ARCHIVES

2021

 

*atelier #1

Interpréter un texte au double-sens du jeu et de l'analyse
(Représenter l'activité silencieuse et invisible de la pensée)
Nicolas Zlatoff 

S’il fallait décrire mon travail, on pourrait dire que je cherche à représenter scéniquement l’activité, habituellement silencieuse et invisible, de la pensée d’un·e acteur·ice au travail. Par « pensée », j’entends aussi bien l’action de forger des concepts que celles qui relèvent de l'association d'idées, de la divagation et du délire, voire de l’ivresse et de la folie. 

Je prolonge une technique issue de l’Analyse-Action, forgée par Constantin Stanislavski, à la fin de sa vie, puis par Maria Knebel, dans laquelle les acteur·ices tentent de jouer un texte de théâtre avec leurs propres mots, tout en ne connaissant pas encore « par cœur » ce texte.  En élaborant au fil des exercices de jeu une « composition », un plan ou canevas peuplés d’images sensibles et personnelles, ils apprennent à suivre cette composition « comme une partition invisible », pour rapprocher peu à peu les mots de l’auteur et du personnage. Parce que l’acteur joue, avec ses propres mots, un personnage d’un texte qu’il ne connaît pas encore, il développe une aptitude à « penser et vêtir ses pensées des mots que l’auteur lui a donnés ». 

Puisque cette pensée se déploie directement dans le jeu de l’acteur, elle est très différente d’une pensée qui aurait été produite dans un travail à la table : elle est vive, foisonnante et instable ; elle ouvre des sens multiples ; elle se permet d’être irrévérencieuse et décalée parce qu’elle joue avec les concepts, fait glisser leur sens, et provoque des résultats inattendus : les acteurs sont souvent surpris eux-mêmes de ce qui est produit. 

La position des acteurs se redouble : ils sont interprètes au sens du jeu (ils jouent, à des degrés d’engagement divers) mais ils sont également, dans le même temps, en position d’interprète au sens de la dramaturgie, ou plus généralement des études littéraires : ils analysent le texte en cours de travail, font des hypothèses de sens, et convoquent la mise en jeu pour valider ou invalider leurs hypothèses. 

Le théâtre et la mise en jeu opèrent donc à la fois comme un catalyseur de la pensée de l’acteur, mais également comme un révélateur de cette pensée auprès des spectateurs.  

NICOLAS ZLATOFF * Diplômé de la Manufacture – HETSR de Lausane en 2013, il y développe pendant deux ans une recherche à la fois théorique et pratique sur la représentation de l’acte de penser. Il travaille notamment avec Claire de Ribeaupierre, Robert Cantarella, Jean-Yves Ruf, Julie Sermond, François Gremaud, René Zahnd, Nicolas Doutey, Sylvie Kleiber et Roberto Serafide. Il a dirigé plusieurs projets de recherche dans la continuité de ce travail, soutenus par la HES-SO. À sa sortie de l’Ecole, il crée Gaspard Productions à Sierre, travaille avec le TLH-Sierre, le Musée d’Art Brut (Lausanne), l’Orchestre de Chambre de Lausanne, Valeria Bertolotto et Aline Papin (projetAutofedre) et enseigne à la HES du Valais ainsi qu’à la Manufacture. Il dirige actuellement un nouveau projet de recherche, soutenu par le FNS, qui vise à faire interagir, sur scène, des acteurs et des agents conversationnels, issus des techniques informatiques du Deep Learning. Son travail est présenté au TLH-Sierre, à l’Arsenic (Lausanne), au Théâtre Saint-Gervais (Genève) ainsi qu’en France, principalement à Paris (Maison des Métallos, Théâtre de l’Aquarium, La Loge), Lyon (Nouveau Théâtre du 8è, Journées des Auteurs) et en Amérique Latine (Mexique, Colombie). 

 

*atelier #2

Le Misanthrope et la vie sauvage
Guillaume Béguin 

L’hypothèse autour de laquelle j’aimerais travailler est que la vie courtisane tant décriée par Alceste dans Le Misanthrope de Molière est en réalité entièrement sauvage : aussi sauvage que l’idéale nature qu’il porte aux nues, et qu’il espère tant atteindre afin d’échapper à l’insincère artifice tant haï. Nous chercherons différents moyens de théâtraliser cette vie à la fois courtisane et sauvage, et nous verrons comment Alceste se débat pour s’extraire d’une condition qui pourtant le définit, et à laquelle il ne peut sans doute renoncer sans nier sa propre humanité. Nous enquêterons sur sa relation à l’amour, qu’il considère peut-être comme une échappatoire, un outil d’émancipation, ou un miroir contre lequel il se heurte sans fin. 

Cet atelier s’inscrit dans une recherche que je mène depuis plusieurs mois autour de la pièce de Molière et de la misanthropie en général. À cette occasion, nous convoquerons également la figure de Robert Walser, à travers son roman Les enfants Tanner. Sans être tout à fait misanthrope, Simon Tanner, l’alter ego de Robert Walser dans le roman, choisit de se placer en marge de la société, sans ressource, sans amour, mais non sans renoncer à son environnement ou tisser des liens avec le genre humain. Nous confronterons Walser à Molière, et nous enquêterons sur notre propre quête « d’appartenance » à la nature, au monde sauvage, à la société, à l’amour. 

GUILLAUME BÉGUIN * Né en 1975, il est metteur en scène, auteur, comédien et pédagogue. Ses pièces, peuplées de singes, de robots et d’humains en décomposition-recomposition, interrogent le rôle de l’imaginaire dans la fabrique de l’individu humain — ou de l’espèce humaine en général. Après avoir régulièrement écrit au plateau (Le Baiser et la morsure, 2013, Le Théâtre sauvage, 2015), il écrit dorénavant seul, pour ses interprètes. Titre à jamais provisoire (créé en 2018 au Théâtre Vidy-Lausanne), sa dernière pièce, évoque la dilution de la personnalité humaine dans celle du robot. 

Depuis 2007, il met également en scène, ou adapte pour la scène, des textes de Jon Fosse, Magnus Dahlström, Édouard Levé, Martin Crimp, William Shakespeare… Il enseigne aussi le jeu et la mise en scène dans plusieurs hautes écoles de théâtre (Les Teintureries, La Manufacture, École de la Comédie de St-Étienne), et collabore avec plusieurs compagnies comme conseiller ou dramaturge. 

  

*atelier #3

Nos ressources et notre matière
La biographie vraie ou fausse
Marielle Pinsard 

J’expérimente cette méthode depuis dix ans avec des élèves de grandes écoles françaises et suisses, ainsi qu’à Montréal. Bien sûr, il y a mille façons d’aborder l’écriture de plateau. J’ai moi-même développé plusieurs méthodes : celle que j’utilise pour transposer un texte classique, celle qui tourne autour d’un thème donné par avance, et celle que je propose d’aborder au cours de cet atelier : la biographie & le sosie. Elle permet rapidement de donner un certain niveau aux impros et de mettre les acteur.trices sur une orbite assez puissante.  

Au début, je pose seize questions, apparemment anodines, mais personnelles. Puis je demande à l’acteur·ice de m’indiquer un sosie connu. Ce travail autour de la biographie et du sosie est différent avec chaque groupe que je rencontre. Il part de l’expérience et de l’imaginaire personnels, dans un but est d’autonomie, mais c’est aussi un travail de groupe. Je cherche avec les acteur·ices une synergie commune, et le challenge est qu’il n’y ait à la fin plus qu’une seule écriture originale. Il ne s’agit pas de coudre les improvisations les unes derrière les autres, mais de trouver un flux commun. 

MARIELLE PINSARD * Née en 1968, Marielle Pinsard fait ses classes de comédienne à l’École d’Art Dramatique de Lausanne de 1989 à 1992. En 1992-93, elle complète sa formation auprès du dramaturge et écrivain Peter Brasch. En 2000, elle crée la Compagnie Marielle Pinsard et, sous ce label, écrit des textes qu’elle met elle-même en scène : Comme des couteaux, Nous ne tiendrons pas nos promesses, Pyrrhus Hilton, On va tout Dallasser Pamela, Rock Trading … Elle a créé 27 spectacles à ce jour. 

En 2004, elle reçoit le prix du théâtre de la Fondation Vaudoise pour la Culture. En 2009, la fondation Leenaards lui octroie une bourse pour un projet de recherche et d’écriture qu’elle mène en Afrique durant deux ans, et qui débouche sur le spectacle En quoi faisons-nous compagnie avec le Menhir dans les landes ? présenté au Théâtre Kléber-Méleau, au Zürcher Theater Spektakel, au Festival de la Bâtie, ainsi que plus récemment au Théâtre de Vidy et au Tarmac, à Paris. 

Depuis 2015 elle collabore avec plusieurs groupes de théâtre de Bruxelles comme la « Clinic Orgasm Society » ou certains membres du « Nimis Groupe » de Liège comme Anne Sophie Sterck. En 2017, elle gagne le Prix suisse du théâtre récompensant « une artiste multidisciplinaire au talent singulier ». 

En 2019, Marielle Pinsard est invitée à Montréal par le CEAD (auteur·ices du Québec) afin de partager des outils pour produire de la matière écrite et de relancer les comédien·nes selon sa méthode : « l’écriture de plateau via la biographie vraie ou fausse des participant·es ». 

 

*atelier #4

Corps en-jeux
Manon Krüttli 

La recherche que je propose de mener dans cet atelier questionne le corps commun de l’acteur·ice sur scène. Comment créer et augmenter une écoute collective ? Dans quels dispositifs mettre en jeu les corps afin de les rendre poreux… aux autres, à l’environnement, à l’invisible ? Comment un groupe d’acteur·ices est-il prêt à se remettre à quelque chose qu’il ne peut éprouver qu’ensemble ? Enfin, comment ce lâcher-prise collectif peut-il être jubilatoire et permettre à chacun d’augmenter sa liberté d’acteur·ice ?  

Cette proposition résulte de mon envie de partager et d’affiner les modus operandi que j’ai expérimentés lors de mes deux dernières créations : Le Large existe (mobile 1) au TPR en 2018  et Trop courte des jambes au POCHE/GVE en 2019. Une notion a guidé mon travail lors des répétitions de ces deux spectacles : l’abolition du volontaire. En effet, j’ai tenté d’inventer des façons de faire qui exerce l’acteur·ice au lâcher-prise collectif et au plaisir que l’on peut ensuite éprouver à ne pas savoir ce qu’il va se passer sur le plateau (sans pour autant que cela soit de l'improvisation).  

