonation (ouverture du larynx, relâchement de la gorge et détente de la mâchoire).
Par l’exercice régulier de cette méthode de respiration, l’acteur·rice peut développer avec aisance une endurance vocale et un ancrage profond. De véritables résultats sont visibles sur la pose de voix avec davantage de calme et d’endurance.
Ainsi la méthode invite à comprendre et sentir qu’en tant qu’êtres humains, dotés d’un appareil phonatoire, nous sommes des instruments à vent. Pour les acteur·ices, cette perspective permet de redonner à la respiration, et ici à l’expiration, toute son importance, pour l’adresse, la précision et le concret des mots énoncés à chaque prise de parole.
Coralie Vollichard a proposé un premier *training en automne 2020, alors que *La FC* venait d’être fondée. Cet *atelier offre l’occasion de découvrir, ou d’approfondir l’apprentissage de cette méthode pour celles et ceux qui ont eu le bonheur de déjà s’y frotter.
CORALIE VOLLICHARD * naît le 31 octobre 1993, à Lausanne. Elle est diplômée de l’École Supérieure de Théâtre des Teintureries de Lausanne en 2017. En 2021, elle joue dans Girls & Boys, mis en scène par Clémence Mermet et dans Mes nuits ne dorment pas, un projet autour de Kafka, mis en scène par Gian Manuel Rau. Elle est aussi co-autrice et comédienne-chanteuse dans le projet Bande à part, en création au Théâtre du Reflet et proposé par le collectif Duncan dans le cadre des Midi Théâtre!
En parallèle à son parcours de comédienne, elle assiste à la mise en scène différents projets : Il y pleut sans cesse, 2018, mis en scène par Gian Manuel Rau, Bernarda, 2018, mis en scène par Giulia Belet, Le Schmürz, 2019, mis en scène par Gian Manuel, Vous toussez fort Madame, 2022, mis en scène par Matthias Urban.
Elle est formée depuis 2014 par Nathalie Lannuzel, directrice de l’Ecole des Teintureries, à la méthode de respiration et de phonation Metge-Sandra, puis poursuit sa formation auprès de Catherine Rétoré, fondatrice de l’Ecole de la respiration à Paris. Elle est aussi chanteuse, bassiste et co-compositrice dans le groupe pop électro rock pic Don’t Kill Duncan, créé en 2019, et programmé dans différents lieux et festivals.
*atelier #15
Marionnettes
Chine Curchod
Chine Curchod, spécialiste de la marionnette depuis 15 ans, dévoile diverses techniques de manipulations (bunraku, à tringle, portée et à fils).
L’atelier se déroulera en plusieurs étapes.
1. Transmission des bases (posture de service, le regard, le mouvement, la dynamique, la dissociation et la voix)
2. Improvisations solo et en groupe
3. Approche par l’objet
4. Approche par le texte
5. Construction d’une séquence personnelle
Saisissez l’occasion d’apprendre les tours de main propres à cet art et familiarisez-vous avec les particularités des marionnettes. Vous serez certainement surpris·es par ses possibilités !
CHINE CURCHOD *est une comédienne et marionnettiste née en 1980 à Genève. Après avoir étudié au Conservatoire d’art dramatique de Genève, elle joue avec différents metteurs en scène dont José Lillo, Lorenzo Malaguerra, Claudia Bosse, Dominique Catton, Georges Grbic et avec Guy Jutard au Théâtre des Marionnettes de Genève (TMG). En 2008, elle fonde sa compagnie Chamar Bell Clochette et crée son premier spectacle de marionnettes Ne m’appelez plus jamais mon petit lapin puis Loulou, adaptations de livres de Grégoire Solotareff. Dans la boutique fantastique est sa troisième création jeune public. Suite à une résidence en 2016, elle crée avec Pierre Omer et Julien Israelian un concert cabaret-marionnettes Vaudou-Dada. Elle collabore avec le musicien Roland Bucher et créé pour le Mullbau à Lucerne Oskar, performance expérimentale musicale avec marionnettes pour le jeune public. En 2017, elle créé également à Lucerne LA-NE, une performance pour deux comédiennes, un musicien et une marionnette. En 2018, elle monte une petite forme marionnettique Robot avec Roland Bucher. 2019, Aouuuu ! une coproduction inédite entre le Théâtre de Marionnettes de Genève et le Theater Stadelhofen. Depuis, ce spectacle « rösti graben » tourne dans toute la Suisse.
Chine Curchod est régulièrement invitée à travailler pour d’autres compagnies et divers ensembles de musique classique. Elle anime avec d’autres marionnettistes, depuis 2015 au TMG, les ateliers pédagogiques pour enfants et adultes. Elle est également engagée sur divers projets théâtraux pour initier les comédiens à l’art de la marionnette. En 2021 elle reçoit le prix ASSITEJ pour l’ensemble de son travail. 2022 sera l’année de la nouvelle création de la compagnie, Im Wald, destiné à un public dès 12 ans.
*atelier #16
Le rôle de ma vie
Céline Nidegger Semenzato
Il y a un texte que j'aime et dans ce texte un personnage que je rêve de jouer. J'ai envie d'apprendre ses paroles, j'ai envie de le décortiquer et de le ré-assembler, j'ai envie de le faire bouger, de trouver sa voix et de le faire parler. Je veux l'incarner, entrer dans sa peau de personnage.
PARCE QUE C'ETAIT LUI PARCE QUE C'ETAIT MOI Et aussi pour mille autres raisons! Est-ce la langue, la sensualité de la langue de ce texte? Est-ce le caractère, un trait de caractère de ce personnage? Est-ce le fait qu'il est si éloigné de moi et qu'il me permettrait d'exprimer des trucs que je ne pourrais jamais exprimer? Ou est-ce parce qu'au fond il me ressemble énormément? Ou peut-être qu'il n'y a aucune raison. C'est juste de l'amour. Se confronter à un rôle et travailler la digression en passant de lui à toi - d'une voix à l'autre, d'un corps à l'autre, d'une langue à l'autre, d'un présent à un autre.
Les deux jours s'organiseront en alternant des exercices collectifs où nous collecterons du matériel et du vocabulaire commun et des passages seuls où nous utiliserons et combinerons texte et trouvailles. Nous entraînerons des qualités de jeu propices aux allers-retours : souplesse, fluidité, ancrage physique, entrée/sortie,... grâce à un training ludique et physique et des exercices spécifiques. Nous travaillerons à tisser des liens entre l'image que l'on a de nous-même et l'image (fantasmée) d'un personnage issu d'une oeuvre théâtrale, à être totalement soi puis à échapper consciemment à nos propres caractéristiques (réflexes, tic nerveux, façon d'être et de réagir au monde, etc...). Puis nous réorganiserons tous ces fragments de nos possibles pour former un caractère issu de la rencontre et de la confrontation entre un personnage de fiction et nous-interprète. Nous nous amuserons à additionner le texte écrit (les mots du personnage) et des digressions personnelles et actuelles pour tenter de faire résonner les problématiques et thématiques portées par le personnage de fiction dans la réalité concrète de l'interprète.
CÉLINE NIDEGGER SEMENZATO * sort diplômée du Conservatoire d’Art Dramatique de Lausanne (SPAD) en 1999. Elle collabore dès lors avec différents metteurs en scène et dans de nombreuses institutions théâtrales. Entre autres : Andrea Novicov, Marielle Pinsard, Emmanuel Demarcy-Mota, Denis Maillefer, Gérard Desharte, Dominique Ziegler, Jean Liermier, Valentin Rossier, Ludovic Chazaud, Manon Krüttli, Diane Müller, Julien Basler etc. Elle participe à trois saisons du Poche/Gve et fait partie de son Ensemble en 21/22. En parallèle de son travail d’interprète et dans une volonté de création, elle fonde en 2009 avec Bastien Semenzato la compagnie Superprod.
LA COMPAGNIE SUPERPROD * s’est fait connaître par sa web-série « SUPERTV » ainsi que par ses performances ludiques et participatives, notamment autour du rapport à la célébrité dans «Interviews Project». Au théâtre, elle crée et produit «La Maladie de la famille M» de Fausto Paravidino en collaboration avec les compagnies Jeanne Fohn et Angledange, et «Après le Déluge» en collaboration avec la compagnie Le Désordre Des Choses, «Généalogie Léger » et «Miss None» en collaboration avec la metteur en scène Manon Krüttli et tout récemment «Paranoid Paul» avec de jeunes diplômés de la Manufacture. Son projet de « Bibliothèque des projets non achevés ou simplement évoqués » continue de se déployer.
*atelier #17
Récolte – territoire – mise en jeu
Jean-Louis Johannides
Durant cet atelier nous allons explorer diverses manières de se constituer un panier de matières utiles pour jouer, et nous allons pratiquer l’action in-situ ou comment inscrire une fiction dans un lieu.
Nous serons régulièrement amenés à arpenter les espaces qui nous entourent pour en récolter ce qui les anime et les constitue : architectures, personnes, objets, évènements... Nous glanerons ce qui nous tombe dans les oreilles et le regard. Chargé·e·s de ces récoltes, nous chercherons comment y insuffler de la fiction, comment les détourner, les conjuguer, s’en inspirer pour en faire de la matière à jouer.
Nous marcherons ces espaces afin de les saisir, nous marcherons également en dehors de la ville.
Nous travaillerons notre corporéité à travers un exercice que je nomme Le vivarium et qui consiste à créer un vocabulaire corporel à partir de mouvements involontaires. Nous nous mettrons donc à l’écriture, à tout point de vue : texte, paysage, corps, espace…
Nous utiliserons une carte papier grand format pour y déposer toutes nos réflexions, esquisses et projections de travail.
Animé par un goût des grands espaces et de la géographie, JEAN-LOUIS JOHANNIDES * articule dans un premier temps son travail autour de récits anthropologiques ou romanesques qui questionnent le rapport de l’homme à son environnement. L’art de se situer a été le sujet de son Master théâtre à La Manufacture. C’est tout naturellement qu’il intègre la marche dans ses projets, et quand elle n’est pas explicite, elle fait partie de sa pensée et alimente sa recherche. Ses dernières créations investiguent une nouvelle esthétique, elles proposent un regard décalé sur le monde en utilisant la philosophie comme moteur créatif dans une série théâtrale intitulée Le Cogitoscope, réalisée avec Vincent Coppey au théâtre du Grütli lors de la saison 18/19. Après une résidence au Groenland à la fin de l’été 2018, il créé Hyperborée, avec Rudy Décelière et Anne-Sophie Subilia, dans plusieurs théâtres genevois. Son dernier projet intitulé De traverse propose des cartes d’itinéraires pédestres illustrées et photographiées par des artistes.
Atelier #18
Présences
Pierre Mifsud
Dans une adresse directe au public, comment atteindre et toucher le public sans être trop intrusif ? À travers une série d’exercices et d’indications simples, Pierre Mifsud se propose d’investir la juste relation que l’on peut entretenir avec un public et d’explorer différents niveaux de jeu, en travaillant les ruptures, les silences, les suspensions, le rapport au corps et à l’espace.
Formé à l’École de Théâtre Serge Martin à Genève, PIERRE MIFSUD * travaille avec la compagnie 100% Acrylique en tant que comédien/danseur et assistant à la mise en scène (La Basket de Cendrillon, Maman encore un tour, Allegro Fortissimo, Tea Time...) Il crée et interprète divers spectacles : Voyageurs (prix du Danse Échange en 1994, avec la danseuse Évelyne Nicollet) mais aussi Les Arbres sous- marins, en collaboration avec Célia Houdart, et Le Bal des mouches, avec Paola Pagani. Il travaille sous la direction de différents metteurs en scène en Suisse romande, en France et en Espagne : Oscar Gomez Mata (Boucher espagnol de Rodrigo García, Tombola Lear d’après Rey Lear de Rodrigo García, ¡Ubú! d’après Alfred Jarry, Cerveau cabossé, Optimistic versus Pessimistic), Claude-Inga Barbey, Nicolas Rossier, Anne Bisang, Denis Maillefer, Vincent Bonillo, ou encore Jean-Michel Ribes (Le Jardin aux betteraves).
Depuis 2009, il participe à différents projets de La 2b Company dirigée par François Gremaud, notamment Simone, two, three, four, Re et Conférence de choses. Il signe de nombreuses mises en scène parmi lesquelles Infuser une âme, Le Portrait de Madame Mélo, et plusieurs spectacles de Cuche & Barbezat. Ces dernières années, il poursuit son travail avec le collectif BPM (La Collection) ainsi qu’avec d’autres metteurs en scène et réalisateurs. Pour la télévision, il joue dans diverses séries, et au cinéma, il incarne Aloïs dans Tambour Battant réalisé par François Christophe Marzal.
Labo #1
Mettre en scène et jouer
Geneviève Pasquier
Cet atelier repose sur la pratique du metteur·e en scène dans sa tâche de direction d’acteur·ice et sa capacité à se mettre à la place de la personne dirigée. En effet, il est très important de pouvoir expérimenter cette étape des deux côtés, en passant de la mise en scène au jeu.
Le but de ce laboratoire est de mettre le·la metteur·e en scène en condition pour qu’il·elle puisse apprendre à saisir l’acteur dans sa globalité, tant du point de vue de ses compétences techniques, de son expérience, de sa réactivité que de sa psychologie, son intimité ou ses fragilités, en adaptant sa manière de communiquer, de manière verbale ou non verbale, afin de gagner sa confiance.
Dans une première phase, la moitié des participant·es agiront en tant que metteur en scène, en choisissant une scène dialoguée, un récit, un poème ou autre. Ils·elles opteront pour une ligne générale (dramaturgie, style de jeu, occupation de l’espace, rapport entre les personnages, etc) et dirigeront alors les comédien·nes afin d’obtenir le résultat escompté. Dans une seconde phase, les rôles s’inversent : les metteur·es en scène prennent la place des comédien·nes en se faisant diriger à leur tour lors d’une nouvelle série de travail de scènes.
Un feedback aura lieu à l’issue de chaque phase. L’échange autour du ressenti du·de la comédien·nefait partie de cette expérience. En effet, toujours dans un climat de bienveillance et de respect, ces éléments pourront faire avancer les metteur·es en scène et leur donner des repères sur l’impact de leurs paroles ou de leur attitude.
Il existe sûrement autant de manières de mettre en scène et de diriger qu’il y a de typologiesd’acteur·ice. À travers les différentes situations que nous vivrons, il s’agira aussi de décrire et de dresser un éventail des pratiques et des diverses manières d’aborder cet art si complexe, cette alchimie parfois si secrète consistant à « guider » des femmes et des hommes sur un plateau à travers un texte dramatique.
Après une double formation à L’École d’art de Lausanne (ECAL) et au Conservatoire de Lausanne (SPAD, diplôme en 1990), GENEVIÈVE PASQUIER travaille régulièrement comme comédienne et metteure en scène. Elle a joué dans de nombreux spectacles notamment Le Tartuffe et Le Roi Cerf mis en scène par Benno Besson ainsi que diverses productions romandes sous la direction de Gisèle Sallin, Anne Vouilloz, Simone Audemars, Benjamin Knobil, Georges Guerreiro, Sandra Gaudin et Hélène Cattin, François Marin, Gianni Schneider, Frédéric Polier, Julien Schmutz, Magdalena Meier. Entre 1991 et 2013, elle co-dirige la Compagnie Pasquier-Rossier, qui a produit 18 spectacles en 22 saisons, avec de nombreuses tournées en Suisse et à l’étranger. Elle signe la mise en scène de plusieurs créations : Le corbeau à quatre pattes de Daniil Harms, A ma personnagité d'après les Écrits bruts, Mon Isméniede Labiche, les Soeurs Bonbon d’Emanuelle delle Piane, LéKombinaqueneau, d’après Raymond Queneau, Le Ravissement d’Adèle de Rémi De Vos et Petite Soeur d’après Pierre Gripari.
Entre 2014 et 2023, Geneviève Pasquier est co-directrice artistique avec Nicolas Rossier du Centre Dramatique Fribourgeois-Théâtre des Osses à Givisiez. En 9 saisons, le duo a monté une quinzaine de spectacles dont elle a signé plusieurs adaptations et montages (Le Journal d’Anne Frank, Dada ou le décrassage des idées reçues, Gouverneurs de la rosée, Lettres à nos aînés).
Elle tourne pour le cinéma et à la télévision, notamment avec Francis Reusser, Gilles Carle, Anne-Marie Miéville, Jean-Luc Godard, Marcel Schüpbach, Raymond Vouillamoz, Frédéric Gonseth, Stéphanie Chuat et Véronique Reymond.
Atelier du regard
Delphine Abrecht
C’est comment être dramaturge, collaborateur·ice artistique ou regard extérieur ?
Comment parler d’un spectacle ou d’une œuvre de façon constructive ?
Et comment coopérer au mieux dans le cadre d'une création collective ? Sans laisser personne de l'équipe dans la frustration ou sur le bas-côté ?
Dans cet atelier, nous testerons quelques méthodes de feed-back collectif, que nous appliquerons à un spectacle vu ensemble le vendredi soir.
Nous présenterons aussi quelques outils collectés ici et là, qui visent à collaborer autour d’une création dans la joie, le partage et l’efficacité.
DELPHINE ABRECHT est chercheuse et dramaturge. Elle travaille depuis plusieurs années sur la relation œuvre-public, et a d’ailleurs entamé un travail de thèse sur le rapport aux spectateurixes dans le théâtre contemporain à l’université de Lausanne, où elle a travaillé entre 2012 et 2017.
Elle poursuit aujourd’hui ces recherches sur un mode plus concret et plus collaboratif, entre projets de recherche à la Manufacture (« Action », « Spectator ludens », « Jeux de cartes performatifs ») et œuvres théâtrales souvent ludiques et interactives (L’espace et nous ou Boucle d’or 2023, avec Le Cabinet créatif ; invisible, Virus et Twist, avec la Cie Yan Duyvendak ; Hululou On a promis de pas vous toucher, avec la Cie Zooscope ; ou encore D’amour et d’eau fraîche et L’air de rien, avec la cie Hichmoul Pilon).
En 2021, elle crée la cie DAB pour monter S'entretenir, un projet immersif conçu avec une dizaine d’amixes. La compagnie a pour but de créer des œuvres dont les spectateurixes sont le centre. Elle désire produire des expériences intenses mais néanmoins cadrées, et mettre de la vie dans le jeu et du jeu dans la vie.
Labo #2
Cadeau!
Marion Duval
Passer un message, relever un défi, montrer un talent, faire un cadeau, se donner en spectacle : le simple fait de venir se mettre devant des gens et de leur proposer quelque chose est tellement problématique, source d'ambiguïtés, d’accidents, de tensions et de plaisir – cela génère une large matière de jeu à explorer. À travers des prétextes très simples, nous chercherons comment faire fi de la quête de virtuosité, comment renouer avec des enjeux personnels, et comment, peut être, avec un peu de chance, investir des zones de jeu inattendues.
* Trigger warning : la méthode n'est pas parfaitement circonscrite et peut occasionner des moments de confusion, il faudrait être prêt à ça. Autrement dit, attention. Bien sûr, des moments de débrief seront organisés régulièrement.
Au sein de Chris Cadillac, nous avons réuni des outils, souvent inspirés du clown ou du bouffon, permettant d'instaurer une confusion entre réalité et fiction, et de générer de la gêne, du plaisir, du débordement, du trouble, du vertige ; toutes choses qui deviennent une base pour l’établissement d’un dialogue (explicite ou non) avec tous les présents (spectateur-ices et acteur-ices) d'une représentation. Je voudrais proposer la mise en partage de ces outils et prétextes de jeu. A la suite d'une première phase d'observation, nous pourrons choisir de définir ensemble des pistes plus personnelles.
Après une formation en danse au Conservatoire de Nice, MARION DUVAL commence le théâtre puis le clown. Elle intègre La Manufacture à Lausanne, puis travaille comme interprète, notamment auprès de Marco Berrettini (IFeel3, Sorry do the tour again) ou Aurélien Patouillard (Hulul, Farwest). Au sein de Chris Cadillac, elle crée Hello (2009), Las Vanitas (2011) – conçu en collaboration avec Florian Leduc, Au feu ! (2015), Claptrap (2016) – un duo avec Marco Berrettini, Cécile (2019) – conçu en collaboration avec Luca Depietri, Avant la retraite (2020) de Thomas Bernhard – co-mis en scène et co-interprété par Camille Mermet et Aurélien Patouillard, et dernièrement, Le spectacle de merde (2023). Ces pièces se jouent en salle ou dans l'espace public et proposent un théâtre qui rit de ses propres conventions pour férocement interroger l’inavouable, le pathétique et le fantasmagorique en chacun de nous.