Les *joueur·ses seront donc invité·es à explorer différents types de protocoles de jeu inspirés du few point, de la PNL et de la danse contemporaine, et qui permettent de développer l’écoute, la perméabilité et la réactivité et ainsi à augmenter la liberté d’action sur le plateau. 

Si nous nous concentrerons tout d’abord sur un travail presque exclusivement physique, nous nous confronterons au texte dans un deuxième temps afin d’éprouver comment ces protocoles nous donnent des outils concrets d’interprétation. 

MANON KRÜTTLI * Après des études au Conservatoire de Genève et aux Universités de Berne et de Berlin ponctuées d’assistanats à la Schaubühne et au Théâtre Vidy-Lausanne, Manon Krüttli complète sa formation avec un master en mise en scène à La Manufacture. En 2009, elle crée la cie les minuscules (Genève) avec Charlotte Dumartheray et Léonie Keller, avec laquelle elle conçoit plusieurs spectacles. En 2016, elle fonde sa propre compagnie – KrüKrew - et présente ChériChérie au Théâtre 2.21 à Lausanne. Elle travaille régulièrement au POCHE/GVE et met en scène deux comédies québécoises Unité Modèle et Les Morb(y)des (2016), La Côte d'Azur de Guillaume Poix (2018) et Trop courte des jambes de Katja Brunner (2019). Par ailleurs, elle collabore avec différents artistes en qualité de dramaturge (Luk Perceval, Andrès Garcia, etc) et a travaillé à la performance polyphonique Finalement tout s'est bien passé. Essaie sur la colère. co-signée par Michèle Pralong, Sylvie Kleiber, Rudy Decelière et Victor Roy dans le cadre de La Bâtie. Durant la saison 2018/2019, elle a présenté Le Large existe (mobile 1), création qu'elle signe avec Jonas Bühler dans le cadre des Belles complications#2 au Théâtre Populaire Romand, au Théâtre Les Halles de Sierre ainsi qu’au Théâtre Saint-Gervais Genève. 

 


2022

 

*atelier #5

Le son : technique et dramaturgie
Cédric Simon

Les participant·es seront amené·es à apprivoiser le vocabulaire lié au son et à acquérir les bases techniques de la création et de la diffusion sonores, mais également à aborder les enjeux dramaturgiques du son afin de mettre la technique au service de la création.
L*atelier, réservé à huit participant·es, s’adresse à tout créateur·rice des arts de la scène désireux d’ouvrir sa conscience sur les possibilités offertes par la technique ou simplement d’explorer la création sonore. Il sera possible de développer un projet personnel, qu’il soit encore à l’état d’ébauche ou de rêverie — ou même déjà bien avancé. Les participant·es qui souhaitent seulement acquérir de nouvelles compétences, sans travailler autour d’un projet personnel, sont également les bienvenu·es.

CEDRIC SIMON *est né en 1983 en région parisienne. Après avoir mené à bien une formation technique en audiovisuel (Brevet de Technicien Supérieur), il se lance dans des études de théâtre à Paris. En 2006, Cédric intègre la Haute Ecole de Théâtre de Suisse Romande - La Manufacture à Lausanne, il y poursuit sa formation de comédien. Aujourd’hui il alterne les fonctions de technicien son, compositeur musical & comédien principalement pour le théâtre. En tant que comédien, Cédric a notamment travaillé sous les directions de Gisèle Salin, Dorian Rossel, Massimo Furlan, dric Dorier, Ludovic Chazaud, Georges Grbic et Maëlle Poesy. Depuis 2014, Cédric œuvre régulièrement aux spectacles du Collectif du Loup. Comme technicien son et musicien, il signe en particulier les créations sonores des compagnies Jeanne Föhn, Chris Cadillac, Face Public, Le pavillon des singes et Sköln At Thtr. Son travail de création sonore se situe à la frontière entre musique et paysage sonore.  

 

*atelier #6

Créer en collectif
Collectif La colle (Yan Duyvendak, Fig Docher, Océan Schaub, Romane Serez)

Depuis septembre 2020, sous le nom de La colle, FigDocher, Yan Duyvendak, Océan Schaub et Romane Serez explorent les logiques et les articulations de ce qui fait collectif et cherchent à développer une boîte à outil destinée à la collaboration. La colle invitera douze participant·exs à participer à cette recherche, à découvrir et à partager des connaissances, que ce soit en détournant et en se réappropriant les outils de l’entreprise qui capitalisent sur la collaboration, mais aussi en se nourrissant des expériences collectives qui nous précédent, des recherches dans le champ de la psychologie systémique et de la sociologie, ou de nos expériences personnelles. Pour ce faire, il s’agira de tester des protocoles de collaboration et de découvrir et inventer des outils pour faciliter et animer les rencontres, se rassembler autour d'objectifs communs, résoudre des conflits ou même apprendre à se séparer. réfléchir, discuter et déconstruire les notions de collectivisme, d’individualisme, de capitalisme et d’anarchie et de la place du collectif dans la lutte politique ou dans la création artistique. 

YAN DUYVENDAK * est un artiste-performeur qui développe des dispositifs scéniques, sortes de jeux de société à l’échelle 1:1, qui s’attachent à décortiquer la manière dont nous, citoyennexs, nous débattons avec les modèles sociétaux et l’engagement politique et social. Ses deux créations les plus récentes, invisible et VIRUS, s’intéressent à la constitution du collectif et à comment la collaboration et l’empathie peuvent amener à des formes possibles d'empowerment. Dans tous ces projets, la co-signature et la collaboration font intrinsèquement partie du travail.  

FIG DOCHER * est photographe et cherchaire dans les épistémologies de l’image et du genre. Actuellement en master d’arts visuels à la HEAD, iel propose des ateliers collaboratifs de photo qui s’inscrivent dans les pédagogies critiques. Iel s’intéresse au potentiel politique et révolutionnaire des pratiques collectives dans l’art comme dans la vie quotidienne.  

OCEAN SCHAUB * est une artiste joyeuse engagée dans la création d’alternatives aux systèmes d’oppressions (capitalisme, spécisme et patriarcat particulièrement). Ses recherches s’ancrent dans les territoires, mettent en lumière les relations de pouvoir qui s’y déroulent et y proposent des autrements. Elle s’intéresse particulièrement aux échelles de la maison, de l’intime, du collectif et du faire commun. Sa pratique met en dialogue céramique, peinture, bricolage et recherches en théorie politique normative, anthropologie visuelle et géographie critique.   

ROMANE SEREZ * est un artiste non-binaire suisse. Le militantisme intersectionnel et les luttes contre les systèmes de discriminations font partie intégrante de sa pratique artistique qui s’articule principalement autour de l’écriture, de la performance et de l’édition. Iel a fondé les Éditions Tordues, une maison d’édition anarcho-queer qui cherche à valoriser la pratique d’un art local, communautaire et anticapitaliste.  

 

*atelier #7

Théâtre et Feldenkrais
Julie-Kazuko Rahir et Christian Geffroy-Schlittler

Julie-Kazuko Rahir et Christian Geffroy-Schlittler proposent dans cet atelier de découvrir une étape de la recherche qu’ils mènent dans le cadre de la Mission Recherche de la Manufacture qui vise à explorer certains outils de la méthode Feldenkrais applicables au travail scénique.
La méthode Feldenkrais propose à l’acteur·ice un processus de recherche autonome : comment peut-on générer soi-même ses propres connaissances, comment peut-on continuer à apprendre à apprendre, comment peut-on alimenter son travail à partir de ses propres ressources.   Ouvert à tous les praticiens de la scène (danseu.r.se.s, performeu.r.se.s et commédien.ne.s), cet atelier tentera d’aborder la pratique scénique par une approche somatique au travers de questions que notre recherche induit et que nous essayerons de résoudre concrètement sur scène : Comment éviter les pièges du dualisme corps/esprit et insuffler une dynamique où sentir, agir, imaginer, penser constitue le cœur de nos pratiques ?
Comment s’affranchir de « ce qu’il faudrait faire » pour se concentrer sur la création scénique d’une relation à soi, aux autres, au plateau, au public ?
Comment penser certaines contraintes comme des opportunités de libération ?
Outre la pratique quotidienne de leçons Feldenkrais, nous expérimenterons différentes manières de réinvestir ces outils somatiques sur scène et de découvrir le processus créatif sous un nouvel angle.

JULIE-KAZUKO RAHIR * est comédienne et praticienne diplômée de méthode Feldenkrais (IFELD, Lyon). Elle intervient régulièrement à l’école de Théâtre des Teintureries à Lausanne ainsi qu’à la Manufacture dans le cadre de stages et cours réguliers de méthode Feldenkrais pour le bachelor danse et le Master mise en scène et scénographie.

CHRISTIAN GEFFROY-SCHLITTLER * est comédien et metteur en scène et intervient régulièrement à la Manufacture.

Ils dirigent ensemble une compagnie théâtrale basée à Genève, L’agence Louis-François Pinagot (aLFP) qui allie étroitement créations théâtrales, travail de recherche (tout d’abord à propos du pathos de 2009 à 2013, puis maintenant théâtre et Feldenkrais), formations professionnelles et actions culturelles. Ensemble, ils ont mis en scène « La caméra qui parle », spectacle de sortie de l’école Serge Martin, au Théâtre Saint-Gervais à Genève, en juin 2021.

 

*atelier #8

La présence des anges
Gabriel Dufay

« L’ange ne va sur la scène, il passe par la scène ; l’ange est soudainement là, avec sa présence invisible, et passe de manière aussi invisible et soudaine par la scène du texte et des acteurs, pour disparaître encore une fois, invisible. Tout va finir dans un moment. Une présence invisible est apparue. Et a disparu. Pourtant elle a laissé sa trace sur ceux qui ont pu faire l’expérience de ce qui est arrivé de manière inexplicable. » Jon Fosse

Cela fait longtemps que je me passionne pour le théâtre scandinave et je propose, dans ce stage, d’explorer plusieurs courtes pièces de deux des dramaturges les plus importants de ce théâtre : Arne Lygre et Jon Fosse. Ces petites pièces inédites sont de pures merveilles, donnant à l’interprète et au metteur en scène un cadre rigoureux tout autant qu’une liberté inouïe. Le principe de la pièce courte au théâtre me fait penser à celui de la nouvelle en littérature. Pour moi qui explore les courants souterrains, les tropismes de la langue et la présence des fantômes sur la scène, ces écritures me ravissent. Comment faire vivre en peu de temps un personnage, une histoire, tout un monde caché ? C’est une des questions que je me pose et que j’ai à cœur de partager avec les comédiens et comédiennes au cours de cet atelier. L’enjeu est ici d’aller au nerf (des relations, de l’intrigue, de l’écriture) et de découvrir comment les anges passent par la scène, dans les interstices, entre mots et silence, vivants et morts, ténèbres et lumières. Fosse et Lygre vont ici au nerf de son œuvre et nous délivrent des poèmes singuliers, des épures, resserrant leur propos pour n’en garder que l’essentiel. Les fantômes, les anges, la mémoire et le temps sont au centre de ces œuvres qui parlent avant tout, pour moi, de la vulnérabilité des êtres, et nous invitent à une empathie fondamentale.

GABRIEL DUFAY * est un comédien, metteur en scène et auteur. Après une formation au CNSAD, en 2008, il crée la Compagnie Incandescence. En tant que comédien, il joue sous la direction de Jean-Paul Wenzel, Wajdi Mouawad, Emmanuel Bourdieu, Denis Podalydès, Othello Vilgard, Pauline Masson, Célie Pauthe, Alain Françon, Igor Mendjisky, David Géry, Baptiste Guiton… En tant que metteur en scène, il a créé des textes de Thomas Bernhard, Nathalie Sarraute, Roland Schimmelpfennig, Jon Fosse, Robert Desnos, Falk Richter, Kae Tempest, Stefano Massini… Il prépare actuellement un spectacle sur Brigitte Fontaine. Il est également l’auteur d’entretiens avec Denis Podalydès et Michel Bouquet, ainsi que de Hors jeu (Les Belles Lettres/Archimbaud, 2014).  

 

*atelier #9

Théâtre in situ
Oscar Gómez Mata
Atelier coordonné par Jean-Daniel Piguet

Aujourd’hui plus que jamais, la création scénique contemporaine doit être l’endroit de l’art où nous devons nous demander: que faisons-nous ici et maintenant. L’art scénique comme exercice pour penser la vie. L’art comme lieu de reconnaissance et formation. Nous, artistes, nous devons inventer un art social, profond, ludique et utilitaire.

Les physiciens disent qu'il n'y a pas de réalité qui ne se situe en dehors de la relation entre l'observateur et l'objet observé. Si nous appliquons cette idée au théâtre, cela voudrait dire qu'il n'y aurait donc pas de pièce absolue, mais une construction multiple et intime de la pièce faite par le public. Impossible alors d'imposer sa vérité, impossible d'imposer une seule vision de la pièce, de notre création. Alors si c'est ainsi, si la pièce ne peut exister sans le public, rendons celle-ci au public !

Dans mon cas, tous les moyens sont bons pour mettre la pièce entre les mains du public : l'ambiguïté entre le faux et le vrai, la fragilisation volontaire de la structure, des transitions, de l'image de l'être humain, l'humour comme moyen d'accès sensoriel à la pensée, l'aspect improvisé et « fait sur place » du jeu et du dispositif scénique pour renforcer l'idée de présent, la citation d'événements actuels et locaux et leur introduction dans le contexte de la pièce, l'adresse directe et l'idée d'accident, l'utilisation du déplacement physique comme moyen de déplacement de la pensée. Tout ce dispositif doit servir à activer le regard du spectateur et le rendre critique. Il s'agira pour lui de décider de l'image qu'il veut voir. C'est une manière de lui rendre sa responsabilité dans la construction du réel, de le rendre créatif, mais c'est aussi l'obliger à prendre position. Activer le regard du spectateur avec l'objectif (politique) de lui rendre sa capacité et sa raison de citoyen : le théâtre comme exercice de la vie.

OSCAR GOMEZ MATA * Metteur en scène et comédien, mais aussi auteur et scénographe, Oscar Gómez Mata débute ses activités théâtrales en Espagne où, en 1987, il est cofondateur de la Compagnie Legaleón -T, avec laquelle il crée un bon nombre de spectacles jusqu’en 1996. Il crée à Genève en 1997 la Compagnie L’Alakran, dont il est le directeur artistique et pour laquelle il signe les mises en scènes, la conception et la dramaturgie ou les textes. Il joue également dans certaines de ces créations qui sont coproduites par des théâtres suisses et étrangers et qui tournent sur les scènes de France, d’Espagne, d’Italie, du Portugal et d’Amérique Latine. En résidence artistique au Théâtre Saint-Gervais Genève de 1999 à 2005, ainsi qu’aux Subsistances de Lyon en 2006, Oscar Gómez Mata intervient également en tant que formateur et pédagogue, à l’école Serge Martin, dans le cadre des Chantiers nomades (structure française de formation continue pour professionnels du spectacle), ainsi que pour le Master en pratique scénique et culture visuelle organisé par l’Université de Alcalá (Madrid) ou les rencontres professionnelles de danse. Il est intervenant régulier à la Manufacture – Haute École de théâtre de Suisse romande (HETSR) depuis 2013. Il a été Lauréat 2018 des prix suisses du Théâtre. 

JEAN-DANIEL PIGUET * est metteur en scène. Il crée des spectacles qui questionnent le potentiel fictionnel de la réalité qui nous entoure (Passe, Pas Perdus, Memoria Libera, Partir). Il travaille avec plusieurs ami·es artistes en tant que collaborateur artistique, dramaturge ou performer (Mélina Martin, Oscar Gomez Mata, Rémi Dufay, Camille Mermet, Yan Duyvendak, Mélanie Gobet, Maxime Gorbatchevsky, Floriane Mésenge). Aimant interroger le lien entre théâtre et société, il suit deux parcours de la Marmite – mouvement artistique, culturel et citoyen- en tant qu’artiste associé. En 2020, il est lauréat de la Bourse Leenaards.  

 

*atelier #10

L'adaptation, le point de vue
Ludovic Chazaud

Que l’objet source soit une image, un article, un événement, un roman, un film ou encore une pièce voire même une improvisation, l’adaptation théâtrale est un espace qui questionne le point de vue. Une adaptation se doit de préciser ce qui souhaite vraiment être raconté ainsi que à qui elle s’adresse. Toute adaptation artistique est légitime, mais celles-ci doivent avoir conscience d’un décalage qu’elles proposent vis à vis de l’objet source. Ce décalage est un acte d’affirmation de son propre geste artistique, d’affirmation de son propre point de vue.

A l’aide de jeux de plateau, d’exercices d’acteur·rice, jeux de paroles et petit jeux d’écriture, ainsi que des propositions de textes préadaptés par mes soins que nous essayerons d’interpréter, nous allons nous amuser à explorer les multiples points de vue possibles que l’on peut donner d’une courte œuvre littéraire.

Selon moi, tout est bon pour raconter, mais chaque choix que nous faisons dévoile notre point de vue sur un objet source. Que ce soit l’outil narratif, le dialogue, le son, que ce soit la conjugaison d’une phrase, le pronom qui est utilisé pour raconter, mais aussi le regard, la place que l’on donne aux spectateurs et spectatrices, tout est outil, jouet, pour définir notre point de vue et le point d’où l’on souhaite que l’œuvre soit vue. Nous essayerons de jongler avec ces différents outils afin d’en explorer les conséquences sur ce que cela raconte à celleux qui regardent, comment cela les changent, les déplacent, les posent comme critiques ou comme simple observateur·ices.

Socrate aurait dit « ce qui fait l’être humain c’est sa grande faculté d’adaptation » *je choisis ici d’adapter la citation en langage inclusif. Une façon d’affirmer mon propre point de vue, ouais.

 

LUDOVIC CHAZAUD * parlera de lui dans les lignes qui suivent à la troisième personne du singulier ce n’est pas quelque sorte d’arrogance mais bien plutôt une adaptation littéraire de son parcours à la sauce minibio.

Il vit et travaille en Suisse comme metteur en scène, pédagogue, acteur et auteur de textes théâtraux, père, amour et ami. Après avoir suivi un cursus universitaire (Arts du spectacle) et l’école de La Scène sur Saône à Lyon il intègre la HETSR en 2006.  Les plus heureux d’entre vous l’auront vu joué dans les créations de Lilo Baur, Georges Grbic, Joël Maillard, Julien Basler et Andrea Novicov, il assistera le travail de ce dernier à plusieurs reprises. En 2009 il a créé la Cie Jeanne Föhn, il y monte des textes d’auteur comme L’Étang de R. Walser ou Couvre-feux de D.G. Gabily. C’est d’ailleurs au cours de la création sur ce récit qu’il se rend compte qu’il aime transposer des œuvres non dramatiques sur scène et poursuivra pour le plateau l’adaptation de divers récits, œuvres de fiction, documentaires ou témoignages. Ses spectacles oscillent entre narration et incarnation affutant la parole des acteur·ices, aimant jouer des codes d’adresse, des temps de parole, créant des pièces vibrentre (oui vibre/entre mouhaha) la réalité du plateau et le mensonge de la fiction ou le mensonge du plateau et la réalité de la fiction. Il ne sait plus très bien. Diable !

En 2015, le canton de Vaud attribuera à Jeanne Föhn un Contrat de confiance. Ludovic enseigne aussi régulièrement dans diverses structures (Le Théâtre du Loup, Le CFP art, Les Classes préprofessionnelles du CMG) où il peaufine son travail d’écriture lors de création pro avec les élèves (Rien de Jane Teller, On n’est pas des Cerises…). En 2020 le spectacle Sara, mon histoire vraie (1) sera sélectionné aux Plateaux interéseaux et aux Rencontres du Théâtre suisse, comme l’avait été Couvre-Feux en son temps. Ludovic est aussi auteur de différents textes commandés par des compagnies indépendantes. Il partage aujourd’hui sa vie entre enseignement pour la jeunesse, son travail de directeur de compagnie, d’auteur, ses engagements d’acteur et surtout sa famille.