Labo #3
Jouer en silence
Joël Maillard
Ma proposition d’atelier consiste en une recherche autour d’un théâtre qui, littéralement, ne parle pas.
J’ai quelques idées sur les façons dont on pourrait s’y prendre. Mais, la plupart, nous les découvrirons ensemble.
D’une manière générale j’ai rarement beaucoup d’idées, tout court d’une part, mais aussi sur les chemins et orientations à emprunter pour aboutir à tel ou tel résultat. D’ailleurs le désir du résultat est souvent complètement flou.
En revanche il m’arrive d’être beaucoup plus au clair (avec moi-même tout du moins) en ce qui concerne les points de départ. Ces derniers temps, il s’agissait souvent d’une contrainte arbitraire de fabrication associée à un état de relative ignorance quant aux moyens de s’en emparer.
Par exemple pour Sans effort nous nous étions mis en tête de raconter une histoire sans possibilité de l’écrire nulle part, avec pour seuls outils : imaginer, parler, se souvenir.
Ici, la contrainte face à laquelle je vous invite à cultiver notre naïveté sera celle-ci :
Tenter d’être narratif sans parler du tout.
Le mutisme en scène sera l’interdit incontournable, et, on l’espère, fécond.
Cependant nous ne passerons pas par une exploration fouillée et exhaustive des références du cinéma muet, du mime, du théâtre d’objets, etc. Cela ne veut pas dire qu’il ne sera pas question de mime, d’objets, etc. mais disons que le labo ne s’apparentera pas à un catalogue d’appropriation rapide de ces techniques. On sait qu’elles existent, on en a une idée plus ou moins vague ou précise, tout le monde a déjà vu des gens se taire sur une scène. Ces prérequis suffisent.
Je n’ai jamais abordé la matière que je vous propose. Et je n’ai jamais animé d’atelier. Je vous invite donc à chercher ensemble avec une forme de légèreté et d’insouciance, celle de la première fois.
Pour autant, je précise que les personnes ayant acquis une pratique des différentes disciplines dont la parole est absente, ou peu présente, sont bien évidemment aussi les bienvenues dans ce labo.
Ce qu’on va faire :
Je n’ai pas de technique à transmettre car je n’ai pas à proprement parler de méthode de travail autre que l’empirisme, mais je peux partager cet état de dilettante ou de débutant perpétuel que je cultive au fil des ans et des projets.
Nous n’aurons donc pas l’ambition, et encore moins la prétention, d’inventer une nouvelle forme de théâtre muet.
Quelques pistes de travail :
- allonger et habiter tant et tant le moment qui précède celui où quelque chose va se dire que rien ne se dit
- plonger corps et âmes dans les silences psychologiques
- travailler sur des dialogues imaginaires (parce qu’inaudibles ou "télépathiques")
- écriture de didascalies pour les autres ou pour soi
- partitions chorales d’actions et de gestes signifiants
- beaucoup d’efforts physiques pour dévoiler une chose d’un intérêt minuscule
- saturer d’actions une durée prédéfinie
- 1 journée sans parler
Nous veillerons à cadrer les moments dédiés au silence et ceux dédiés à la parole. Mais il y aura à tout moment une porte de sortie possible, pas d’esprit sectaire.
Quels pourraient être les contenus de ces moments de théâtre muet (plus ou moins) narratif ?
Je ne souhaite pas nous enfermer dans des thématiques trop précises, cependant on pourrait avoir cette question en tête pour guider certaines de nos tentatives :
Dans une société (l’Europe occidentale des années 2020 pour circonscrire grossièrement) où, si si, on peut encore tout dire, en quoi garder/pratiquer le silence pourrait aussi être un moyen d’explorer sa liberté d’expression, et sa liberté tout court ?
JOËL MAILLARD est aujourd’hui acteur, metteur en scène et auteur. Passé par le théâtre amateur, puis le Conservatoire de Lausanne, il commence à écrire le 7 juillet 2005, en regardant sur une chaîne d’info la couverture des attentats dans le métro de Londres.
Depuis le début, il s’obstine à explorer des champs d’expression dont il ne maîtrise ni les techniques ni les codes. Par exemple la science-fiction, la transmission orale, la chanson à texte, l’argile, le stand-up...
Il aime se dire qu’il professionnalise son dilettantisme.
Cependant, en 2020, il est lauréat d’une bourse culturelle de la Fondation Leenaards, et en 2021 il reçoit l’un des Prix suisse des arts de la scène.
La compagnie qu’il anime, SNAUT, basée à Lausanne, est active depuis 2012. Ses créations, dix à ce jour, partent le plus souvent de textes dont il est l’auteur et qui sont achevés durant les répétitions en dialogue avec les autres interprètes.
Récemment il a coécrit et cocréé avec Louise Belmas un spectacle intitulé Nos adieux (remake).
Les précédentes créations sont Résilience mon cul (2022), Tarte Blanche (2022), Les univers (2021), Sans effort (2019), Imposture posthume (2019), Quitter la Terre (2017). Parfois il est acteur pour d’autres, et écrit pour d’autres. Il souhaite mettre en scène, dans un futur proche, le texte de quelqu’un d’autre.
Plus d’infos ici : www.snaut.ch
Atelier #19
Le futur, c'est l'avenir
Nicolas Chapoulier
Atelier de divination urbaine
Héritiers d’une époque en crise de futur et en faillite de récits communs, nous vivons l’effondrement d’une représentation crédible et désirable d’un futur collectif. L’époque contemporaine, déboussolée par le péril écologique, meurtrie par l’escalade des inégalités et les récits postapocalyptique, voit ses représentations du monde moderne s’effriter aussi vite que fondent les glaciers.
Cherchant à transformer une relation devenue anxiogène avec l’avenir, cet atelier prend comme postulat « demain » non comme un grand trou noir béant remplit d’inconnu, mais comme la forme prise par les projections et les désirs qui l’ont précédé.
Placer ici le point de départ d’une écriture oraculaire : prédire,
pré-dire, pré-raconter, démarrer ici un récit à compléter, une histoire à s’approprier… Inventer et expérimenter des dispositifs permettant de décoder les fonctionnements des systèmes prédictifs d’hier et d’aujourd’hui pour participer à l’élaboration de ceux de demain. Inviter les couloirs du temps dans l’espace public, pour interagir avec la mécanique de nos choix et chercher les trucs et astuces pour tisser de nouveaux pulls à nos devenirs.
Parce que le futur c’est l’avenir.
NICOLAS CHAPOULIER est directeur artistique de la compagnie Les 3 points de suspension avec laquelle il tourne mondialement. Auteur, comédien, acrobate, plasticien et metteur en scène, il reçoit le prix SACD 2022 de la mise en scène art en espace public. Il assure la mise en scène et la direction artistique des spectacles L’Arrière-pays, Hiboux, Nié qui tamola, La grande Saga de la Françafrique, Looking for Paradise, et Squash. En 2011, il rédige Nié qui tamola au Éditions Requins Marteaux, un roman graphique documentaire. En 2014, il est lauréat de la Fondation Beaumarchais / SACD Ministère de la Culture - Bourse à l’écriture, Écrire pour la Rue pour le projet Looking for Paradise. En 2015, il fonde le collectif 3615 Dakota, dont il assure la direction artistique. Ils sont invités au pavillon français de la biennale de Venise d’architecture en 2018. En 2019 il est nommé expert théâtre Drac Auvergne Rhône-Alpes.
Il participe au Chtuluscène, projet lauréat Mondes Nouveaux (French public art program), 2022 Éditions Acte Sud. Entre 2015 et 2022, il collabore avec : Musée d’Ethnographie de Genève / Croix Rouge française / Nouvelle Comédie de Genève / Nuit des Musées / Festival d’Aurillac / Ville de Genève / Festival des Arts de Bordeaux-FAB / Waves Festival, Danemark / Université de Genève / Espace Le Commun-Fond Municipal d’Art Contemporain / Université des Sciences Paris-Saclay / Festival de la Cité / Embassy of Foreign Artists. Il est artiste associé au théâtre scène conventionnée Château rouge et la scène nationale de Bourg-en-Bresse.
Atelier #20
Autofiction : le Je dans le jeu
Valéria Bertolotto
« Le mot « autofiction » désigne aujourd’hui un lieu d’incertitude qui est aussi un espace de réflexion ».1
Très débattue et théorisée dans l’espace littéraire contemporain, l’autofiction remet en question la soi-disant « vérité » défendue par l’autobiographie classique. J’y trouve un lien fort avec le jeu et la pratique de l’acteur·ice. En effet, lorsque je joue un texte, ce ne sont pas mes mots, ni mon langage, ni forcément une situation que j’ai vécue, néanmoins c’est quand même de moi qu’il s’agit. De quelle manière je tisse un lien subjectif aux mots, à mes partenaires, de quelle manière je mets mon expérience, mes émotions, ma voix et mon corps au service d’un personnage et d’une situation ?
Néanmoins, ce jeu ne pourrait se faire sans la complicité et le regard de celui ou celle qui regarde. En effet, le·la spectateur·ice sait pertinemment que la personne qu’il voit sur scène n’est pas réellement Hamlet. Il a peut-être même déjà vu d’autres interprètes tenir ce même rôle. Donc quel intérêt a-t-il à voir une nouvelle fois Hamlet ? Précisément parce qu’il s’agit de cet·te acteur·ice-là, avec sa subjectivité, son corps, sa voix, son identité.
Cela pose alors la question de l’identité de celui ou celle qui apparaît sur scène. Qui est ce « Je » qui prends la parole sur le plateau ? Ce n’est ni tout à fait l’acteur·ice, ni tout à fait le personnage, mais quelque chose qui est parfois l’un·e, parfois l’autre et/ou qui se situe entre les deux, à la frontière. Une « identité trouble » 2.
Il s’agira donc d’explorer cet espace/interstice entre l’acteur·ice et le personnage/situation, de le questionner à travers le jeu et la représentation, et d’en dégager les implications tant pour celui ou celle qui est sur scène, que pour celui ou celle qui regarde.