 

*atelier #11

Clown et idiotie
Alexandra Gentile

L’art du clown est un outil théâtral riche car il travaille sur des aspects essentiels de la pratique d’acteur·rice : le plaisir du jeu, l’authenticité, le goût du risque et la liberté sur un plateau. Pour le·la clown - cet être socialement inadapté - tout est prétexte ou opportunité au jeu. Guidé·e par ses sensations, ses pulsions et ses émotions, iel bâtit son monde, ses lois et ses utopies.
Le travail du clown permet de revenir à des fondamentaux techniques (respiration, regard, ancrage,…). Il favorise une écoute fine de l’intérieur, requiert un engagement physique sans limite pour traduire la justesse de ce qu’on ressent, tout en gardant un lien constant au public ainsi qu’au présent fait d’accidents et de cadeaux.
Le·la clown ouvre un champ d’action et des possibles vertigineux pour l’acteur·rice qui le·la pilote. C’est une enquête intime, ludique et sans compromis. Une recherche exigeante de savoir-être. Une zone de risque où nos qualités ne sont pas celles que l’on croit, où notre puissance et notre vulnérabilité sont poreuses et perméables.
C’est aussi simplement l’endroit de soi-même où l’on accepte que ça déborde joyeusement.

ALEXANDRA GENTILE * Comédienne polyglotte basée à Lausanne, Alexandra Gentile se forme à l’Université de Lausanne et à l’Accademia Teatro Dimitri au Tessin. Elle collabore avec différentes compagnies de théâtre en Suisse romande en tant qu’interprète, metteuse en scène et autrice.
Alexandra aime intégrer à sa pratique théâtrale ce qu’elle glane au fur et à mesure de son cheminement artistique (art du clown, chant polyphonique, danse contemporaine, marionnettes et théâtre d’objet). Elle se forme en clown auprès de François Cervantes, Catherine Germain, Hélène Vieilletoile, Gabriel Chamé Buendia, Vincent Rouche, Dominique Chevallier et Fred Robbe.
Elle fait converger sa recherche et son travail à l’endroit de notre humanité où les questions trop grandes, notre profonde idiotie, nos contradictions, notre joie de vivre et nos parts d’ombre se percutent et s’embrassent.
Quand elle n’est pas sur un plateau, elle transmet sa passion pour le théâtre, le mouvement et le clown par le biais de stages et de workshops pour adultes.

 

*atelier #12

Female Gaze et montage
Nina Negri & Clémentine Colpin

Vers une méthode d’interprétation phénoménologique et cinématographique

- atelier pour comédien·x·es et danseur·x·es -

Comment transposer des séquences filmiques sans se prêter pour autant au jeu de l'adaptation ? Comment les corps imprimés sur une pellicule imprègnent-ils les corps vivants d'un plateau ? Ou encore : comment la transposition d'un médium discontinu (le cinéma) à un médium ontologiquement continu (les arts vivants) peut s’activer de l’intérieur du plateau et engager de fait la singularité des interprètes ?
L’objectif de cet atelier est de mettre à l'épreuve une méthode d'écriture de plateau cinéma/théâtre qui conjugue une certaine porosité corporelle avec des outils de jeu très concrets. Il ne s’agira donc pas d’interpréter une scène en termes de récit (c’est-à-dire rejouer le scénario ou les personnages), mais plutôt de multiplier les points de vue sur un matériau filmique aussi bien en termes subjectifs (improvisations, création chorégraphique, protocoles d'écriture), qu'en termes purement formels (procédés de montage et de jeu).
Pour composer de manière phénoménologique, nous allons avant tout passer à travers le corps, sa mise à disposition et son lâcher-prise, puisque regarder est avant tout une expérience active et incarnée, un échange égalitaire entre les spectateur·x·ices et l’œuvre. Le travail commencera donc toujours par un training mêlant différentes disciplines somatiques telles que le Butoh et le Body-Mind Centering®. Suivront des visionnages de séquences cinématographiques et des improvisations encadrées par des procédés de jeu (issus du projet sur le faux-raccord mené au département de recherche de la Manufacture) en mesure de traduire des effets de montage et de cadrage précis.
Cette approche se place sous le prisme du female gaze théorisé par Iris Brey ; mais attention, ce regard féminin ne définit absolument pas une essence féminine en soi : il permet en revanche de sortir d'une vision scopique qui objectivise les corps, afin d’activer une interprétation qui ne passe pas uniquement par le logos (la raison, la logique ou le discours) mais aussi par la glossa (une langue liée à la glotte, à une corporéité sensible). « La différence entre ressentir et s’identifier est capitale. On peut ainsi dire que faire l’expérience du female gaze, c’est avoir la sensation de partager celle du personnage principal » écrit Brey. Une manière bien précise de partager du sensible, et donc de créer.
Le film sur lequel nous travaillerons est Le Dernier Tango à Paris (1972) de Bernardo Bertolucci : un matériau clairement male gaze, que nous allons justement tenter de subvertir – afin de proposer de nouveaux imaginaires non hétéronormés autour des liens sensuels, sexuels et amoureux aujourd'hui !

NINA NEGRI * est metteure en scène, chorégraphe et pédagogue. Suite à ses études de philosophie, elle intègre les Rencontres Internationales de Danse Contemporaine de Paris et l'Accademia Teatro Dimitri en performance. Elle poursuit sa formation à l'École des Maîtres ainsi qu’à la Biennale de Théâtre de Venise. En 2018, elle obtient un Master Mise en scène auprès de La Manufacture de Lausanne. Elle a notamment écrit et mis en scène GirlisaGun, M. la Multiple et Sous Influence, parallèlement à plusieurs formes performatives et collectives telles que Carto-graphies de Corps Migrants, Adèle H. ou Dog Streams.

Nina a aussi réalisé une série de films courts documentaires ainsi qu'un long-métrage avec Pietro Pasquetti, Il Vangelo Secondo Maria (Prix Avanti! International Turin Film Festival). Elle collabore, entre autres, avec El Conde de Torrefiel, ricci/forte, Thomas Ostermeier, Barbara Nicolier, Pascal Rambert, Blandine Masson, Nicolas Zlatoff, Zuzana Kakalikova, Massimo Furlan et Claire de Ribaupierre. En tant que pédagogue, elle intervient à La Manufacture, transmet la pratique du Butoh et dirige des laboratoires de théâtre et danse pour enfants.

CLÉMENTINE COLPIN * est metteure en scène et pédagogue, diplômée du Master en Interprétation Dramatique de l’IAD (Belgique) et du Master en Mise en Scène de la Manufacture. Elle travaille depuis entre la Belgique et la Suisse. Elle a notamment mis en scène : Save the date ; La Cagnotte (co-mis en scène avec Christian Geoffroy Schlittler) ; Peter, Wendy, le temps, les Autres ; et prochainement Annette. Avec la compagnie Canicule, elle cherche à sortir le théâtre des murs pour le frotter à des espaces inattendus. C’est ainsi que naissent Que fait une fait une fille si charmante toute seule ? ; Métagore ; et enfin Métagore Majeure.

Clémentine a également travaillé en tant que comédienne ou assistante aux côtés de Robert Cantarella, le Collectif_Sueur, Omar Porras, Dominique Serron, Benoit Van Dorslaer, Jaco Van Dormael, Fabrice Murgia, et Christiane Jatahy. Avec Nina Negri, elle mène un projet de recherche à la Manufacture sur la notion de faux-raccord. Depuis, elles interviennent régulièrement auprès des étudiant•es du Bachelor et du Master en Théâtre pour partager leur goût pour le montage.

 

2023

 

 

*atelier d'écriture #2

Atelier d'écriture
Adrien Rupp

L’écriture comme une compagne, une bête sauvage à rencontrer sans brusquerie.Décryptons ensemble ici pourquoi elle décide, par moments, de s’échapper sans crier gare. Quand mord-elle et comment parvient-elle à transformer notre espace-temps grâce à quelques mots curieusement suspendus les uns aux autres ?

Qu’elle se faufile dans une lettre, un mail, un papier collé sur le miroir, s’invite dans une description d’atelier, se glisse dans un dialogue avec le·a voisin·e ou encore une scène de théâtre, cherchons collectivement à la débusquer pour mieux l’approcher.

À travers notamment le mouvement, les images, la musique, les questionnements partagés, les impros, l’écriture automatique et la calligraphie ; chacun·e va devoir se forger ses propres outils pour la nourrir et l’amadouer dans une atmosphère de confiance collective.

Les manières de l’apprivoiser sans la museler se déclinent à l’infini. Et c’est certainement la meilleure façon d’écouter ce qu’elle a à nous dire.

 

Né en 1979, ADRIEN RUPP * a étudié à La Manufacture. Il joue pour plusieurs compagnies de danse et de théâtre. Acteur dans plusieurs courts-métrages, il coréalise ensuite un long métrage : Quai Ouest (2012) avec son frère Lionel Rupp, dont il écrit le scénario en adaptant la célèbre pièce du même nom. Avec Katy Hernan, il crée Ce que je veux de toi (2008) qui sera sélectionné à Tanzfaktor 2009 et La loi d’interaction des points isolés dans un champ de rencontre défini ou l’histoire de la Girafe qui fait (trop) peur (1er prix PREMIO 2010). À partir de 2013, il se tourne plus vers l’écriture et se fait l’auteur de la pièce All Apologies, Hamlet, pour la Cie Alexandre Doublet, puis est lauréat de la bourse d’écriture SSA « Textes- en-scène » (2016), en partenariat avec le théâtre de l’Arsenic (Lausanne), et St-Gervais (Genève). Il est aussi l’auteur du texte de Retour à l’expéditeur, mise en scène de Katy Hernan et Barbara Schlittler (2019) et Comment bruissent les forêts, mis en scène par Vincent Fontannaz (2021). Plusieurs de ses textes sont édités dans la revue littéraire La cinquième saison (numéro 5). Son premier roman Le cambrioleur devrait sortir en fin d’année 2022, aux éditions La veilleuse.

 

*atelier #13

Articuler ce qui se meut entre le visible et l'invisible
Yasmine Hugonnet

Décider de ne pas bouger le corps ou l’une de ses parties est un acte fort, qui suspend le visible et provoque par la résistance physique engagée une autre activité dynamique, comme une réponse du corps et de la pensée. C’est dans ce dialogue entre production et réception, entre le visible et l’invisible, que je souhaite vous inviter à expérimenter. J’envisage le spectacle comme un espace de lecture de notre propre perception, du temps, de l’espace, du corps et des langages humains.