Pour commencer, je proposerai quelques réflexions sur le genre autofictionnel et notamment sur ses aspects stylistiques, avec des exemples tant au théâtre qu’en littérature, illustrées de quelques spectacles et textes, afin d’inscrire ce travail dans un contexte et une réflexion plus large.
Puis, je demanderai à chaque participant·e d’amener un texte, un monologue, issu de la littérature dramatique ou du roman. Nous travaillerons ce texte en explorant les problématiques de l’identité de l’acteur·ice/personnage et la forme (ambiguïté entre fiction et présent de la représentation).
1. Philippe Gasparini, Autofiction ; Une aventure du langage, ed. Seuil, coll. Poétique, 2008.
2. Anne Pellois, Les intermittences du je(u), à propos du TG Stan, in : L’autofiguration dans le théâtre contemporain ; Se dire sur scène, ed. Universitaires de Dijon, coll.
Après des études en Lettres à l’université de Genève, VALERIA BERTOLOTTO obtient le diplôme du Conservatoire de Lausanne (SPAD)en 1998. Elle collabore ensuite en tant que comédienne à de nombreux spectacles, sous la direction notamment de Claude Stratz, Andrea Novicov, Denis Maillefer, Alexandre Doublet, Natacha Koutchoumov, Emilie Charriot, Oscar Gomez Mata et Philippe Saire.
En 2014, elle crée la Cie J14 avec la comédienne Aline Papin et elles co-créent, au terme d’une saison de recherche au TLH à Sierre, la performance Autofèdre, qui sera reprise dans le cadre du festival Extra-Ball au Centre Culturel Suisse de Paris, ainsi qu’à l’Arsenic à Lausanne.
Elle intègre pour la première fois l’ensemble du Poche GVE durant la saison 20-21, et y fait trois nouvelles créations durant la saison 22-23.
De 2013 à 2020, elle intervient régulièrement comme pédagogue à La Manufacture, tant dans la filière théâtre que dans la filièredanse, dans le cadre de jurys ou de stages d’interprétation.
Atelier #21
Le geste de la mise en scène
Jean-Yves Ruf
L’expérience de Jean-Yves Ruf au théâtre ou à l’opéra, ses fonctions de pédagogue ou de directeur d’école supérieure, l’engagent à porter une réflexion critique et ouverte sur la formation du metteur en scène. Ilpropose de réunir autour de lui des artistes désireux d’analyser et d’initier des processus de travail et de création d’un·e acteur·ice. Il s’agira de définir ce qu’on appelle à tort ou à raison « la direction d’acteur·ice ». Quelle est la part de la réflexion consciente, dramaturgique, quelle est la part de l’intuition chez l’acteur·ice et chez le·la metteur·e en scène ? Quelle liberté donner à l’acteur·ice ? Comment l’aider à trouver sa propre liberté ? Quelle est l’importance du non verbal dans la direction d’acteur·ice ? Seront abordés les rapports entre le corps de l’interprète et le corps de la langue, entre le souffle et la pensée, entre l’écoute et l’espace, le sens et la sensation. Nous aborderons aussi la question de la connexion du corps et de la voix, les notions d’écoute, d’adresse, de présence.
Objectifs
Consolider son processus de direction d’acteur, en le confrontant aux regards et aux réflexions du groupe. Maîtriser dans son travail une série de rapports et de mises en tension (soi et le texte, soi et le·lacomédien·ne, soi et l’espace, etc). Trouver sa méthodologie de prise en charge de ses intuitions. Acquérir une autonomie dans sa réflexion sur l’acteur·ice. Savoir porter un regard critique et constructif sur les expériences en cours, que ce soit son propre travail ou celui des autres.
Après une formation musicale et littéraire, JEAN-YVES RUF intègre la section jeu de l’École nationale supérieure du Théâtre National de Strasbourg (1993-1996) puis l’Unité nomade de formation à la mise en scène (2000), lui permettant notamment de travailler avec Krystian Lupa à Cracovie et avec Claude Régy. De janvier 2007 à décembre 2010, il a dirigé La Manufacture à Lausanne. Depuis plusieurs années, il anime également les Rencontres internationales de la mise en scène au Théâtre Gérard Philipe (TGP) à Saint-Denis, ainsi que des stages destinés aux acteur·ices en Suisse et en France.
Parmi ses récentes mises en scène, on peut noter La vie est un Songe de Calderòn, En se couchant il a raté son lit de Daniil Harms, co-mis en scène avec Lilo Baur, La finta pazza de Sacrati, Le Dernier Jour où j’étais petite de Mounia Raoui, Jachère, Les Fils prodiges d’Eugène O’Neill, Les Trois Soeurs de Tchekhov, Médée de Cherubini, Idomeneo de Mozart, Elena de Cavalli, Don Giovanni de Mozart, Troïlus et Cressida, Agrippina de Haendel, L’Homme à tiroirs, Lettre au père de Kafka, La Panne de Dürrenmat.
En 2023, Jean-Yves Ruf crée Jouer son rôle de Jérôme Richer avec Thibaut Evrard et David Gobet à La Comédie de Genève. Il met aussi en scène Thibault Lacroix dans Vie et mort : rien de rien d’après l’œuvre de Samuel Beckett. Pour la saison 23-24, il monte Haru, un spectacle théâtre-opéra qui reprend les notes de Figaro sur un livret de Joël Bastard. Sur scène, il interprète Golaud dans Mélisande, d’après Pelléas et Mélisande de Maurice Maeterlinck et Claude Debussy, mis en scène par Richard Brunel.
Atelier #22
Du texte au théâtre d'objets en passant par la connerie
Laura Gambarini
Lors de ces trois jours d’initiation au théâtre d’objet, j’aimerais transmettre quelques clés simples que j’ai découvertes au fil du temps dans ma pratique. Mon théâtre d’objet est brut, sans que les objets soient transformés (ou peu transformés) et le·la manipulateur·rice joue à vue.
En nous basant sur un texte court, nous allons dans un premier temps analyser les besoins des différents personnages et de l’action générale : quels mouvements doivent-ils pouvoir faire ? Puis, nous entamerons un casting d’objet issus de notre vie quotidienne qui correspondent à ces actions. Enfin nous monterons des scènes pour tester et comparer les propositions.
Polyglotte, titulaire d’un master en littérature moderne de l’Université de Lausanne, LAURA GAMBARINI intègre en 2009 le Centre de formation de mime et de pantomime de Berlin. Elle y fait l’apprentissage d’une « langue universelle » qui lui permet de poursuivre son souhait le plus cher : aller à la rencontre des gens. De retour en Suisse, son envie de démocratiser le spectacle vivant la conduit naturellement vers l’espace public, où imprévu et proximité viennent challenger sa créativité. Le résultat est un théâtre où l’objet prend la parole et l’ordinaire des allures d’épopée. Un art savamment bricolé, qui se donne dans des espaces non-dédiés, comme une invitation à franchir en toute simplicité le seuil d’un univers déployé, depuis 2017, dans le cadre de la Cie du Botte-Cul, avec laquelle elle crée Le cirque du Botte-cul, Le Roi des petits-boutistes et The name of Nibelungen, qui connaît un très grand succès depuis sa création en janvier 2022.
Atelier d'écriture #3
De la scène à la page (et vice versa)
Valérie Poirier
Cet atelier propose une approche de l’écriture théâtrale qui alterne l’écriture à la table et la recherche au plateau.
L’autrice-animatrice proposera des consignes d’écriture variées qui tiennent compte de la diversité des écritures pour la scène aujourd’hui. Il s’agira aussi bien d’aborder le monologue, l’écriture dialogique que de s’emparer de matériaux plus romanesques, poétiques ou journalistiques et d’en fabriquer une matière à jouer.
Au cours de l’atelier, les participant.es auront la possibilité d’explorer au plateau les possibilités qu’offrent les partitions qu’ils auront écrites. Ce dispositif permettra ainsi d’enrichir, de questionner, d’éprouver les limites ou les directions possibles des textes préalablement écrits. Dans ce va-et-vient entre la scène et la page, l’écriture pourra également naître d’improvisations et se poursuivre à la table.
L’atelier se déroulera sur une période de quinze jours. Durant la première semaine, les consignes d’écriture seront aussi variées que possible. Durant la deuxième semaine, les participant.es seront invité.es à retravailler un, ou plusieurs des fragments accumulés la semaine précédente et à élaborer la construction d’une forme brève.
Comédienne de formation, VALÉRIE POIRIER réalise plusieurs mises en scène avant de se consacrer principalement à l’écriture. Ses pièces de théâtre sont jouées régulièrement en Suisse romande. Ses textes sont, pour la plupart, édités chez Bernard Campiche. Le texte John W. est édité à l’Arche en partenariat avec le théâtre Am Stram Gram. Un recueil de ses nouvelles Ivre avec les escargots est paru aux Éditions d’autre part dans la collection Lieu et Temps. Elle anime régulièrement des ateliers d’écriture et coanime l’Atelier-théâtre du théâtre de Carouge. En 2017, elle reçoit le Prix Suisse du Théâtre pour l’ensemble de son travail d’autrice. Elle est lauréate de la bourse Pro Helvetia 2021 et de la bourse de la Ville de Genève pour l'écriture théâtrale 2023.
2023-2024
Présence et rapport au public
Bastien Semenzato et Coline Bardin
L'entraînement de l'interprète est primordial pour la pratique des arts vivants. acquérir et entretenir une forme et une agilité physique propice au travail exigeant de répétition en est la base. Mais le moment de l'entraînement permet aussi de penser et de développer des qualités et des réflexes qui pourront à leur tour nourrir le travail de création.
Être en capacité de conscience des signes que l'on produit. comment les maîtriser, en jouer, les augmenter.
Etre en capacité d'ancrer son action dans un champ des possibles définis. Prendre en compte le dispositif scénique, le contexte, le public, et être en capacité d'en jouer.
Sur des bases d'exercices simples (qui peuvent être augmenté de règles du jeu) nous chercherons à nous investir physiquement, afin d'apprendre par l'expérimentation. traduire physiquement des consignes et des qualités, jouer dissocié et être toujours en distance ludique (donc en capacité de jouer) seront les éléments centraux des entraînements proposés.