Mes outils pour cela sont : la Parole Immobile (forme de ventriloquie qui est née de la recherche chorégraphique du Récital en 2014) ; la posture (situation formelle, expressive, psychologique, survivance de l’histoire et des représentations du corps humain) ; le mouvement (mouvement visible et mouvement invisible) ; la durée ; le corps hétérogène (corps questionné dans les polarités de « visible invisible », de « passif actif », et dans la hiérarchisation de ses parties) ; mettre sa conscience là où l’on ne produit rien ; localiser et délocaliser ; laisser se déplacer le mouvement du visible, à l’invisible de vos sensations ou de votre imaginaire ; habiter ce que je produis sans volonté ; alimenter la volonté et l’oubli en même temps ; résister au changement tout en laissant changer une part de soi ; visiter toute posture, sans discrimination.

Danseuse et chorégraphe, YASMINE HUGONNET *s’intéresse au rapport entre forme, image et sensation, à la germination de l’imaginaire. Elle travaille sur l’idée de la posture comme réservoir et développe une pratique de la ventriloquie. Ses créations sont présentées en Suisse et à l’International, notamment aux Journées de la Danse Suisse, à la Biennale de Venise, Selection Aerowaves 2016. Elle reçoit le Prix Suisse de la Création Actuelle en danse en 2017 et travaille régulièrement avec le Théâtre de Vidy à Lausanne.

 

*mini-atelier #14

Méthode respiratoire
Coralie Vollichard

La méthode de respiration Sandra-Romond permet une exploration profonde et minutieuse de l’instrument respiratoire. En effet, elle met à jour l’importance de l’expiration dans le travail de l’acteur·ice, comme étant un vecteur majeur d’authenticité et d’ancrage de la parole. La pratique s’articule en deux temps : la gymnastique respiratoire (renforcement des muscles profonds qui participent à la physiologie du souffle) et la phonation (ouverture du larynx, relâchement de la gorge et détente de la mâchoire).

Par l’exercice régulier de cette méthode de respiration, l’acteur·rice peut développer avec aisance une endurance vocale et un ancrage profond. De véritables résultats sont visibles sur la pose de voix avec davantage de calme et d’endurance.

Ainsi la méthode invite à comprendre et sentir qu’en tant qu’êtres humains, dotés d’un appareil phonatoire, nous sommes des instruments à vent. Pour les acteur·ices, cette perspective permet de redonner à la respiration, et ici à l’expiration, toute son importance, pour l’adresse, la précision et le concret des mots énoncés à chaque prise de parole.

Coralie Vollichard a proposé un premier *training en automne 2020, alors que *La FC* venait d’être fondée. Cet *atelier offre l’occasion de découvrir, ou d’approfondir l’apprentissage de cette méthode pour celles et ceux qui ont eu le bonheur de déjà s’y frotter.

 

CORALIE VOLLICHARD * naît le 31 octobre 1993, à Lausanne. Elle est diplômée de l’École Supérieure de Théâtre des Teintureries de Lausanne en 2017. En 2021, elle joue dans Girls & Boys, mis en scène par Clémence Mermet et dans Mes nuits ne dorment pas, un projet autour de Kafka, mis en scène par Gian Manuel Rau. Elle est aussi co-autrice et comédienne-chanteuse dans le projet Bande à part, en création au Théâtre du Reflet et proposé par le collectif Duncan dans le cadre des Midi Théâtre!

En parallèle à son parcours de comédienne, elle assiste à la mise en scène différents projets : Il y pleut sans cesse, 2018, mis en scène par Gian Manuel Rau, Bernarda, 2018, mis en scène par Giulia Belet, Le Schmürz, 2019, mis en scène par Gian Manuel, Vous toussez fort Madame, 2022, mis en scène par Matthias Urban.

Elle est formée depuis 2014 par Nathalie Lannuzel, directrice de l’Ecole des Teintureries, à la méthode de respiration et de phonation Metge-Sandra, puis poursuit sa formation auprès de Catherine Rétoré, fondatrice de l’Ecole de la respiration à Paris. Elle est aussi chanteuse, bassiste et co-compositrice dans le groupe pop électro rock pic Don’t Kill Duncan, créé en 2019, et programmé dans différents lieux et festivals.

 

*atelier #15

Marionnettes
Chine Curchod

Chine Curchod, spécialiste de la marionnette depuis 15 ans, dévoile diverses techniques de manipulations (bunraku, à tringle, portée et à fils).
L’atelier se déroulera en plusieurs étapes.

1. Transmission des bases (posture de service, le regard, le mouvement, la dynamique, la dissociation et la voix)
2. Improvisations solo et en groupe
3. Approche par l’objet
4. Approche par le texte
5. Construction d’une séquence personnelle

Saisissez l’occasion d’apprendre les tours de main propres à cet art et familiarisez-vous avec les particularités des marionnettes. Vous serez certainement surpris·es par ses possibilités !

 

CHINE CURCHOD *est une comédienne et marionnettiste née en 1980 à Genève. Après avoir étudié au Conservatoire d’art dramatique de Genève, elle joue avec différents metteurs en scène dont José Lillo, Lorenzo Malaguerra, Claudia Bosse, Dominique Catton, Georges Grbic et avec Guy Jutard au Théâtre des Marionnettes de Genève (TMG). En 2008, elle fonde sa compagnie Chamar Bell Clochette et crée son premier spectacle de marionnettes Ne m’appelez plus jamais mon petit lapin puis Loulou, adaptations de livres de Grégoire Solotareff. Dans la boutique fantastique est sa troisième création jeune public. Suite à une résidence en 2016, elle crée avec Pierre Omer et Julien Israelian un concert cabaret-marionnettes Vaudou-Dada. Elle collabore avec le musicien Roland Bucher et créé pour le Mullbau à Lucerne Oskar, performance expérimentale musicale avec marionnettes pour le jeune public. En 2017, elle créé également à Lucerne LA-NE, une performance pour deux comédiennes, un musicien et une marionnette. En 2018, elle monte une petite forme marionnettique Robot avec Roland Bucher. 2019, Aouuuu ! une coproduction inédite entre le Théâtre de Marionnettes de Genève et le Theater Stadelhofen. Depuis, ce spectacle « rösti graben » tourne dans toute la Suisse.

Chine Curchod est régulièrement invitée à travailler pour d’autres compagnies et divers ensembles de musique classique. Elle anime avec d’autres marionnettistes, depuis 2015 au TMG, les ateliers pédagogiques pour enfants et adultes. Elle est également engagée sur divers projets théâtraux pour initier les comédiens à l’art de la marionnette. En 2021 elle reçoit le prix ASSITEJ pour l’ensemble de son travail. 2022 sera l’année de la nouvelle création de la compagnie, Im Wald, destiné à un public dès 12 ans.

 

*atelier #16

Le rôle de ma vie
Céline Nidegger Semenzato

Il y a un texte que j'aime et dans ce texte un personnage que je rêve de jouer. J'ai envie d'apprendre ses paroles, j'ai envie de le décortiquer et de le ré-assembler, j'ai envie de le faire bouger, de trouver sa voix et de le faire parler. Je veux l'incarner, entrer dans sa peau de personnage.

PARCE QUE C'ETAIT LUI PARCE QUE C'ETAIT MOI Et aussi pour mille autres raisons! Est-ce la langue, la sensualité de la langue de ce texte? Est-ce le caractère, un trait de caractère de ce personnage? Est-ce le fait qu'il est si éloigné de moi et qu'il me permettrait d'exprimer des trucs que je ne pourrais jamais exprimer? Ou est-ce parce qu'au fond il me ressemble énormément? Ou peut-être qu'il n'y a aucune raison. C'est juste de l'amour. Se confronter à un rôle et travailler la digression en passant de lui à toi - d'une voix à l'autre, d'un corps à l'autre, d'une langue à l'autre, d'un présent à un autre.

Les deux jours s'organiseront en alternant des exercices collectifs où nous collecterons du matériel et du vocabulaire commun et des passages seuls où nous utiliserons et combinerons texte et trouvailles. Nous entraînerons des qualités de jeu propices aux allers-retours : souplesse, fluidité, ancrage physique, entrée/sortie,... grâce à un training ludique et physique et des exercices spécifiques. Nous travaillerons à tisser des liens entre l'image que l'on a de nous-même et l'image (fantasmée) d'un personnage issu d'une oeuvre théâtrale, à être totalement soi puis à échapper consciemment à nos propres caractéristiques (réflexes, tic nerveux, façon d'être et de réagir au monde, etc...). Puis nous réorganiserons tous ces fragments de nos possibles pour former un caractère issu de la rencontre et de la confrontation entre un personnage de fiction et nous-interprète. Nous nous amuserons à additionner le texte écrit (les mots du personnage) et des digressions personnelles et actuelles pour tenter de faire résonner les problématiques et thématiques portées par le personnage de fiction dans la réalité concrète de l'interprète.

 

CÉLINE NIDEGGER SEMENZATO * sort diplômée du Conservatoire d’Art Dramatique de Lausanne (SPAD) en 1999. Elle collabore dès lors avec différents metteurs en scène et dans de nombreuses institutions théâtrales. Entre autres : Andrea Novicov, Marielle Pinsard, Emmanuel Demarcy-Mota, Denis Maillefer, Gérard Desharte, Dominique Ziegler, Jean Liermier, Valentin Rossier, Ludovic Chazaud, Manon Krüttli, Diane Müller, Julien Basler etc. Elle participe à trois saisons du Poche/Gve et fait partie de son Ensemble en 21/22. En parallèle de son travail d’interprète et dans une volonté de création, elle fonde en 2009 avec Bastien Semenzato la compagnie Superprod.

LA COMPAGNIE SUPERPROD * s’est fait connaître par sa web-série « SUPERTV » ainsi que par ses performances ludiques et participatives, notamment autour du rapport à la célébrité dans «Interviews Project». Au théâtre, elle crée et produit «La Maladie de la famille M» de Fausto Paravidino en collaboration avec les compagnies Jeanne Fohn et Angledange, et «Après le Déluge» en collaboration avec la compagnie Le Désordre Des Choses, «Généalogie Léger » et «Miss None» en collaboration avec la metteur en scène Manon Krüttli et tout récemment «Paranoid Paul» avec de jeunes diplômés de la Manufacture. Son projet de « Bibliothèque des projets non achevés ou simplement évoqués » continue de se déployer.

 

*atelier #17

Récolte – territoire – mise en jeu
Jean-Louis Johannides

Durant cet atelier nous allons explorer diverses manières de se constituer un panier de matières utiles pour jouer, et nous allons pratiquer l’action in-situ ou comment inscrire une fiction dans un lieu.