En 2006 BASTIEN SEMENZATO sort diplômé de la première volée de la Manufacture. Il collabore avec Florence Minder, Manon Krüttli, Joan Mompart, Jean Liermier, Denis Maillefer - notamment sur « In love with Federer » co-écrit et co-mis en scène- et il joue dans la plupart des institutions romandes. A la télévision, il reçoit le prix Swissperform du meilleur comédien pour «Les Caprices de Marianne» réalisé par Helena Hazanov et joue un des rôles principaux de la série «10» de J-L.Chautems. Parallèlement à son activité avec la compagnie Superprod co-dirigée avec Céline Nidegger, il collabore étroitement avec Oscar Gomez Mata et la compagnie Alakran, notamment sur le spectacle «La Maison d’Antan» dont il signe la version «dans ta classe» et sur les spectacles «Le Direktør» et «Le Royaume». Il est chargé de cours depuis 2016 à la Manufacture pour le module de technique de jeu intitulé «Présence», il intervient également régulièrement à la HEM et à la HEAD.
Après sa licence à l'Université du Québec à Montréal et un Master d'Etudes Théâtrales (Université Paris VIII), COLINE BARDIN intègre en 2014 l’école de théâtre La Scène sur Saône à Lyon. En 2019 elle sort diplômée du Bachelor théâtre à la Manufacture - Haute école des arts de la scène de Suisse romande. Depuis, elle travaille notamment sous la direction de Pascal Rambert, Audrey Liebot, Muriel Imbach, Bastien Semenzato, Oscar Gómez Mata, Cosima Weiter, Alexandre Simon et assiste Nicolas Zlatoff. En 2021, elle co-ecrit et interprete (No) sex friends. En 2022, elle est artiste associée à l’Abri Genève où elle continue ses recherches autour de l'autofiction et présente son seule-en-scène La Mâtrue - Adieu à la ferme à la Sélection Suisse en Avignon et en Suisse romande. Parallèlement, elle donne plusieurs ateliers au sein d’écoles et accompagne des metteur.euses en scène dans la création de leur spectacle. Cette saison, elle poursuit la tournée de La Mâtrue.
Approche du texte
Ludovic Chazaud
En partant de scènes ou de monologues apportés par les participant·es, ainsi qu’un corpus à disposition, il sera envisagé plusieurs regards sur les interprétations possibles.
A l’aide de mises en jeu rapides ainsi que de lectures à vue, nous explorerons plusieurs outils pour aborder le texte en prise directe avec le plateau. Nous interrogerons les rapports avec le public, avec le·la partenaire, avec le personnage, en générant une constellation d’axes possibles pour l’interprétation d’un texte. N’usant d’aucun accent psychologique, axant les essais sur les points de vue imaginables, multiples, nous orienterons le travail sur des données techniques qui peuvent construire une interprétation pertinente.
LUDOVIC CHAZAUD * vit et travaille en Suisse comme metteur en scène, pédagogue, acteur et auteur de textes théâtraux. Il intègre la Manufacture en 2006. Acteur, il joue sous la direction de Lilo Baur, Georges Grbic, Joël Maillard, Julien Basler et Andrea Novicov. Il assiste le travail de ce dernier à plusieurs reprises. En 2009, il crée la Cie Jeanne Föhn avec laquelle il monte des textes d’auteur. Pour le plateau, il adapte divers récits, œuvres de fiction, documentaires ou témoignages.
Il enseigne régulièrement dans diverses structures (Le Théâtre du Loup, Le CFP art, Le CMG, La FC). En 2020, il écrit et met en scène, Sara, mon histoire vraie. Il prépare une réécriture de La Belle et la bête pour 2023 à la Comédie de Genève.
Approche du texte
Mariama Sylla
Très inspirée d’une part par la méthode Meisner que je pratique régulièrement depuis 2020 avec Pico Berkovitch, et d’autre part par L’Acteur et la Cible de D. Donnellan, je continue de développer des exercices physiques qui permettent de mettre le mental de côté, pour être au service de ce qui est « donné à voir » lorsqu’on interprète un rôle. Dans le cadre des entraînements de LA FC, je proposerai des exercices qui permettent de développer la présence scénique et l’attention sur l’autre. S’entraîner à lâcher prise avec le mental en mettant son attention sur le corps, l’espace, l’autre. Chaque séance sera constituée de 2 parties : une partie « échauffement » et une partie « technique » pendant laquelle je propose de travailler un monologue, à partir d’outils techniques très concrets – rythmes, intensités, volumes sonores, états de jeu et intentions. Il s’agira de faire des gammes avec notre propre instrument et d’entraîner son attention comme on entraîne un muscle.
Après son diplôme de l’ESAD (École Supérieure d’Art Dramatique, à Genève) MARIAMA SYLLA * continue de pratiquer le chant et la danse. Elle obtient également un CAS en dramaturgie en 2015.
Comme comédienne, elle travaille régulièrement en Suisse romande, où elle a l’opportunité d’interpréter de nombreux rôles, dans le répertoire contemporain et classique. Elle a notamment joué sous la direction de Claude Stratz, Charles Joris, Dominique Catton, Gilles Laubert, Raoul Pastor, Philippe Mentha, Martine Paschoud, Gaspard Boesch, Raoul Teuscher, Mauro Bellucci, Valentin Rossier, Georges Guerreiro, Didier N’Kebereza, Julien George, Benjamin Knobil, Camille Giacobino, Elidan Arzoni, Paul Deveaux, Roland Vouilloz et Daniel Wolf. Elle est la chanteuse du groupe Brico Jardin depuis 2006. Après avoir fait plusieurs assistanats, elle met en scène, notamment Jean et Béatrice de Carole Fréchette, Jean-Luc de F.abrice Melquiot et Hercule à la plage de Fabrice Melquiot (Avignon 2019), qu’elle assiste récemment dans sa mise en scène de Lazzi, au Théâtre des Bouffes du Nord à Paris. Elle a été responsable des ateliers du Théâtre Am Stram Gram de 2004 à 2022 où elle a notamment initié des ateliers intergénérationnels avec F. Melquiot en 2012.
Elle enseigne au Conservatoire de Musique de Genève dans les classes pré professionnelles depuis 2009.
À la télévision elle a notamment interprété la procureure Anne-Marie Djourou dans la série Quartier des Banques, réalisée par Fulvio Bernasconi (Point Prod et RTS). Dernièrement, vous avez pu la voir dans La République de Platon mise en scène par José Lillo, et La Règle du jeu d’après le film de Jean Renoir, dans la mise en scène de Robert Sandoz et Contractions de Mike Bartlett dans une mise en scène de Elidan Arzoni.
Analyse-Action
Nicolas Zlatoff
Le travail s’appuie sur la pratique de l’analyse-action, telle que l’a développée Constantin Stanislavski, et plus tard Anatoli Vassiliev, ainsi que d’autres outils plus spécifiques. Disposant d’un texte qu’iels ne connaissent pas encore, les interprètes tentent de le jouer avec leurs propres mots, en alternant des moments d’analyse (à la table ou en jeu) et des moments d’études au plateau. Ielsélaborent des compositions sensibles propres à chaque scène qui leur permettent d’improviser, de tester des hypothèses, de découvrir de nouveaux sens, pour développer peu à peu une aptitude au plateau à « penser et vêtir ses pensées des mots que l’auteur lui a donnés » dans le texte original.
Issu d’une formation initiale scientifique (ingénieur de l’Ecole Centrale puis Docteur ès Sciences de l’INSA), NICOLAS ZLATOFF * intègre le Master Mise en Scène de La Manufacture, Haute Ecole de Théâtre de Suisse Romande en 2013, où il développe pendant deux ans une recherche à la fois théorique et pratique sur la représentation de l’acte de penser. Il a dirigé plusieurs projets de recherche dans la continuité de ce travail, soutenus par le FNS, l'IRMAS et la HES-SO.
Son travail articule des éléments autofictionnels à des textes, théâtraux ou non, des dispositifs, vidéos, images, musique, mouvements, etc. pour créer des formats variés, de l’installation au théâtre, de la conférence à la performance et au concert, qui questionnent la place du public dans chacun de ces modes de représentation. Ses créations ont été présentées à la Comédie de Genève, à l'Arsenic (Lausanne), au Théâtre Saint-Gervais (Genève), au Festival Antigel (Genève), au TLH-Sierre, ainsi qu’en France, principalement à Paris (Maison des Métallos, Théâtre de l’Aquarium, La Loge), Lyon (Les Subsistances, Nouveau Théâtre du 8è, Elysée) et en Amérique Latine (Mexique, Colombie). Il est également enseignement pour le Bachelor Théâtre de La Manufacture.
Clown et idiotie
Alexandra Gentile et Sara Uslu
Ce training s’axe autour du travail du clown et d’une forte envie de provoquer la joueuse ou le joueur sur le plateau. Il se propose d’explorer l’état d’idiotie et ses dénivelés émotionnels, ainsi que le rapport au public et au présent, avec pour moteurs le plaisir et la connerie.
Nous aménagerons un espace de préparation et un terrain de jeu où pourront se déployer les imaginaires, l’écriture spontanée née de désirs irrépressibles, peut-être les plus beaux morceaux de texte ou peut-être les pires aussi… Tout ça, pour aller se frotter sans filtre et avec panache à des moments de joie, de solitude, d’échec et de brillance.
Merci de venir avec des costumes, accessoires et autres splendeurs qui pourront donner du jeu aux clowns,et si vous avez, un nez rouge avec élastique.
Comédienne polyglotte basée à Lausanne, ALEXANDRA GENTILE * se forme à l’Université de Lausanne et à l’Accademia Teatro Dimitri au Tessin. Elle collabore avec différentes compagnies de théâtre en Suisse Romande en tant qu’interprète, metteuse en scène et autrice.
Elle aime intégrer à sa pratique théâtrale ce qu’elle glane au fur et à mesure de son cheminement artistique (art du clown, chant polyphonique, danse contemporaine, marionnettes et théâtre d’objet). Elle se forme en clown auprès de François Cervantes, Catherine Germain, Hélène Vieilletoile, Gabriel Chamé Buendia, Vincent Rouche, Dominique Chevallier et Fred Robbe.
Elle fait converger sa recherche et son travail à l’endroit de notre humanité où les questions trop grandes, notre profonde idiotie, nos contradictions, notre joie de vivre et nos parts d’ombre se percutent et s’embrassent.
Quand elle n’est pas sur un plateau, elle transmet sa passion pour le théâtre, le mouvement et le clown par le biais de stages et de workshops pour adultes.
SARA USLU * se forme au Tessin, à l'Accademia Teatro Dimitri. Elle travaille depuis 2016 en tant de danseuse, comédienne et clownesse avec diverses compagnies de théâtre romandes. Elle enseigne le théâtre et le mouvement à des ados, à des adultes et à des professionnel·les dans la région de Genève. Dans son travail, elle aime passer du mouvement au verbe, de la salle à la rue, de la transmission à l’art du clown, pour laisser éclater sa joie du dedans au dehors. Elle aime s’emparer très librement de toutes les dimensions du jeu, et trouve dans le réel une source inépuisable de réenchantement de l’imaginaire.
Le lâcher-prise comme outil de jeu pour l’acteur·ice
Manon Krüttli
Manon Krüttli propose de travailler à partir de la notion de lâcher-prise afin de comprendre ensemble comment celle-ci peut devenir un outil de jeu permettant à l’acteur·ice de développer « une maîtrise non-volontaire » sur le plateau. Chaque séance sera divisée en deux temps. Nous commencerons par explorer des protocoles de jeu permettant de développer ses capacités d’écoute, de dissociation et de perméabilité. Puis, nous éprouverons comment ces protocoles nous donnent des outils concrets d’interprétation, à partir d’une scène extraite d’Ivanov de Tchékhov : acte III, scène IX, dans la traduction de Markowicz et Morvan éditée dans la collection Babel.
Les participant·es sont invités à apprendre le rôle de leur choix (Anna Pétrovna ou Ivanov, en fonction du genre dont vous vous sentez le plus proche) dans la scène choisie. Celles et ceux qui n’ont pas la possibilité d’apprendre au préalable pourront travailler texte en main et assimiler le texte au fur et à mesure.
Après des études au Conservatoire de Genève, aux Universités de Berne et de Berlin, ponctuées d’assistanats à la Schaubühne de Berlin et au Théâtre Vidy-Lausanne, MANON KRÜTTLI * complète sa formation par un master en mise en scène à La Manufacture de Lausanne. Ces dernières années, elle travaille régulièrement au POCHE /GVE où elle met en scène les comédies québécoises Unité Modèle et Les Morbydes, La Côte d'Azur de Guillaume Poix, trop courte des jambes de Katja Brunner, Dans le bar d'un hôtel à Tokyo de Tennessee Williams et Le Père-Noël est une benne à ordures de Guillaume Poix. En 20/21, elle a présenté Le Projet Léger(Nidegger, Krüttli, Thébert, Bühler) en deux volets : Généalogie Léger et Miss None au Théâtre du Grütli à Genève.
Elle dirige la compagnie UmLaut avec Jonas Bühler, avec laquelle ils ont signé deux spectacles : Le Large existe (mobile 1) au TPR à La Chaux-de-Fonds et Comme des bêtes au TO-Théâtre de l’Orangerie à Genève.
2022-2023
Approche de la technique Meisner
Prune Beuchat
Le but de la technique Meisner (développée par le professeur de théâtre états-unien Sanford Meisner) est de sortir le comédien de son mental, de manière à ce qu’il réagisse spontanément dans la relation avec son partenaire. Il s’agit, par la pratique régulière d’un exercice très structuré, de développer son écoute active, son point de vue, sa spontanéité et donc sa présence sur un plateau. Cette technique englobe aussi le travail de préparation émotionnelle, d’improvisation et d’analyse de texte. C’est une méthode qui se digère lentement. Prune Beuchat, qui fréquente la technique Meisner depuis plusieurs années, et qui l’utilise pour nourrir son propre jeu, en proposera ici une initiation.
PRUNE BEUCHAT * veut faire du théâtre depuis qu’elle est enfant. Elle suit des cours aux Conservatoires de Fribourg, Genève et Lausanne et intègre finalement l’ENSATT à Lyon. En 2006, son diplôme en poche, elle devient artiste auxiliaire à la Comédie Française et y travaille avec Omar Porras et Christophe Rauck. Elle collabore ensuite comme interprète avec des metteur·es en scène aux recherches variées : Jacques Vincey, Anne Bisang, Gérard Desarthe, Nicolas Gerber, Philippe Mentha, Michel Raskine, Anne Astolfe (cie Le Laabo), Louise Vignaud, Baptiste Guiton, Nicolas Zlatoff, Cédric Dorier, Sarah Eltschinger, Piera
Bellato, Mathilde Morel. Parallèlement, elle suit des ateliers de formation continue et rencontre Pico Berkowitch avec lequel elle pratique la méthode Meisner depuis 2015. Le travail à la caméra la passionne également. Depuis 2012, elle tourne dans des courts-métrages, séries et film avec Eric Woreth, Serge Meynard, Guillaume Mainguet, Guilhem Amesland, Okacha Touita, Robin Harsch, Ludovic Damiano, Anne Thorens et Delphine Lehericey. Intéressée par la recherche, la transmission et l’accompagnement d’artiste, elle est assistante d’enseignement et de recherche à La Manufacture à Lausanne de 2017 à 2019. Elle poursuit ce travail en animant plusieurs séances du Training permanent de *La FC*, et en accompagnant des artistes telles que Coline Bardin et Anne Ottiger à la création de leur seule en scène. Depuis 2022 elle est coach en art oratoire à La Manufacture. Durant la saison 22-23, elle conduit un projet de Recherche avec le metteur en scène Julien Meyer intitulé : « Action littérale, comment travailler un texte sans qu’il nous fige », à La Manufacture de Lausanne et au Dansomètre à Vevey.
Théâtre spontané et improvisation
Tiphanie Bovay-Klameth, Laurent Baier, Adrien Knecht
« Je travaille avec le sérieux d'un enfant qui joue. » Saint-John Perse
Ce que nous appelons « théâtre spontané » est à la fois un ensemble de techniques artistiques et un état d'esprit favorisant la création ex nihilo.
Ce que nous appelons « improvisiation » c'est l'acte de se laisser aller au plaisir immédiat du jeu et l'exultation de l'imaginaire.
Pour nous, improviser sur scène c'est se mettre au service du seul instant présent. C'est développer une écoute totale de l'autre, de la salle et de nos propres sensations. C'est cultiver son instinct dramaturgique pour inventer des scènes cohérentes en quelques secondes. C'est oser démarrer un voyage dans l'inconnu en conservant l'absolue conviction que quelque chose de beau et d'inattendu nous attend quelque part. C'est mettre en veilleuse les velléités de résultat et les injonctions à être brillant·es, le temps d'une brève éternité.
Et avant tout, réapprendre à improviser c'est prendre appui sur des outils techniques fiables et professionnels pour aller réveiller cette jubilation quasi naïve de « l'état de jeu », dans son acception première du terme.
Dans ce training, nous nous engageons auprès des participant·es à :
- les accompagner dans l'acquisition des outils techniques requis par cette pratique
- les soutenir dans la libération de leur imaginaire afin qu'iels multiplient les chemins créatifs
- revenir à cet état de « presque-idiotie » où le jeu précède nécessairement l'intelligence
- prendre leur pied en laissant naître spontanément de vrais et beaux moments de théâtre
- les faire jouer en groupe et en solo, brièvement et longuement, en musique et en silence...
- faire de l'instinct l'une des prémices nécessaires à l'acte créatif
- jouer, jouer, jouer, jouer, compléter-modifier-refaire, jouer, jouer, jouer. Et kiffer ça jusqu'à en pleurer de plaisir !
Nous sommes trois acteur·ices aguerri·es dans la pratique du théâtre spontané et de l'improvisation cumulant plus de 60 ans d'expérience et des centaines d'heures d'enseignement. Et après autant de temps passé à arpenter les coulisses superbes des imaginaires de nos stagiaires et de nos spectateur·ices, nous continuons de nous émerveiller de chaque découverte comme si c'était la première. Ensemble, nous partageons la certitude que développer sa faculté à improviser, c'est offrir une cure de jouvence à sa créativité et un peu de vacances à son auto-jugement.
TIPHANIE BOVAY-KLAMETH * Née en 1984, elle se forme comme comédienne à La Manufacture - HETSR de 2004 à 2007. En 2008, elle rejoint l’univers des Deschiens et joue Salle des Fêtes de Macha Makeïeff et Jérôme Deschamps. Au sein de la 2b company, elle travaille avec le metteur en scène François Gremaud (RE, en 2009). En compagnie de ce dernier et de Michèle Gurtner, elle fonde le collectif GREMAUD/GURTNER/BOVAY. À trois, ils créent KKQQ, Récital, sont artistes associés du FAR festival de Nyon avec Présentation. Puis, ils créent Chorale, Western Dramedies, Les Potiers, Vernissage et Les Soeurs Paulin à l’Arsenic et au Centre Culturel Suisse de Paris, et enfin Pièce, au Théâtre de Vidy. Tiphanie Bovay-Klameth collabore également avec Marielle Pinsard, Joël Maillard ou encore Guillaume Béguin en jouant et en participant à l’écriture de plusieurs pièces. Parallèlement, elle a une grande expérience en tant qu’improvisatrice avec la Cie du Cachot, Lausanne-Impro, Improlabo, et fait partie de l’équipe suisse professionnelle d’improvisation. Elle joue également à Paris Impro et remporte la Coupe avec l’équipe Trocadéro en 2018. En outre, elle donne des stages d’écriture de plateau à de jeunes comédiens dans le cadre de leur formation professionnelle. En 2017, elle crée la compagnie TBK afin de réaliser ses propres projets et présente son premier solo, D’Autres. Elle reçoit le prix François Silvant et fait l'ouverture de la Sélection suisse en Avignon 2018. En 2019, la Fondation Vaudoise pour la Culture lui décerne le Prix Théâtre.