Nous serons régulièrement amenés à arpenter les espaces qui nous entourent pour en récolter ce qui les anime et les constitue : architectures, personnes, objets, évènements... Nous glanerons ce qui nous tombe dans les oreilles et le regard. Chargé·e·s de ces récoltes, nous chercherons comment y insuffler de la fiction, comment les détourner, les conjuguer, s’en inspirer pour en faire de la matière à jouer.

Nous marcherons ces espaces afin de les saisir, nous marcherons également en dehors de la ville.

Nous travaillerons notre corporéité à travers un exercice que je nomme Le vivarium et qui consiste à créer un vocabulaire corporel à partir de mouvements involontaires. Nous nous mettrons donc à l’écriture, à tout point de vue : texte, paysage, corps, espace…

Nous utiliserons une carte papier grand format pour y déposer toutes nos réflexions, esquisses et projections de travail.

 

Animé par un goût des grands espaces et de la géographie, JEAN-LOUIS JOHANNIDES * articule dans un premier temps son travail autour de récits anthropologiques ou romanesques qui questionnent le rapport de l’homme à son environnement. L’art de se situer a été le sujet de son Master théâtre à La Manufacture. C’est tout naturellement qu’il intègre la marche dans ses projets, et quand elle n’est pas explicite, elle fait partie de sa pensée et alimente sa recherche. Ses dernières créations investiguent une nouvelle esthétique, elles proposent un regard décalé sur le monde en utilisant la philosophie comme moteur créatif dans une série théâtrale intitulée Le Cogitoscope, réalisée avec Vincent Coppey au théâtre du Grütli lors de la saison 18/19. Après une résidence au Groenland à la fin de l’été 2018, il créé Hyperborée, avec Rudy Décelière et Anne-Sophie Subilia, dans plusieurs théâtres genevois. Son dernier projet intitulé De traverse propose des cartes d’itinéraires pédestres illustrées et photographiées par des artistes.

 

Atelier #18

Présences
Pierre Mifsud

Dans une adresse directe au public, comment atteindre et toucher le public sans être trop intrusif ? À travers une série d’exercices et d’indications simples, Pierre Mifsud se propose d’investir la juste relation que l’on peut entretenir avec un public et d’explorer différents niveaux de jeu, en travaillant les ruptures, les silences, les suspensions, le rapport au corps et à l’espace.

 

Formé à l’École de Théâtre Serge Martin à Genève, PIERRE MIFSUD * travaille avec la compagnie 100% Acrylique en tant que comédien/danseur et assistant à la mise en scène (La Basket de Cendrillon, Maman encore un tour, Allegro Fortissimo, Tea Time...) Il crée et interprète divers spectacles : Voyageurs (prix du Danse Échange en 1994, avec la danseuse Évelyne Nicollet) mais aussi Les Arbres sous- marins, en collaboration avec Célia Houdart, et Le Bal des mouches, avec Paola Pagani. Il travaille sous la direction de différents metteurs en scène en Suisse romande, en France et en Espagne : Oscar Gomez Mata (Boucher espagnol de Rodrigo García, Tombola Lear d’après Rey Lear de Rodrigo García, ¡Ubú! d’après Alfred Jarry, Cerveau cabossé, Optimistic versus Pessimistic), Claude-Inga Barbey, Nicolas Rossier, Anne Bisang, Denis Maillefer, Vincent Bonillo, ou encore Jean-Michel Ribes (Le Jardin aux betteraves).

Depuis 2009, il participe à différents projets de La 2b Company dirigée par François Gremaud, notamment Simone, two, three, four, Re et Conférence de choses. Il signe de nombreuses mises en scène parmi lesquelles Infuser une âme, Le Portrait de Madame Mélo, et plusieurs spectacles de Cuche & Barbezat. Ces dernières années, il poursuit son travail avec le collectif BPM (La Collection) ainsi qu’avec d’autres metteurs en scène et réalisateurs. Pour la télévision, il joue dans diverses séries, et au cinéma, il incarne Aloïs dans Tambour Battant réalisé par François Christophe Marzal.

 

Labo #1

Mettre en scène et jouer
Geneviève Pasquier

Cet atelier repose sur la pratique du metteur·e en scène dans sa tâche de direction d’acteur·ice et sa capacité à se mettre à la place de la personne dirigée. En effet, il est très important de pouvoir expérimenter cette étape des deux côtés, en passant de la mise en scène au jeu.

Le but de ce laboratoire est de mettre le·la metteur·e en scène en condition pour qu’il·elle puisse apprendre à saisir l’acteur dans sa globalité, tant du point de vue de ses compétences techniques, de son expérience, de sa réactivité que de sa psychologie, son intimité ou ses fragilités, en adaptant sa manière de communiquer, de manière verbale ou non verbale, afin de gagner sa confiance.

Dans une première phase, la moitié des participant·es agiront en tant que metteur en scène, en choisissant une scène dialoguée, un récit, un poème ou autre. Ils·elles opteront pour une ligne générale (dramaturgie, style de jeu, occupation de l’espace, rapport entre les personnages, etc) et dirigeront alors les comédien·nes afin d’obtenir le résultat escompté. Dans une seconde phase, les rôles s’inversent : les metteur·es en scène prennent la place des comédien·nes en se faisant diriger à leur tour lors d’une nouvelle série de travail de scènes.

Un feedback aura lieu à l’issue de chaque phase. L’échange autour du ressenti du·de la comédien·nefait partie de cette expérience. En effet, toujours dans un climat de bienveillance et de respect, ces éléments pourront faire avancer les metteur·es en scène et leur donner des repères sur l’impact de leurs paroles ou de leur attitude.

Il existe sûrement autant de manières de mettre en scène et de diriger qu’il y a de typologiesd’acteur·ice. À travers les différentes situations que nous vivrons, il s’agira aussi de décrire et de dresser un éventail des pratiques et des diverses manières d’aborder cet art si complexe, cette alchimie parfois si secrète consistant à « guider » des femmes et des hommes sur un plateau à travers un texte dramatique.

 

Après une double formation à L’École d’art de Lausanne (ECAL) et au Conservatoire de Lausanne (SPAD, diplôme en 1990), GENEVIÈVE PASQUIER travaille régulièrement comme comédienne et metteure en scène. Elle a joué dans de nombreux spectacles notamment Le Tartuffe et Le Roi Cerf mis en scène par Benno Besson ainsi que diverses productions romandes sous la direction de Gisèle Sallin, Anne Vouilloz, Simone Audemars, Benjamin Knobil, Georges Guerreiro, Sandra Gaudin et Hélène Cattin, François Marin, Gianni Schneider, Frédéric Polier, Julien Schmutz, Magdalena Meier. Entre 1991 et 2013, elle co-dirige la Compagnie Pasquier-Rossier, qui a produit 18 spectacles en 22 saisons, avec de nombreuses tournées en Suisse et à l’étranger. Elle signe la mise en scène de plusieurs créations : Le corbeau à quatre pattes de Daniil Harms, A ma personnagité d'après les Écrits bruts, Mon Isméniede Labiche, les Soeurs Bonbon d’Emanuelle delle Piane, LéKombinaqueneau, d’après Raymond Queneau, Le Ravissement d’Adèle de Rémi De Vos et Petite Soeur d’après Pierre Gripari.

Entre 2014 et 2023, Geneviève Pasquier est co-directrice artistique avec Nicolas Rossier du Centre Dramatique Fribourgeois-Théâtre des Osses à Givisiez. En 9 saisons, le duo a monté une quinzaine de spectacles dont elle a signé plusieurs adaptations et montages (Le Journal d’Anne Frank, Dada ou le décrassage des idées reçues, Gouverneurs de la rosée, Lettres à nos aînés).

Elle tourne pour le cinéma et à la télévision, notamment avec Francis Reusser, Gilles Carle, Anne-Marie Miéville, Jean-Luc Godard, Marcel Schüpbach, Raymond Vouillamoz, Frédéric Gonseth, Stéphanie Chuat et Véronique Reymond.

 

Atelier du regard

Delphine Abrecht

C’est comment être dramaturge, collaborateur·ice artistique ou regard extérieur ?
Comment parler d’un spectacle ou d’une œuvre de façon constructive ?
Et comment coopérer au mieux dans le cadre d'une création collective ?  Sans laisser personne de l'équipe dans la frustration ou sur le bas-côté ?
Dans cet atelier, nous testerons quelques méthodes de feed-back collectif, que nous appliquerons à un spectacle vu ensemble le vendredi soir.
Nous présenterons aussi quelques outils collectés ici et là, qui visent à collaborer autour d’une création dans la joie, le partage et l’efficacité.

 

DELPHINE ABRECHT est chercheuse et dramaturge. Elle travaille depuis plusieurs années sur la relation œuvre-public, et a d’ailleurs entamé un travail de thèse sur le rapport aux spectateurixes dans le théâtre contemporain à l’université de Lausanne, où elle a travaillé entre 2012 et 2017.

Elle poursuit aujourd’hui ces recherches sur un mode plus concret et plus collaboratif, entre projets de recherche à la Manufacture (« Action », « Spectator ludens », « Jeux de cartes performatifs ») et œuvres théâtrales souvent ludiques et interactives (L’espace et nous ou Boucle d’or 2023, avec Le Cabinet créatif ; invisible, Virus et Twist, avec la Cie Yan Duyvendak ; Hululou On a promis de pas vous toucher, avec la Cie Zooscope ; ou encore D’amour et d’eau fraîche et L’air de rien, avec la cie Hichmoul Pilon).

En 2021, elle crée la cie DAB pour monter S'entretenir, un projet immersif conçu avec une dizaine d’amixes. La compagnie a pour but de créer des œuvres dont les spectateurixes sont le centre. Elle désire produire des expériences intenses mais néanmoins cadrées, et mettre de la vie dans le jeu et du jeu dans la vie.

 

Labo #2

Cadeau!
Marion Duval

Passer un message, relever un défi, montrer un talent, faire un cadeau, se donner en spectacle : le simple fait de venir se mettre devant des gens et de leur proposer quelque chose est tellement problématique, source d'ambiguïtés, d’accidents, de tensions et de plaisir – cela génère une large matière de jeu à explorer. À travers des prétextes très simples, nous chercherons comment faire fi de la quête de virtuosité, comment renouer avec des enjeux personnels, et comment, peut être, avec un peu de chance, investir des zones de jeu inattendues.
* Trigger warning : la méthode n'est pas parfaitement circonscrite et peut occasionner des moments de confusion, il faudrait être prêt à ça. Autrement dit, attention. Bien sûr, des moments de débrief seront organisés régulièrement.