ADRIEN KNECHT * Comédien et musicien né en 1984, il débute l'improvisation théâtrale en 1998 au sein de la ligue d'improvisation vaudoise. Après avoir pratiqué les matches d'improvisation, il étend sa pratique à d'autres formes en rejoignant la troupe de Casting (2006) et en collaborant à la création des spectacles Improlido (2009), Dimanche (2014), Eminences grises (2017). En été 2016, il part aux États-Unis pour élargir sa pratique du théâtre improvisé et suit une formation au théâtre iO de Chicago. À côté de son activité d'improvisateur, il a également joué pour plusieurs metteur·es en scènes : Alexandre Doublet, Julien Barroche, Alain Borek et Pauline Castelli. En 2018, il crée la compagnie Knack qui lance le projet de spectacle improvisé Pur Bœuf, et la création collective Friture et chats errant (2021). Formé à la pédagogie (HEP) et à l'éducation populaire (Université de Lille), il enseigne le théâtre improvisé dans diverses structures et développe une offre de stage, seul ou en collaboration. Également actif dans le domaine de la musique (basse, contrebasse, chant), il explore l'univers de la chanson à texte avec la création de Fils Gillégitimes (2013), une relecture du répertoire de Jean Villard Gilles, et Georges encore (2017) explorant l'univers deBrassens. Il rejoint le groupe Kind & Kinky Zoo en tant que bassiste en 2017 avec lequel il sort trois singles, participe à quelques grands festivals (Paléo, Hook & Sling) et part pour plusieurs tournées à l'étranger (Allemagne, Italie, Autriche, Japon).
LAURENT BAIER * né à Lausanne en 1979, se passionne pour l'art dramatique et l'improvisation depuis plus de 25 ans. Son amour inconditionnel pour les grands récits, les fables et les métaphores l'encourage à devenir tour à tour libraire, étudiant en Histoire et Sciences des Religions, hypnoprathérapeute et acteur. Depuis l'obtention de son diplôme (HETSR-La Manufacture) en 2010, il a joué dans plus de 80 spectacles en Francophonie, en passant du théâtre contemporain à l’improvisation, du contes érotiques (en LSF) au théâtre social ou du théâtre d’appartement à au théâtre d'objets. En plus de partiquer les arts vivants, il s'adonne à l’écriture, à la mise en scène, à la télévision, à la pédagogie et au théâtre en entreprise. Dans ces diverses disciplines artistiques, il a notamment collaboré avec Françoise Boillat, Robert Sandoz, Marielle Pinsard & Alexandre Doublet, Camille Giacobino, Christian Geoffroy-Schlittler, Emmanuel Moser, Christophe Saber, Geoffrey Dyson, Vincent Veillon et Vincent Kucholl. Et lorsqu’il n’est pas comédien, il anime des ateliers d’Art Oratoire, transmet sa passion des arts de la scène lors de stages professionnels ou propose ses services d'hypnothérapeute. Pour Laurent, ce sont nos histoires qui nous racontent et non l'inverse.
2022
Analyse-Action
Nicolas Zlatoff
Le travail s’appuie sur la pratique de l’analyse-action, telle que l’a développée Constantin Stanislavski, et plus tard Anatoli Vassiliev, ainsi que d’autres outils plus spécifiques. Disposant d’un texte qu’iels ne connaissent pas encore, les interprètes tentent de le jouer avec leurs propres mots, en alternant des moments d’analyse (à la table ou en jeu) et des moments d’études au plateau. Iels élaborent des compositions sensibles propres à chaque scène qui leur permettent d’improviser, de tester des hypothèses, de découvrir de nouveaux sens, pour développer peu à peu une aptitude au plateau à « penser et vêtir ses pensées des mots que l’auteur lui a donnés » dans le texte original.
Issu d’une formation initiale scientifique (ingénieur de l’Ecole Centrale puis Docteur ès Sciences de l’INSA), NICOLAS ZLATOFF * intègre le Master Mise en Scène de la Manufacture, Haute Ecole de Théâtre de Suisse Romande en 2013, où il développe pendant deux ans une recherche à la fois théorique et pratique sur la représentation de l’acte de penser. Il a dirigé plusieurs projets de recherche dans la continuité de ce travail, soutenus par le FNS, l'IRMAS et la HES-SO.
Prune Beuchat
Approche de la technique Meisner
Le but de la technique Meisner (développée par le professeur de théâtre états-unien Sanford Meisner) est de sortir le comédien de son mental, de manière à ce qu’il réagisse spontanément dans la relation avec son partenaire. Il s’agit, par la pratique régulière d’un exercice très structuré, de développer son écoute active, son point de vue, sa spontanéité et donc sa présence sur un plateau. Cette technique englobe aussi le travail de préparation émotionnelle, d’improvisation et d’analyse de texte. C’est une méthode qui se digère lentement. Prune Beuchat, qui fréquente la technique Meisner depuis plusieurs années, et qui l’utilise pour nourrir son propre jeu, en proposera ici une initiation.
PRUNE BEUCHAT * Formée à l’ENSATT, Prune Beuchat a joué à la Comédie-Française sous la direction d’Omar Porras et de Christophe Rauck. Au théâtre, elle travaille notamment avec Jacques Vincey, Anne Bisang, Gérard Desarthe, Nicolas Gerber, Philippe Mentha, Michel Raskine, Anne Astolfe (cie Le Laabo), Louise Vignaud, Baptiste Guiton, Nicolas Zlatoff et Cédric Dorier. Elle a tourné dans des séries et courts-métrages, notamment avec Eric Woreth, Serge Meynard, Guillaume Mainguet, Guilhem Amesland, Ludovic Damiano et deux longs-métrages de Okacha Touita et Robin Harsch. Elle pratique la méthode Meisner avec Pico Berkowitch depuis 2015. En 2018 et 2019 elle est assistante d’enseignement et de recherche à La Manufacture à Lausanne.
François Renou
« Le Juste Effort » — Appuis vocaux et musicaux pour la pratique scénique
Un intérêt majeur de la pratique chorale comme de la technique vocale classique est d’aider à maîtriser le rapport entre « l’artifice », c’est-à-dire le code-outil de monstration, et ses sources organiques. Si certain·es parviennent à construire une expressivité vocale de manière spontanée, beaucoup d’entre nous percevons la voix comme un endroit de fragilité plus ou moins inéluctable. Il n’est pas toujours évident d’appréhender cette énergie brute, et d’être capable de l’apprivoiser de manière à ce qu’elle soit agréable, réitérable et valorisable dans nos pratiques scéniques. Ainsi, apprendre à « jouer » de cet instrument si singulier, seul et/ou à plusieurs, c’est identifier les rapports internes à soi en jeu dans l’acte de chanter. Paradoxalement, ceux-ci sont vecteurs de présence par un dédoublement : être à la fois instrumentiste et instrument, actif·ve et à l’écoute, volontaire et instinctif·ve, conscient·e de ce qui tient et de ce qui bouge. Ce training s’adresse donc à celles et ceux qui sont amené·es à chanter en scène, mais aussi aux professionnel·les qui souhaitent diversifier ou approfondir leurs appuis techniques.
FRANCOIS RENOU * est metteur en scène et chanteur. Il est l’auteur de plusieurs mises en scène d’opéra et de théâtre musical, en commande comme en création. Il collabore avec de nombreuses compagnies et institutions de l’arc lémanique, et assure le suivi vocal d’artistes scéniques de la région. Il chante depuis 2014 au sein de l’Ensemble Vocal Lausanne, et a co-fondé le quatuor vocal Pymazov en 2018.
Jean-Daniel Piguet
Théâtre documentaire — Récolter et jouer
Je viendrai d’abord m’appuyer sur le cinéma documentaire, afin d’aborder des questions liées au tournage et au montage (la récolte et l’écriture). Cet abord théorique sera nourri par des exercices pratiques au plateau (travail à l’oreillette sur des séquences de film). Ensuite, nous questionnerons plus directement le champ du théâtre documentaire, et nous essaierons de trouver une manière qui nous semble « juste » pour récolter quelques matériaux dans la réalité qui nous entoure.
Comment aborder ces matériaux pour qu’ils prennent de l’ampleur sur un plateau ? Est-ce différent d’un travail vis-à-vis d’un texte écrit par un auteur de théâtre ? Le théâtre documentaire nous empêche d’emblée d’aller vers l’incarnation d’un personnage. En effet, contrairement à Hamlet (qui n’existe pas, et qu’on pourrait éventuellement prétendre faire « apparaître »), les paroles documentaires font références à des personnes existantes : ce serait déjà partir perdant que de tenter d’incarner une personne qui existe, car nous ne ferons jamais mieux que ce qui est déjà là. A la place d’incarner, nous sommes donc contraint·es d’essayer de fantasmer, de caricaturer, de reconstituer, de faire sonner (comme des musicien·nes), etc.
JEAN-DANIEL PIGUET * est metteur en scène. Il crée des spectacles qui questionnent le potentiel fictionnel de la réalité qui nous entoure (Passe, Pas Perdus, Memoria Libera, Partir). Il travaille avec plusieurs ami·es artistes en tant que collaborateur artistique, dramaturge ou performer (Mélina Martin, Oscar Gomez Mata, Rémi Dufay, Camille Mermet, Yan Duyvendak, Mélanie Gobet, Maxime Gorbatchevsky, Floriane Mésenge). Aimant interroger le lien entre théâtre et société, il suit deux parcours de la Marmite – mouvement artistique, culturel et citoyen- en tant qu’artiste associé. En 2020, il est lauréat de la Bourse Leenaards.
Solange Schifferdecker
Le corps créatif: Body-Mind Centering®
La beauté de la recherche corporelle est qu’elle est infinie, qu’elle touche directement notre quotidien et le travail artistique scénique (danse, théâtre) par une meilleure conscience de notre posture physique, qu’elle nous relie directement et profondément à nous-mêmes et qu’elle est un potentiel de créativité et d’expression fantastique. Un outil de ce training est l’anatomie du corps. Mieux connaître les différentes structures du corps humain permet d’en faire une source de création. Ce training s’adresse à toute personne qui aime bouger, danser, explorer. Chaque séance sera l’occasion de plonger dans une structure spécifique du corps (squelette, organes, liquides, muscles, développement moteur de l’enfant…), puis de jouer avec les qualités et sensations qui en ressortent : comprendre et approfondir les intentions corporelles qui émergent, développer des nuances, sortir de ses habitudes corporelles et créer des atmosphères spécifiques par le mouvement.
SOLANGE SCHIFFERDECKER * Diplômée en 2009 d’un Bachelor en théâtre physique à l’Accademia Teatro Dimitri (HES), Solange Schifferdecker a complété ses études par une année à l’atelier de théâtre physique de l’Académie Universitaire JAMU (Rep. Tchèque). Elle pratique ensuite son métier en Suisse et en Belgique, avec des compagnies de théâtre et de danse, mêlant constamment ces deux arts. Elle développe ses propres créations artistiques dont Voisinage moléculaire présenté à Lausanne ainsi qu’à Locarno en 2018, travaille avec Marcela San Pedro et rejoint dès 2017 la troupe permanente du SAT, dirigée par Gabriel Alvarez. En parallèle, elle approfondit une recherche dans les divers langages du corps à travers des stages de danse contemporaine, danse butoh et se forme en tant qu’éducatrice somatique en Body-Mind Centering®. Depuis 2018, elle donne des cours et stages en lien avec le BMC® en Suisse et notamment à l’Accademia Dimitri.
Fabio Bergamaschi
Improvisation sur le mouvement
Ce training propose un travail sur la perméabilité des corps dans un dialogue physique basé sur l’improvisation. A travers une prise de conscience tant personnelle qu’environnementale, une dynamique de groupe se développera lors des performances en solo, duo ou en groupe.
En explorant les outils de l’improvisation du mouvement tels que l’espace, le temps, le poids et les impulsions du mouvement, ce training cherchera à créer un flux continuel d’idées pour développer une composition spontanée. A partir de la peau et en passant par les différentes couches de la structure du corps, un dialogue s’établira entre l’observation et l’attention ; un cadre sera créé, qui permettra de ramener à la conscience les choix que nous faisons et les possibilités qu’ils déterminent, en provoquant un état profond d’écoute.
Né en Italie, *FABIO BERGAMASCHI étudie la danse à L’Atelier de Danse-Théâtre de Milan, dans La scuola d’arte drammatica Paolo Grassi (IT). Lauréat d’une bourse d’études, il intègre ensuite La scuola di specializzazione per danzatori contemporanei, coordonnée par l’Art/Aterballetto Dance Company (IT). Entre 2002 et 2016, il a travaillé à Suisse pour à la Compagnie Alias, basé à Genève. Actuellement, il travaille régulièrement avec la Cie Prototype Status/J. Morand et est intervenant à La Manufacture - Haute école des arts de la scène. En février 2015 il obtient un CAS en Médiateur culturel à l’HES-SO de Lausanne. En parallèle, il collabore avec de nombreuses compagnies de danse en Suisse et ailleurs.
Agathe Hauser
L’improvisation pour quand on a pas d’idée du tout de quoi faire et que ça devient gênant
Qu’est-ce qui se passe quand il ne se passe rien ? Comment improviser sans avoir une bonne idée de scène à jouer ? Est-ce qu’on peut jouer des scènes sans histoire, sans drame, sans tension, sans conflit ? Comment on joue quand on n’a rien à jouer ?
L’idée est d’explorer comment on peut se rendre disponible en tant qu’acteur et actrice à la moindre micro-fiction, au plus petit stimulus et à comment il nous impacte, comment appréhender cette sensation d’être en scène, sous le regard de quelqu’un·e·x, sans chercher à produire du contenu spectaculaire, tout en étant prêt·e·x à saisir les occasions de jouer seul·e·x, avec ses partenaires ou avec le public, découvrir comment nous impacte ce travail du cerveau qui consiste à repousser « les bonnes idées » qu’il crée, tout en restant attentif aux idées qui sont là autour de lui et dont il pourrait se saisir pour faire advenir une scène.
*AGATHE HAUSER est née en 1991 à Lausanne. C’est aussi là qu’elle s’est formée à l’Ecole supérieure de théâtre des Teintureries, dont elle sort diplômée en 2016. Depuis, elle a joué dans Stück Plastik de Marius von Mayenburg mis en scène par Gianni Schneider, A deux heures du matin de Falk Richter mis en scène par Gabriel Dufay, Bruxelles, printemps noir de Jean-Marie Piemme mis en scène par Philippe Sireuil, Le Roi se meurt d’Eugène Ionesco mis en scène par Cédric Dorier. Elle a écrit et mis en scène Klagenfurt en 2016 dans le cadre du festival « Les Envolées » aux Teintureries, ainsi que Liberté : une recherche improvisée avec 5 adolescent·es, présenté à la Grange de Dorigny en 2017. Elle est également improvisatrice, notamment sous la direction d’Alain Börek dans Les Furieuses et Dance is the answer, ou de Marion Chabloz dans Eminence Grise.
2021
Coralie Vollichard
Méthode respiratoire
La méthode de respiration Sandra-Romond permet une exploration profonde et minutieuse de l’instrument respiratoire. En effet, elle met à jour l’importance de l’expiration dans le travail de l’acteur·ice, comme étant un vecteur majeur d’authenticité et d’ancrage de la parole.
La pratique s’articule en deux temps : la gymnastique respiratoire (renforcement des muscles profonds qui participent à la physiologie du souffle) et la phonation (ouverture du larynx, relâchement de la gorge et détente de la mâchoire).
Par l’exercice régulier de cette méthode de respiration, l’acteur·rice peut développer avec aisance une endurance vocale et un ancrage profond. De véritables résultats sont visibles sur la pose de voix avec davantage de calme et d’endurance.
Ainsi la méthode invite à comprendre et sentir qu’en tant qu’êtres humains, dotés d’un appareil phonatoire, nous sommes des instruments à vent. Pour les acteur·ices, cette perspective permet de redonner à la respiration, et ici à l’expiration, toute son importance, pour l’adresse, la précision et le concret des mots énoncés à chaque prise de parole.
CORALIE VOLLICHARD * Elle est professeure régulière de la méthode à l’école des Teintureries depuis 2018. Fille de musicien·ne·s, elle-même chanteuse et passionnée par l'expression corporelle, et le théâtre, elle se forme comme comédienne à l'École de théâtre des Teintureries, où elle découvre la méthode de respiration Sandra-Romond. Dès sa sortie en 2017, elle se tourne plus intensément vers cette pratique auprès de Catherine Rétoré, qui tient l’école de la respiration de Paris et qui enseigne entre autres à l’ESAD. Elle travaille également comme comédienne et assistante à la mise en scène au théâtre avec différent·es artistes suisses et étranger·es comme Isabelle Vallon (cie Transvaldesia), Gian Manuel Rau, Ludmilla Nekrassov, Giulia Belet, etc. Elle jouera cette saison 20/21 dans Girls and Boys de Dennis Kelly, mis en scène par Clémence Mermet, au Théâtre 2.21 à Lausanne, et dans le projet Bande à part, un “midi théâtre” en création au Théâtre du Reflet à Vevey. Elle enseigne le théâtre aux amateurs depuis 2019 aux ateliers de la Madeleine à Lausanne et à Improsuisse depuis 2020. Elle est aussi chanteuse et co-compositrice dans le groupe de pop electro rock epic Don’t Kill Duncan, crée en 2019, notamment programmé au festival du Lombric en août 2020.
Jérôme Richer
Atelier d’écriture
Sous le familier, découvrez l’insolite,
Sous le quotidien, décelez l’inexplicable.
Puisse toute chose dite habituelle vous inquiéter.
Dans la règle, découvrez l’abus
Et partout où l’abus s’est montré,
Trouvez le remède.
(Extrait de L’Exception et la règle de Bertold Brecht)
Quel rapport le théâtre entretient avec le réel ? Depuis le 19ième siècle, avec le Wozzeck de Büchner, le théâtre a opéré un glissement, mettant de plus en plus en scène des personnages qui n’appartiennent pas à la grande histoire, ou plutôt que cette grande histoire refuse de considérer comme ses protagonistes (au contraire des personnages illustres ou d’une classe opprimée consciente d’elle-même). C’est l’irruption du fait divers sur les scènes de théâtre. Plus qu’un objet de fascination, le fait divers nous parle de nous. Il nous demande de dépasser notre état de sidération pour aller au-delà des apparences et des jugements moraux. Le fait-divers est le lieu où s’exprime ce qui dysfonctionne dans une société. A travers l’atelier, nous attacherons à explorer les infinis possibilités d’écriture que recèlent les faits divers, en nous appuyant sur quelques pièces importantes du répertoire (celles d’Ödön Von Horvath, Rainer Werner Fassbinder, Bernard-Marie Koltès, …) et sur l’actualité du moment.
JÉRÔME RICHER * Né en 1974, il suit d'abord une formation universitaire en droit, puis après un détour par l'éducation spécialisée, il se dirige vers l'écriture théâtrale et la mise en scène. Jérôme Richer se nourrit du réel pour écrire ses textes et construire ses spectacles. En tant qu'auteur, il est lauréat de plusieurs bourses et prix dont la bourse littéraire de Pro Helvetia et la bourse culturelle de la Fondation Leenaards. Trois de ses textes ont reçu le prix de la Société suisse des auteurs (SSA) à l'écriture théâtrale (Naissance de la Violence en 2006, Écorces en 2008, Défaut de fabrication en 2012). Ses textes ont été mis en scène, en espace ou en lecture en Suisse, en France, en Belgique, au Luxembourg, au Québec, en Allemagne, aux États-Unis et en Guinée. Ils sont publiés aux éditions Espaces 34, Bernard Campiche et Alna. Ils sont traduits en anglais et en allemand. Jérôme Richer anime très régulièrement des ateliers d'écriture, en particulier pour la Haute École de Travail Social (HETS) à Genève.
Tiphanie Bovay-Klameth & Adrien Knecht
Improvisation
Les outils de l’improvisation théâtrale permettent aux comédien·nes d’appréhender leur pratique sous un angle nouveau, de libérer leur imaginaire, d’écrire de façon spontanée, et les habituent à faire avec ce qui advient. Au travers d’exercices spécifiques, en groupe et en solo, notre idée est d’encourager la souplesse, la réactivité et la singularité de chacun·e. En trois mois, nous imaginons donner des outils d’improvisation théâtrale qui permettent aux comédien·nes d'être capables d’inventer des scènes, de composer les un·es avec les autres et de se connecter à leurs singularités. Praticien·nes d'improvisation théâtrale depuis plus de vingt ans et enseignant·es depuis plus de dix ans, nous avons pu observer à quel point cette pratique exerce au lâcher-prise, à produire de la matière, à rebondir et à s’adapter. Cela est particulièrement utile lors de créations, d’écritures de plateau et d’auditions.