Au sein de  Chris Cadillac, nous avons réuni des outils, souvent inspirés du clown ou du bouffon, permettant d'instaurer une confusion entre réalité et fiction, et de générer de la gêne, du plaisir, du débordement, du trouble, du vertige ; toutes choses qui deviennent une base pour l’établissement d’un dialogue (explicite ou non)  avec tous les présents (spectateur-ices et acteur-ices) d'une représentation. Je voudrais proposer la mise en partage de ces outils et prétextes de jeu. A la suite d'une première phase d'observation, nous pourrons choisir de définir ensemble des pistes plus personnelles.

 

Après une formation en danse au Conservatoire de Nice, MARION DUVAL commence le théâtre puis le clown. Elle intègre La Manufacture à Lausanne, puis travaille comme interprète, notamment auprès de  Marco Berrettini (IFeel3,  Sorry do the tour again) ou Aurélien Patouillard (Hulul, Farwest). Au sein de Chris Cadillac, elle crée Hello (2009), Las Vanitas (2011) – conçu en collaboration avec Florian Leduc, Au feu ! (2015), Claptrap (2016) – un duo avec Marco Berrettini, Cécile (2019) – conçu en collaboration avec Luca Depietri, Avant la retraite (2020) de Thomas Bernhard – co-mis en scène et co-interprété par Camille Mermet et Aurélien Patouillard, et dernièrement, Le spectacle de merde (2023). Ces pièces se jouent en salle ou dans l'espace public et proposent un théâtre qui rit de ses propres conventions pour férocement interroger l’inavouable, le pathétique et le fantasmagorique en chacun de nous.

 

Labo #3

Jouer en silence
Joël Maillard

Ma proposition d’atelier consiste en une recherche autour d’un théâtre qui, littéralement, ne parle pas.
J’ai quelques idées sur les façons dont on pourrait s’y prendre. Mais, la plupart, nous les découvrirons ensemble.
D’une manière générale j’ai rarement beaucoup d’idées, tout court d’une part, mais aussi sur les chemins et orientations à emprunter pour aboutir à tel ou tel résultat. D’ailleurs le désir du résultat est souvent complètement flou.
En revanche il m’arrive d’être beaucoup plus au clair (avec moi-même tout du moins) en ce qui concerne les points de départ. Ces derniers temps, il s’agissait souvent d’une contrainte arbitraire de fabrication associée à un état de relative ignorance quant aux moyens de s’en emparer.
Par exemple pour Sans effort nous nous étions mis en tête de raconter une histoire sans possibilité de l’écrire nulle part, avec pour seuls outils : imaginer, parler, se souvenir.
Ici, la contrainte face à laquelle je vous invite à cultiver notre naïveté sera celle-ci :
Tenter d’être narratif sans parler du tout.
Le mutisme en scène sera l’interdit incontournable, et, on l’espère, fécond.
Cependant nous ne passerons pas par une exploration fouillée et exhaustive des références du cinéma muet, du mime, du théâtre d’objets, etc. Cela ne veut pas dire qu’il ne sera pas question de mime, d’objets, etc. mais disons que le labo ne s’apparentera pas à un catalogue d’appropriation rapide de ces techniques. On sait qu’elles existent, on en a une idée plus ou moins vague ou précise, tout le monde a déjà vu des gens se taire sur une scène. Ces prérequis suffisent.
Je n’ai jamais abordé la matière que je vous propose. Et je n’ai jamais animé d’atelier. Je vous invite donc à chercher ensemble avec une forme de légèreté et d’insouciance, celle de la première fois.
Pour autant, je précise que les personnes ayant acquis une pratique des différentes disciplines dont la parole est absente, ou peu présente, sont bien évidemment aussi les bienvenues dans ce labo.

Ce qu’on va faire :
Je n’ai pas de technique à transmettre car je n’ai pas à proprement parler de méthode de travail autre que l’empirisme, mais je peux partager cet état de dilettante ou de débutant perpétuel que je cultive au fil des ans et des projets.
Nous n’aurons donc pas l’ambition, et encore moins la prétention, d’inventer une nouvelle forme de théâtre muet.

Quelques pistes de travail :
- allonger et habiter tant et tant le moment qui précède celui où quelque chose va se dire que rien ne se dit
- plonger corps et âmes dans les silences psychologiques
- travailler sur des dialogues imaginaires (parce qu’inaudibles ou "télépathiques")
- écriture de didascalies pour les autres ou pour soi
- partitions chorales d’actions et de gestes signifiants
- beaucoup d’efforts physiques pour dévoiler une chose d’un intérêt minuscule
- saturer d’actions une durée prédéfinie
- 1 journée sans parler

Nous veillerons à cadrer les moments dédiés au silence et ceux dédiés à la parole. Mais il y aura à tout moment une porte de sortie possible, pas d’esprit sectaire.
Quels pourraient être les contenus de ces moments de théâtre muet (plus ou moins) narratif ?
Je ne souhaite pas nous enfermer dans des thématiques trop précises, cependant on pourrait avoir cette question en tête pour guider certaines de nos tentatives :
Dans une société (l’Europe occidentale des années 2020 pour circonscrire grossièrement) où, si si, on peut encore tout dire, en quoi garder/pratiquer le silence pourrait aussi être un moyen d’explorer sa liberté d’expression, et sa liberté tout court ?

 

JOËL MAILLARD est aujourd’hui acteur, metteur en scène et auteur. Passé par le théâtre amateur, puis le Conservatoire de Lausanne, il commence à écrire le 7 juillet 2005, en regardant sur une chaîne d’info la couverture des attentats dans le métro de Londres.
Depuis le début, il s’obstine à explorer des champs d’expression dont il ne maîtrise ni les techniques ni les codes. Par exemple la science-fiction, la transmission orale, la chanson à texte, l’argile, le stand-up...
Il aime se dire qu’il professionnalise son dilettantisme.
Cependant, en 2020, il est lauréat d’une bourse culturelle de la Fondation Leenaards, et en 2021 il reçoit l’un des Prix suisse des arts de la scène.
La compagnie qu’il anime, SNAUT, basée à Lausanne, est active depuis 2012. Ses créations, dix à ce jour, partent le plus souvent de textes dont il est l’auteur et qui sont achevés durant les répétitions en dialogue avec les autres interprètes.

Récemment il a coécrit et cocréé avec Louise Belmas un spectacle intitulé Nos adieux (remake).
Les précédentes créations sont Résilience mon cul (2022), Tarte Blanche (2022), Les univers (2021), Sans effort (2019), Imposture posthume (2019), Quitter la Terre (2017). Parfois il est acteur pour d’autres, et écrit pour d’autres. Il souhaite mettre en scène, dans un futur proche, le texte de quelqu’un d’autre.

Plus d’infos ici : www.snaut.ch

 

Atelier #19

Le futur, c'est l'avenir
Nicolas Chapoulier

Atelier de divination urbaine

Héritiers d’une époque en crise de futur et en faillite de récits communs, nous vivons l’effondrement d’une représentation crédible et désirable d’un futur collectif. L’époque contemporaine, déboussolée par le péril écologique, meurtrie par l’escalade des inégalités et les récits postapocalyptique, voit ses représentations du monde moderne s’effriter aussi vite que fondent les glaciers.

Cherchant à transformer une relation devenue anxiogène avec l’avenir, cet atelier prend comme postulat « demain » non comme un grand trou noir béant remplit dinconnu, mais comme la forme prise par les projections et les désirs qui lont précédé.

Placer ici le point de départ d’une écriture oraculaire : prédire,

pré-dire, pré-raconter, démarrer ici un récit à compléter, une histoire à s’approprier… Inventer et expérimenter des dispositifs permettant de décoder les fonctionnements  des systèmes prédictifs d’hier et d’aujourd’hui pour participer à l’élaboration de ceux de demain. Inviter les couloirs du temps dans l’espace public, pour interagir avec la mécanique de nos choix et chercher les trucs et astuces pour tisser de nouveaux pulls à nos devenirs.

Parce que le futur cest lavenir.

 

NICOLAS CHAPOULIER est directeur artistique de la compagnie Les 3 points de suspension avec laquelle il tourne mondialement. Auteur, comédien, acrobate, plasticien et metteur en scène, il reçoit le prix SACD 2022 de la mise en scène art en espace public. Il assure la mise en scène et la direction artistique des spectacles LArrière-pays, Hiboux, Nié qui tamola, La grande Saga de la Françafrique, Looking for Paradise, et Squash. En 2011, il rédige Nié qui tamola au Éditions Requins Marteaux, un roman graphique documentaire. En 2014, il est lauréat de la Fondation Beaumarchais / SACD Ministère de la Culture - Bourse à l’écriture, Écrire pour la Rue pour le projet Looking for Paradise. En 2015, il fonde le collectif 3615 Dakota, dont il assure la direction artistique. Ils sont invités au pavillon français de la biennale de Venise d’architecture en 2018. En 2019 il est nommé expert théâtre Drac Auvergne Rhône-Alpes.

Il participe au Chtuluscène, projet lauréat Mondes Nouveaux (French public art program), 2022 Éditions Acte Sud. Entre 2015 et 2022, il collabore avec : Musée d’Ethnographie de Genève / Croix Rouge française / Nouvelle Comédie de Genève / Nuit des Musées / Festival d’Aurillac / Ville de Genève / Festival des Arts de Bordeaux-FAB / Waves Festival, Danemark / Université de Genève / Espace Le Commun-Fond Municipal d’Art Contemporain / Université des Sciences Paris-Saclay / Festival de la Cité / Embassy of Foreign Artists. Il est artiste associé au théâtre scène conventionnée Château rouge et la scène nationale de Bourg-en-Bresse.

 

Atelier #20

Autofiction : le Je dans le jeu
Valéria Bertolotto

 

« Le mot « autofiction » désigne aujourdhui un lieu dincertitude qui est aussi un espace de réflexion ».1

Très débattue et théorisée dans l’espace littéraire contemporain, l’autofiction remet en question la soi-disant « vérité » défendue par l’autobiographie classique. J’y trouve un lien fort avec le jeu et la pratique de l’acteur·ice. En effet, lorsque je joue un texte, ce ne sont pas mes mots, ni mon langage, ni forcément une situation que j’ai vécue, néanmoins c’est quand même de moi qu’il s’agit. De quelle manière je tisse un lien subjectif aux mots, à mes partenaires, de quelle manière je mets mon expérience, mes émotions, ma voix et mon corps au service d’un personnage et d’une situation ?

Néanmoins, ce jeu ne pourrait se faire sans la complicité et le regard de celui ou celle qui regarde. En effet, le·la spectateur·ice sait pertinemment que la personne qu’il voit sur scène n’est pas réellement Hamlet. Il a peut-être même déjà vu d’autres interprètes tenir ce même rôle. Donc quel intérêt a-t-il à voir une nouvelle fois Hamlet ? Précisément parce qu’il s’agit de cet·te acteur·ice-là, avec sa subjectivité, son corps, sa voix, son identité.

Cela pose alors la question de l’identité de celui ou celle qui apparaît sur scène. Qui est ce « Je » qui prends la parole sur le plateau ? Ce nest ni tout à fait lacteur·ice, ni tout à fait le personnage, mais quelque chose qui est parfois lun·e, parfois lautre et/ou qui se situe entre les deux, à la frontière. Une « identité trouble » 2.

Il s’agira donc d’explorer cet espace/interstice entre l’acteur·ice et le personnage/situation, de le questionner à travers le jeu et la représentation, et d’en dégager les implications tant pour celui ou celle qui est sur scène, que pour celui ou celle qui regarde.

Pour commencer, je proposerai quelques réflexions sur le genre autofictionnel et notamment sur ses aspects stylistiques, avec des exemples tant au théâtre qu’en littérature, illustrées de quelques spectacles et textes, afin d’inscrire ce travail dans un contexte et une réflexion plus large.

Puis, je demanderai à chaque participant·e d’amener un texte, un monologue, issu de la littérature dramatique ou du roman. Nous travaillerons ce texte en explorant les problématiques de l’identité de l’acteur·ice/personnage et la forme (ambiguïté entre fiction et présent de la représentation).

1. Philippe Gasparini, Autofiction ; Une aventure du langage, ed. Seuil, coll. Poétique, 2008.

2. Anne Pellois, Les intermittences du je(u), à propos du TG Stan, in : Lautofiguration dans le théâtre contemporain ; Se dire sur scène, ed. Universitaires de Dijon, coll.

 

Après des études en Lettres à l’université de Genève, VALERIA BERTOLOTTO obtient le diplôme du Conservatoire de Lausanne (SPAD)en 1998. Elle collabore ensuite en tant que comédienne à de nombreux spectacles, sous la direction notamment de Claude Stratz, Andrea Novicov, Denis Maillefer, Alexandre Doublet, Natacha Koutchoumov, Emilie Charriot, Oscar Gomez Mata et Philippe Saire.
En 2014, elle crée la Cie J14 avec la comédienne Aline Papin et elles co-créent, au terme d’une saison de recherche au TLH à Sierre, la performance Autofèdre, qui sera reprise dans le cadre du festival Extra-Ball au Centre Culturel Suisse de Paris, ainsi qu’à l’Arsenic à Lausanne.
Elle intègre pour la première fois l’ensemble du Poche GVE durant la saison 20-21, et y fait trois nouvelles créations durant la saison 22-23.
De 2013 à 2020, elle intervient régulièrement comme pédagogue à La Manufacture, tant dans la filière théâtre que dans la filièredanse, dans le cadre de jurys ou de stages d’interprétation.

 

Atelier #21

Le geste de la mise en scène
Jean-Yves Ruf

L’expérience de Jean-Yves Ruf au théâtre ou à l’opéra, ses fonctions de pédagogue ou de directeur d’école supérieure, l’engagent à porter une réflexion critique et ouverte sur la formation du metteur en scène. Ilpropose de réunir autour de lui des artistes désireux d’analyser et d’initier des processus de travail et de création d’un·e acteur·ice. Il sagira de définir ce quon appelle à tort ou à raison « la direction dacteur·ice ». Quelle est la part de la réflexion consciente, dramaturgique, quelle est la part de l’intuition chez l’acteur·ice et chez le·la metteur·e en scène ? Quelle liberté donner à l’acteur·ice ? Comment l’aider à trouver sa propre liberté ? Quelle est l’importance du non verbal dans la direction d’acteur·ice ? Seront abordés les rapports entre le corps de l’interprète et le corps de la langue, entre le souffle et la pensée, entre l’écoute et l’espace, le sens et la sensation. Nous aborderons aussi la question de la connexion du corps et de la voix, les notions d’écoute, d’adresse, de présence.

Objectifs

Consolider son processus de direction d’acteur, en le confrontant aux regards et aux réflexions du groupe. Maîtriser dans son travail une série de rapports et de mises en tension (soi et le texte, soi et le·lacomédien·ne, soi et l’espace, etc). Trouver sa méthodologie de prise en charge de ses intuitions. Acquérir une autonomie dans sa réflexion sur l’acteur·ice. Savoir porter un regard critique et constructif sur les expériences en cours, que ce soit son propre travail ou celui des autres.

 

Après une formation musicale et littéraire, JEAN-YVES RUF intègre la section jeu de l’École nationale supérieure du Théâtre National de Strasbourg (1993-1996) puis l’Unité nomade de formation à la mise en scène (2000), lui permettant notamment de travailler avec Krystian Lupa à Cracovie et avec Claude Régy. De janvier 2007 à décembre 2010, il a dirigé La Manufacture à Lausanne. Depuis plusieurs années, il anime également les Rencontres internationales de la mise en scène au Théâtre Gérard Philipe (TGP) à Saint-Denis, ainsi que des stages destinés aux acteur·ices en Suisse et en France.
Parmi ses récentes mises en scène, on peut noter La vie est un Songe de Calderòn, En se couchant il a raté son lit de Daniil Harms, co-mis en scène avec Lilo Baur, La finta pazza de Sacrati, Le Dernier Jour où jétais petite de Mounia Raoui, JachèreLes Fils prodiges d’Eugène O’Neill, Les Trois Soeurs de Tchekhov, Médée de Cherubini, Idomeneo de Mozart, Elena de Cavalli, Don Giovanni de Mozart, Troïlus et CressidaAgrippina de Haendel, LHomme à tiroirsLettre au père de Kafka, La Panne de Dürrenmat.
En 2023, Jean-Yves Ruf crée Jouer son rôle de Jérôme Richer avec Thibaut Evrard et David Gobet à La Comédie de Genève. Il met aussi en scène Thibault Lacroix dans Vie et mort : rien de rien d’après l’œuvre de Samuel Beckett. Pour la saison 23-24, il monte Haru, un spectacle théâtre-opéra qui reprend les notes de Figaro sur un livret de Joël Bastard. Sur scène, il interprète Golaud dans Mélisande, d’après Pelléas et Mélisande de Maurice Maeterlinck et Claude Debussy, mis en scène par Richard Brunel.

 

Atelier #22

Du texte au théâtre d'objets en passant par la connerie
Laura Gambarini

Lors de ces trois jours d’initiation au théâtre d’objet, j’aimerais transmettre quelques clés simples que j’ai découvertes au fil du temps dans ma pratique. Mon théâtre dobjet est brut, sans que les objets soient transformés (ou peu transformés) et le·la manipulateur·rice joue à vue.

En nous basant sur un texte court, nous allons dans un premier temps analyser les besoins des différents personnages et de l’action générale : quels mouvements doivent-ils pouvoir faire ? Puis, nous entamerons un casting d’objet issus de notre vie quotidienne qui correspondent à ces actions. Enfin nous monterons des scènes pour tester et comparer les propositions.

 

Polyglotte, titulaire d’un master en littérature moderne de l’Université de Lausanne, LAURA GAMBARINI intègre en 2009 le Centre de formation de mime et de pantomime de Berlin. Elle y fait l’apprentissage d’une « langue universelle » qui lui permet de poursuivre son souhait le plus cher : aller à la rencontre des gens. De retour en Suisse, son envie de démocratiser le spectacle vivant la conduit naturellement vers l’espace public, où imprévu et proximité viennent challenger sa créativité. Le résultat est un théâtre où l’objet prend la parole et l’ordinaire des allures d’épopée. Un art savamment bricolé, qui se donne dans des espaces non-dédiés, comme une invitation à franchir en toute simplicité le seuil d’un univers déployé, depuis 2017, dans le cadre de la Cie du Botte-Cul, avec laquelle elle crée Le cirque du Botte-cul, Le Roi des petits-boutistes et The name of Nibelungen, qui connaît un très grand succès depuis sa création en janvier 2022.

 

Atelier d'écriture #3

De la scène à la page (et vice versa)
Valérie Poirier

Cet atelier propose une approche de l’écriture théâtrale qui alterne l’écriture à la table et la recherche au plateau.

L’autrice-animatrice proposera des consignes d’écriture variées qui tiennent compte de la diversité des écritures pour la scène aujourd’hui. Il s’agira aussi bien d’aborder le monologue, l’écriture dialogique que de s’emparer de matériaux plus romanesques, poétiques ou journalistiques et d’en fabriquer une matière à jouer.

Au cours de l’atelier, les participant.es auront la possibilité d’explorer au plateau les possibilités qu’offrent les partitions qu’ils auront écrites. Ce dispositif permettra ainsi d’enrichir, de questionner, d’éprouver les limites ou les directions possibles des textes préalablement écrits. Dans ce va-et-vient entre la scène et la page, l’écriture pourra également naître d’improvisations et se poursuivre à la table.

L’atelier se déroulera sur une période de quinze jours. Durant la première semaine, les consignes d’écriture seront aussi variées que possible. Durant la deuxième semaine, les participant.es seront invité.es à retravailler un, ou plusieurs des fragments accumulés la semaine précédente et à élaborer la construction d’une forme brève.

 

Comédienne de formation, VALÉRIE POIRIER réalise plusieurs mises en scène avant de se consacrer principalement à l’écriture.  Ses pièces de théâtre sont jouées régulièrement en Suisse romande. Ses textes sont, pour la plupart, édités chez Bernard Campiche. Le texte John W. est édité à l’Arche en partenariat avec le théâtre Am Stram Gram. Un recueil de ses nouvelles Ivre avec les escargots est paru aux Éditions d’autre part dans la collection Lieu et Temps. Elle anime régulièrement des ateliers d’écriture et coanime l’Atelier-théâtre du théâtre de Carouge. En 2017, elle reçoit le Prix Suisse du Théâtre pour l’ensemble de son travail d’autrice. Elle est lauréate de la bourse Pro Helvetia 2021 et de la bourse de la Ville de Genève pour l'écriture théâtrale 2023.